Certares a été décrié sur la gestion du dossier FTI Touristik, mais à qui la faute ? - Crédit photo : Depositphotos @spyrakot
Il est des habitudes dans le tourisme, dont il est difficile de se défaire.
Alors que les compagnies aériennes agonisent longtemps et se crashent en septembre, les caisses vidées par la saison estivale, les géants du voyage, eux, ont la fâcheuse habitude de baisser brutalement leurs rideaux... le lundi ! (sic)
Ce fut le cas pour Thomas Cook, le 23 septembre 2019, mais aussi pour FTI Touristik.
Ce ne sont pas les seules similitudes : dans les deux situations les sauveurs se sont rétractés à la dernière minute, que ce soit Fosun, ou Certares pour FTI.
Dans le cas de ce dernier, certains professionnels français se sont interrogés sur ce revirement, fustigeant le fonds d'investissement et se demandant comment il a "pu se planter à ce point,", surtout compte tenu de son expertise et de son activité quasi exclusivement dédiée au voyage.
Outre-Rhin l'explication repose sur la forte baisse des réservations en raison des articles publiés à la fin de l'hiver. En réalité, la raison serait plus complexe...
Après quelques coups de fil nous en savons avantage sur les raisons de ce retournement brutal et catastrophique pour l'industrie européenne du tourisme, mais aussi le bassin méditerranéen.
Alors que les compagnies aériennes agonisent longtemps et se crashent en septembre, les caisses vidées par la saison estivale, les géants du voyage, eux, ont la fâcheuse habitude de baisser brutalement leurs rideaux... le lundi ! (sic)
Ce fut le cas pour Thomas Cook, le 23 septembre 2019, mais aussi pour FTI Touristik.
Ce ne sont pas les seules similitudes : dans les deux situations les sauveurs se sont rétractés à la dernière minute, que ce soit Fosun, ou Certares pour FTI.
Dans le cas de ce dernier, certains professionnels français se sont interrogés sur ce revirement, fustigeant le fonds d'investissement et se demandant comment il a "pu se planter à ce point,", surtout compte tenu de son expertise et de son activité quasi exclusivement dédiée au voyage.
Outre-Rhin l'explication repose sur la forte baisse des réservations en raison des articles publiés à la fin de l'hiver. En réalité, la raison serait plus complexe...
Après quelques coups de fil nous en savons avantage sur les raisons de ce retournement brutal et catastrophique pour l'industrie européenne du tourisme, mais aussi le bassin méditerranéen.
FTI Touristik : comment en est-on arrivé à la faillite ?
Petit flash back sur l'histoire du sauvetage raté du paquebot FTI.
En janvier 2023, un journal allemand annonçait que DER Touristik, filiale du Groupe REWE, était en négociations avancées en vue de la reprise de FTI Group. Une acquisition qui, nous le savons maintenant, capotera quelques mois plus tard.
En proie à une lourde dette héritée de la crise sanitaire, (600 millions de prêts d'Etat), le voyagiste d'outre-Rhin cherchait à soulager sa trésorerie exsangue. Il recherchait de nouveaux actionnaires. Une annonce devait avoir lieu en décembre dernier.
"Mais rien de cela ne s'est produit. Dès que quelqu'un posait une question sur le sujet, elle était immédiatement écartée car il fallait rassurer les salariés.
Des bruits ont laissé entendre qu'un des 2 investisseurs potentiels s'était retiré, mais aucune communication interne n'a eu lieu sur le sujet," selon un observateur suisse.
Puis en mars dernier, la publication des comptes de l'exercice 2022 faisait l'effet d'une bombe.
Le commissaire aux comptes alertait sur la situation et mettait en cause même la pérennité de l'entreprise. En interne, la direction a dédramatisé et confié à TourMag"vous n'avez pas à vous inquiéter, ni vous, ni les clients français".
A l'époque, les dirigeants étaient quasiment sûrs de signer avec un consortium, mené par Certares.
