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Deeplayer AI, l'IA qui veut conquérir le monde du voyage ! 🔑

Rencontre avec Anis Ayari, "debunker" de l'IA et fondateur de Deeplayer AI


L'intelligence artificielle vient de faire son arrivée à Val d'Isère, non pas sur des skis, mais dans un écran. Val-e est le nouvel assistant de l'Office de tourisme de la station. Il a pour mission de renseigner et aider les voyageurs. Ce chatbot nouvelle génération qui parle d'une voix rassurante a été imaginé par Anis Ayari, l'ingénieur en intelligence artificielle et vulgarisateur star sur les réseaux sociaux. Il a créé Deeplayer AI, une start-up avec laquelle il entend conquérir le monde du voyage.


Rédigé par le Mardi 27 Février 2024

Après 10 ans à mettre ses mains dans le code, dont quelques passages dans des entreprises américaines à San Francisco, Anis Ayari est revenu à Marseille, dans un but précis.

Celui qui a travaillé pour le spatial, la défense ou de grands cabinets de conseil, toujours au service de cette révolution sociétale, a décidé de conquérir le tourisme.

L'ingénieur spécialisé dans l'intelligence artificielle a créé Deeplayer AI. Une start-up créant des agents d'intelligence artificielle spécialisés en moins de 30 minutes.

Tout a commencé par quelques échanges avec Christophe Lavaut, le directeur général de Val d’Isère Tourisme.

"Je suis un peu le vulgarisateur numéro un en intelligence artificielle sur les réseaux sociaux, comme Twitter, YouTube, Twitch ou autres.

Il y a plus d'un an, j'avais posté un tweet pour dire que j'avais une solution d'assistant IA,
mais je ne savais pas dans quel domaine le tester. Christophe m'a répondu,
" explique Anis Ayari, le fondateur de la start-up et créateur de la chaîne YouTube Defend Intelligence.

C'est à partir de cette réponse que l'aventure Deeplayer AI a vu le jour.


Qu'est-ce que l'assistant IA de Deeplayer AI ?

A l'époque ChatGPT trustait la une de l'actualité, mais n'était pas encore une réalité dans les bureaux des entreprises ou les classes des écoles françaises.

Celui qui compte plusieurs milliers de followers sur différents réseaux sociaux se met donc à travailler pour développer la solution.

Pendant 8 mois, il se rend dans la station de Val d'Isère pour travailler sur le sujet.

"C'est un assistant basé sur l'intelligence artificielle qui se branche aux données touristiques de la destination, comme son site internet, la plateforme d'informations touristiques Apidae ou encore Lumiplan (une entreprise française spécialisée dans l'information dynamique/temps réel à destination des transports, des villes et des activités de montagne, ndlr).

Après un temps de développement, que ce soit sur la plateforme Internet de Val d'Isère ou en présentiel dans l'Office de tourisme, les visiteurs peuvent désormais échanger avec un assistant virtuel,
" explique l'expert en IA.

L'agent a donc sa propre personnalité - définie par avance - mais aussi des connaissances, des devoirs et des tâches à résoudre.

Concrètement, les voyageurs peuvent s'adresser oralement à une borne présente dans le bâtiment de l'OT et lui poser n'importe quelle question.

De son petit sobriquet, Val-e avec une voix cinématographique, répond sur des sujets comme la hauteur de neige ou encore les pistes de ski ouvertes, mais aussi les kinés présents dans le village.

Deeplayer AI : "C'est très encourageant"

Le postulat de départ pour concevoir l'assistant est simple : demain, plus personne ne consultera un site internet.

"Je me suis basé sur les théories énoncées par des grands de la technologie comme Bill Gates, pour qui dans 10 ans, plus personne ne naviguera sur le web, car c'est trop long.

Le paradigme de l'information va Ă©voluer,
les internautes vont poser des questions pour avoir des réponses, notamment à ces interfaces conversationnelles,
" poursuit le jeune entrepreneur.