D'après nos informations, les premiers contacts ont été noués en novembre 2023. La proposition du fonds d'investissement américain a été retenue en mars dernier. Elle prévoyait un investissement de 125 millions d'euros et une reprise de la dette.
D'après nos confrères allemands de Business Insider, une première tranche de 50 millions d'euros aurait été versée, avant que le consortium se rétracte pour le versement complémentaire, entraînant alors FTI dans la tourmente.
En janvier 2023, un journal allemand annonçait que DER Touristik, filiale du Groupe REWE, était en négociations avancées en vue de la reprise de FTI Group. Une acquisition qui, nous le savons maintenant, capotera quelques mois plus tard.
En proie à une lourde dette héritée de la crise sanitaire, (600 millions de prêts d'Etat), le voyagiste d'outre-Rhin cherchait à soulager sa trésorerie exsangue. Il recherchait de nouveaux actionnaires. Une annonce devait avoir lieu en décembre dernier.
"Mais rien de cela ne s'est produit. Dès que quelqu'un posait une question sur le sujet, elle était immédiatement écartée car il fallait rassurer les salariés.
Des bruits ont laissé entendre qu'un des 2 investisseurs potentiels s'était retiré, mais aucune communication interne n'a eu lieu sur le sujet," selon un observateur suisse.
Puis en mars dernier, la publication des comptes de l'exercice 2022 faisait l'effet d'une bombe.
Le commissaire aux comptes alertait sur la situation et mettait en cause même la pérennité de l'entreprise. En interne, la direction a dédramatisé et confié à TourMag"vous n'avez pas à vous inquiéter, ni vous, ni les clients français".
A l'époque, les dirigeants étaient quasiment sûrs de signer avec un consortium, mené par Certares.
D'après nos informations, les premiers contacts ont été noués en novembre 2023. La proposition du fonds d'investissement américain a été retenue en mars dernier. Elle prévoyait un investissement de 125 millions d'euros et une reprise de la dette.
D'après nos confrères allemands de Business Insider, une première tranche de 50 millions d'euros aurait été versée, avant que le consortium se rétracte pour le versement complémentaire, entraînant alors FTI dans la tourmente.
FTI Touristik : FTI a fait face à des problèmes de liquidité à court terme
Selon une source proche du dossier avec laquelle, nous avons pu échanger, Certares n'aurait pas eu un problème de lecture des comptes, contrairement à ce que certains commentaires laissaient penser.
"Il y avait un accord d'investissement sur la base de certaines données et bilans financiers. Tout le monde savait que la situation était grave, mais le fonds était prêt à y aller, car le risque était maîtrisé," nous explique cet observateur de l'industrie touristique.
Une source proche du TO allemand, nous informe que malgré l'accord, le géant fait face à des problèmes de liquidité. Il doit trouver rapidement de l'argent.
Si ces trous ne sont pas compensés rapidement, on parle alors de plusieurs dizaines voire centaines de millions d'euros, par un apport d'argent frais, l'entreprise n'aura d'autre choix que de se déclarer en faillite.
La situation est tellement désastreuse, que nul n'est vraiment sûr du montant dont a besoin le tour-opérateur pour assurer ses besoins à court terme. Rien ne dit alors que d'autres cadavres ne sont pas enfermés dans le coffre-fort munichois.
Le n°3 allemand, également d'agences de voyages, n'est plus en mesure de répondre aux conditions prévues par l'accord d'investissement, signé par le consortium.
L'arrangement définitif n'était pas encore signé, puis nous apprenons subitement, le 3 juin que Certares et les autres acteurs en lice ont décidé de se rétracter.
"Quand les dirigeants reprennent contact avec les futurs investisseurs, il faut bien comprendre que les informations n'étaient pas bonnes du tout.
Comme les engagements ne pouvaient plus être remplis, FTI n'a pas eu d'autre solution que de déposer le bilan," résume notre informateur.
La situation était éloignée de celle prévue par l'accord d'investissement, ce dernier devient de fait automatiquement caduc.
L'accord tombant à l'eau, aucun euro n'aurait été versé.
"Il y avait un accord d'investissement sur la base de certaines données et bilans financiers. Tout le monde savait que la situation était grave, mais le fonds était prêt à y aller, car le risque était maîtrisé," nous explique cet observateur de l'industrie touristique.
Une source proche du TO allemand, nous informe que malgré l'accord, le géant fait face à des problèmes de liquidité. Il doit trouver rapidement de l'argent.
Si ces trous ne sont pas compensés rapidement, on parle alors de plusieurs dizaines voire centaines de millions d'euros, par un apport d'argent frais, l'entreprise n'aura d'autre choix que de se déclarer en faillite.
La situation est tellement désastreuse, que nul n'est vraiment sûr du montant dont a besoin le tour-opérateur pour assurer ses besoins à court terme. Rien ne dit alors que d'autres cadavres ne sont pas enfermés dans le coffre-fort munichois.
Le n°3 allemand, également d'agences de voyages, n'est plus en mesure de répondre aux conditions prévues par l'accord d'investissement, signé par le consortium.
L'arrangement définitif n'était pas encore signé, puis nous apprenons subitement, le 3 juin que Certares et les autres acteurs en lice ont décidé de se rétracter.
"Quand les dirigeants reprennent contact avec les futurs investisseurs, il faut bien comprendre que les informations n'étaient pas bonnes du tout.
Comme les engagements ne pouvaient plus être remplis, FTI n'a pas eu d'autre solution que de déposer le bilan," résume notre informateur.
La situation était éloignée de celle prévue par l'accord d'investissement, ce dernier devient de fait automatiquement caduc.
L'accord tombant à l'eau, aucun euro n'aurait été versé.
FTI : "Le but du consortium n'était pas de remplir les trous de demain"
Ce revirement intervient alors que les équipes du consortium travaillaient pour restructurer le TO et ses filiales dans le monde, dont la France.
L'un des principaux enjeux était alors d'assurer une présence efficace sur le digital, pour faire basculer la marque orange dans l'industrie touristique du XXIe siècle.
Et pour que nos lecteurs se rendent compte de la soudaineté de la chose, les dossiers avaient été envoyés à la direction générale de la concurrence de la Commission européenne, pour que celle-ci étudie la conformité du rachat.
L'actionnaire de Marietton Développement et de Voyageurs du Monde n'a pas daigné nous répondre.
Un peu à l'image d'un Emmanuel Macron sonné dimanche dernier, le regret et la frustration sont compréhensibles, alors qu'ils pouvaient acquérir un mastodonte pour une somme modique.
Le 3e acteur du tourisme allemand pesait pas moins de 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires, répartis dans une centaine de filiales employant 11 000 salariés à travers le monde.
L'achat aurait fière allure sur l'étagère des bureaux de Madison Avenue, à New York. Sauf que pour notre observateur, le consortium n'est pas un mécène. Il n'est pas question de voler au secours d'une entreprise sans regarder à la dépense et brûler bêtement du cash.
"Le but des investisseurs n'était pas de remplir les trous de demain, mais de travailler sur le long terme et de rendre FTI viable dans le temps long," nous explique la même source.
Le regroupement d'investisseurs est pris au dépourvu et se retrouve face à une situation financière qu'il n'avait pas imaginé. La data room consultée durant le processus de rachat n'avait pas révélé une situation financière aussi sombre.
Cela rappelle les dernières heures de Thomas Cook, avec Fosun qui devait soi-disant injecter 900 millions, avant de se rétracter dans le week-end.
L'un des principaux enjeux était alors d'assurer une présence efficace sur le digital, pour faire basculer la marque orange dans l'industrie touristique du XXIe siècle.
Et pour que nos lecteurs se rendent compte de la soudaineté de la chose, les dossiers avaient été envoyés à la direction générale de la concurrence de la Commission européenne, pour que celle-ci étudie la conformité du rachat.
L'actionnaire de Marietton Développement et de Voyageurs du Monde n'a pas daigné nous répondre.
Un peu à l'image d'un Emmanuel Macron sonné dimanche dernier, le regret et la frustration sont compréhensibles, alors qu'ils pouvaient acquérir un mastodonte pour une somme modique.