Même si les plateformes, comme TourMaG.com font de la résistance, pour Anis Ayari, demain nous serons tous connectés à notre propre assistant pour nous conseiller et apporter toutes les réponses dont nous avons besoin au quotidien.

En attendant cette époque dystopique, Val-e est actuellement déployée dans l'OT de Val d'Isère, mais il espère surtout faire des émules.

"C’est en place et fonctionnel, on continue à le paramétrer au fil de l’eau et en fonction des retours.

Il n’a pas sorti de grossièretés ou de quoi faire un bad buzz, même s’il lui arrive de sortir des infos erronées de temps en temps. Les gens sont curieux et amusés, la version vocale améliore vraiment l’interaction.

Plusieurs destinations touristiques m’ont contacté ou sont venues le tester sur place, car elles sont intéressées pour le mettre aussi en place.

C'est très encourageant. La prochaine étape sera visuelle, avec la possible intégration d'images et de plans, voire de vidéos
", explique Christophe Lavaut, le directeur général de Val d’Isère Tourisme.

Deeplayer AI veut conquérir les stations de ski et balnéaires

Alors que Val-e est symbolisé par une onde sonore, dans les prochains jours ou mois, les assistants virtuels prendront alors la forme de personnages, pour un rendu plus attractif envers l'utilisateur.

"En 2024, nous aimerions signer avec 5 autres stations de montagne pour développer la solution, mais aussi quelques villes balnéaires. Nous avons aussi quelques demandes de musées," s'enthousiasme Anis Ayari.

Les directeurs des établissements culturels voient en Deeplayer AI, l'opportunité de faire revivre des artistes célèbres. Picasso ou Claude Monet feraient alors la visite de leur collection aux visiteurs ou répondraient aux questions.

En août dernier, le spécialiste de l'intelligence artificielle avait fait le buzz en créant un double... d'Emmanuel Macron plus vrai que nature. Le Président de la République généré par l'IA répondait parfois avec beaucoup d'ironie ou alors de façon contradictoire aux questions posées en live sur Twitch.

A lire : Mounir Mahjoubi : "l’IA ce n’est pas la fin de l’agence de voyages..." 🔑

"Nous voulons et pouvons aller faire ça, avec des artistes célèbres. Nous travaillons sur des prototypages d'écrans transparents avec des metahumans, des personnes très réalistes, mais fictives, qui répondront aux questions."

L'enjeu de ces outils n'est pas de remplacer l'humain, mais de faire gagner du temps aux agents d'accueil, en les soulageant sur des requêtes simples, comme la météo ou les pistes ouvertes. Ils pourront alors être focalisés sur des taches à plus grande valeur ajoutée.

"C'est un super conseiller qui ne se fatigue jamais et permettra aux professionnels de mieux accompagner les voyageurs dans leurs demandes spécifiques, ils ne seront plus de simples annuaires," imagine alors l'ingénieur.

Deeplayer AI veut lever 1 million d'euros

D'ailleurs, pour éviter les craintes de grand remplacement des humains par les robots, Anis Ayari prévoit des moments de formation des équipes, comme ce fut le cas dans la station de sports d'hiver, avec un grand travail de vulgarisation auprès des salariés.

"Les personnes doivent être motrices et non réfractaires au déploiement de ces assistants. Dans le domaine civil et de l'entreprise, nous constatons une véritable peur et une anxiété vis-à-vis de l'IA qui s'explique par une méconnaissance et un problème d'acculturation," résume-t-il.

Pour ceux qui se demandent ce qui diffère avec le passé et les chatbots qui ont inondé les sites Internet du tourisme, pour Anis Ayari, "nous entrons dans une nouvelle époque".

Il y a quelques années, les réponses des agents virtuels étaient assez déceptives, elles répondaient à des schémas préétablis.

"Nous sommes dans l'ère des assistants. Nous sommes passés d'un modèle qui répond à tout le monde sans distinction, à des solutions qui répondent à chacun. C'est bien plus personnalisé.