Le 3e acteur du tourisme allemand pesait pas moins de 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires, répartis dans une centaine de filiales employant 11 000 salariés à travers le monde.
L'achat aurait fière allure sur l'étagère des bureaux de Madison Avenue, à New York. Sauf que pour notre observateur, le consortium n'est pas un mécène. Il n'est pas question de voler au secours d'une entreprise sans regarder à la dépense et brûler bêtement du cash.
"Le but des investisseurs n'était pas de remplir les trous de demain, mais de travailler sur le long terme et de rendre FTI viable dans le temps long," nous explique la même source.
Le regroupement d'investisseurs est pris au dépourvu et se retrouve face à une situation financière qu'il n'avait pas imaginé. La data room consultée durant le processus de rachat n'avait pas révélé une situation financière aussi sombre.
Cela rappelle les dernières heures de Thomas Cook, avec Fosun qui devait soi-disant injecter 900 millions, avant de se rétracter dans le week-end.
FTI : La faute au management allemand ?
Cette décision inexpliquée avait terni l'image du conglomérat.
Finalement, le consortium n'aurait pas eu un problème de lecture des comptes mais bel et bien, exhumé des cadavres imprévus.
Nous ne parlons pas des dettes contractées auprès du gouvernement, pour environ 600 millions d'euros, puisque le consortium disait avoir trouvé une solution, via la souscription de prêts et autres outils financiers.
"La data room est une procédure standard, il serait incorrect de dire que cela n'est pas transparent.
Par contre, il y a eu une très grande différence entre ce que la compagnie a présenté au moment de l'accord et le closing définitif," explique notre observateur.
La procédure aurait été respectée et ne serait donc pas à remettre en cause, pas plus que le travail effectué par Jefferies Group, la banque en charge de trouver des actionnaires.
La faute serait donc plutôt à chercher du côté du management de FTI Group, qui justifie la baisse spectaculaire des réservations par les articles de mars alertant sur l'état des comptes de l'entreprise.
Sauf que cette version est contestée par notre source.
Selon elle, le consortium chargé de régler l'addition n'espérait pas un redressement miracle, il tablait plutôt sur une trajectoire au long cours.
Un business plan avait été élaboré pour relancer la machine, mais il ne sera jamais appliqué. Mis en faillite, FTI Group a-t-il encore une chance de s'en sortir ?
Pour l'heure seul le mandataire judiciaire connait la réponse. Rien ne dit non plus que Certares ou DER Touristik en cas de vente à la découpe ne participeront pas aux enchères...
Finalement, le consortium n'aurait pas eu un problème de lecture des comptes mais bel et bien, exhumé des cadavres imprévus.
Nous ne parlons pas des dettes contractées auprès du gouvernement, pour environ 600 millions d'euros, puisque le consortium disait avoir trouvé une solution, via la souscription de prêts et autres outils financiers.
"La data room est une procédure standard, il serait incorrect de dire que cela n'est pas transparent.
Par contre, il y a eu une très grande différence entre ce que la compagnie a présenté au moment de l'accord et le closing définitif," explique notre observateur.
La procédure aurait été respectée et ne serait donc pas à remettre en cause, pas plus que le travail effectué par Jefferies Group, la banque en charge de trouver des actionnaires.
La faute serait donc plutôt à chercher du côté du management de FTI Group, qui justifie la baisse spectaculaire des réservations par les articles de mars alertant sur l'état des comptes de l'entreprise.
Sauf que cette version est contestée par notre source.
Selon elle, le consortium chargé de régler l'addition n'espérait pas un redressement miracle, il tablait plutôt sur une trajectoire au long cours.
Un business plan avait été élaboré pour relancer la machine, mais il ne sera jamais appliqué. Mis en faillite, FTI Group a-t-il encore une chance de s'en sortir ?
Pour l'heure seul le mandataire judiciaire connait la réponse. Rien ne dit non plus que Certares ou DER Touristik en cas de vente à la découpe ne participeront pas aux enchères...