Aujourd'hui, la solution cherche à comprendre ce que demande la personne, pour lui répondre précisément. Notre assistant comprend et parle 26 langues,
" affirme le fondateur de Deeplayer AI.

Mais malgré les progrès, l'IA n'est pas parfaite, loin de là.

C'est aussi pour cela que le développement a pris autant de temps à Val d'Isère, afin d'éprouver le plus possible la solution. Des personnes ont été attitrées pour la tester et la questionner, afin d'affiner au mieux les réponses.

Par la suite, les robots mettent à jour quotidiennement les données de la station pour avoir les toutes dernières informations.

A lire : Tourisme : Les premiers salariés remplacés par l'IA !

Mais la start-up ne souhaite pas seulement mieux comprendre les demandes des clients.

"Une deuxième intelligence artificielle va analyser le comportement des utilisateurs de Val-E, et va en tirer des suggestions.

Par exemple, si de nombreuses personnes demandent régulièrement une adresse d'ostéopathe ouvert à 18h30, mais que le seul professionnel médical ferme son cabinet à 17h, alors notre IA du dashboard va conseiller d'étendre ses horaires,
" poursuit le créateur de la jeune pousse.

IA : "Nous devons mieux travailler l'esprit critique des gens"

Après le déploiement à Val d'Isère, l'ingénieur en intelligence artificielle veut accélérer et vite.

Il prévoit une levée de fonds de l'ordre d'un million d'euros pour recruter des développeurs afin, pourquoi pas, d'intégrer les assistants à des chaînes WhatsApp ou Messenger, de destinations ou de marques du tourisme, pour être au plus près des usagers.

D'ici 2025, le dirigeant de Deeplayer AI aimerait avoir pénétré 25% des stations balnéaires et de montagne. Une ambition élevée, confortée par l'intérêt croissant autour de la solution.

D'ici l'année prochaine, Anis Ayari va continuer son travail de démocratisation et d'acculturation autour de l'intelligence artificielle. Une révolution qui ne doit pas mener les humains à leur perte.

"A la base, je voulais expliquer mon travail, je fais pour cela des vidéos autour des sujets d'actualité, des expériences autour de l'IA, et des enquêtes comme celle sur les chatbots d'amitié.

Je suis horrifié par les discussions et les sujets autour de l'IA. J'ai l'impression que de nombreuses personnes vivent dans un film et veulent avoir leur Terminator. L'IA ne va pas détruire l'humanité, c'est n'importe quoi ! J'aimerais faire un parallèle : c'est un peu comme de dire que nous allons tous devenir des gangsters, parce que nous jouons à GTA,
" répond en forme d'ellipse aux oiseaux de mauvais augure, l'entrepreneur.

Pour lui, nous sommes seulement au début de la révolution. Si l'IA était une recette de soupe, nous en serions seulement à faire bouillir l'eau et même pas à commencer à éplucher les légumes.

Les effets positifs seront très nombreux à l'avenir,
estime Ă©galement le patron de la start-up.

Mais des risques pèsent malgré tout sur la société, comme l'enfermement et la contraction spectaculaire de l'esprit critique.

"Il faut éduquer les gens : non, les IA ne seront jamais conscientes, elles peuvent faire croire cela, tout comme le fait qu'elles ont des sentiments, mais en réalité elles ne ressentent rien.

Nous devons mieux travailler l'esprit critique des gens, ils ne savent plus poser une hypothèse et la vérifier. C'est un vrai problème sociétal qui n'est pas lié à l'IA,
" conclut le jeune Marseillais.

Dans un monde où l'IA sera partout, et même implantée au plus près de notre cerveau, selon les désirs d'Elon Musk, nous ne devons pas oublier ce pourquoi nous sommes arrivés à un tel niveau de développement.

La science, l'éducation et l'esprit critique doivent redevenir des fondamentaux de notre société.


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