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French Bee vise un retour aux bénéfices en 2023 🔑

Marc Rochet, son Président... en très grande forme !


A l’occasion de l’arrivée dans la flotte d’un 6e A350, Marc Rochet, le président de la première compagnie low cost française s’est dit très optimiste pour l’année à venir et a confirmé les grandes ambitions de French Bee quant à son développement sur les Etats-Unis. Et comme à son habitude, le président de la Compagnie en a aussi profité pour planter quelques banderilles...


Rédigé par le Mardi 13 Décembre 2022

Marc Rochet, Président de French Bee, le 9 décembre 2022 au siège d'Airbus à Toulouse (Photo C.H)
Marc Rochet, Président de French Bee, le 9 décembre 2022 au siège d'Airbus à Toulouse (Photo C.H)
L’avenir en rose, comme la couleur de cette belle ville de Toulouse où se situent les installations d’Airbus, qui accueillait la semaine dernière les équipes de French Bee ainsi que Jean-Paul Dubreuil, fondateur du Groupe éponyme, pour la livraison du nouvel Airbus A350-1000 portant ainsi à six A350 le nombre d’avions dans la flotte.

Comme le veut la tradition lors de la remise des clés d’un appareil, petits fours et discours étaient de mise avant le convoyage de l’avion vers sa base d’exploitation.

Marc Rochet, président de French Bee, en a donc profité pour afficher publiquement un bel optimisme pour l’année à venir ainsi qu'une confiance inébranlable dans la capacité de ses compagnies (French Bee et Air Caraïbes) à regagner de l’argent et à se développer dès 2023.

On ne refera pas cependant le président Rochet... et c’est tant mieux !

Dans son allocution devant un parterre d’officiels de représentants de l’'État et de la presse, il en a profité pour, comme à son habitude, lancer quelques piques et commentaires « bien sentis », un brin provocants mais en mettant bien souvent les rieurs de son côté.


« L’utopie des baleines volantes »

L'A350 1000 de French Bee (Photo C.H)
L'A350 1000 de French Bee (Photo C.H)
Vantant les mérites de l’A350 en matière de performances environnementales, il n'a pas manqué l'occasion de quelques digressions sur le sujet incontournable de l’écologie.

Au sujet des avions à hydrogène, il a rappelé à sa manière ses doutes quant à la possibilité d’en faire bénéficier les gros porteurs : « Les baleines volantes à hydrogène, je ne suis pas un grand fana et je pense que ce n’est pas pour demain, ni pour après-demain, ni après après-demain… »

Par ailleurs, après avoir expliqué qu’un passager qui voyage sur l’A350 entre Paris et Saint-Denis de La Réunion ne consomme que 1,6 litre au 100 km soit bien moins que n’importe quelle voiture, il est revenu sur quelques déclarations chocs de ces dernières semaines.

« Quand on veut se lancer dans cette espèce d’airplane bashing, il faut savoir de quoi on parle. Il y a des gens qui nous disent : "oui mais un professeur a dit qu’il ne fallait plus prendre l’avion que trois ou quatre fois dans sa vie…"

Si vous ne prenez pas l’avion vous allez faire quoi ? Passer votre temps sur votre portable. La consommation totale d’Internet en terme d’énergie, c’est 8%. L’aviation c’est 3%...Il vaut mieux prendre l’avion ! »


Démonstration certes un peu caricaturale mais succès assuré et applaudissements garantis dans le saint des saints de l’aviation européenne.

L'État, toujours en ligne de mire

Évoquant la situation de la compagnie, il est revenu sur ces deux dernières années et les deux crises subies consécutivement.

Le Covid d’abord « dont on paie encore l’addition » et en 2022 la crise économique, avec une hyper-inflation, un prix du pétrole qui a presque doublé, de même que les coûts des matières premières.

Au sujet des redevances aéroportuaires et taxes, l’État en a pris pour son grade. « On paie le pétrole à un prix très élevé. Aux Antilles, il y a un monopole d’une ancienne raffinerie, la SARA (Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles, ndlr) avec un pétrole encore plus cher qu’à Paris et le Gouvernement français nous a rajouté une surtaxe de 15% pour favoriser le prix de l’essence des mobylettes et des voitures.

Je suis cependant optimiste pour 2023. Cela va être difficile, mais on va se remettre à gagner de l’argent sans les aides d’ État… ça, c’est pour les autres ».

French Bee : la conquête de l’Ouest

Les PNC French Bee (Photo C.H)
Les PNC French Bee (Photo C.H)
Après ces quelques coups de gueule, Marc Rochet a pu tout de même se laisser aller à l’optimisme, particulièrement en ce qui concerne l’avenir de French Bee, dont il a rappelé brièvement la genèse.

French Bee est née de la volonté du Groupe Dubreuil de faire grossir le pôle aérien avec Air Caraïbes, en rachetant Corsair. L’opération n’a pu se faire, ce que ne regrette pas aujourd’hui Marc Rochet.

Décision a été prise alors de faire de la croissance interne.

Ne pouvant aller partout dans le monde avec Air Caraïbes, le Groupe Dubreuil a créé une nouvelle société et une nouvelle marque : French Blue, devenue rapidement French Bee, avec une volonté de créer un produit différent, notamment en ne commercialisant pas de classe business. Un choix qui se révélera judicieux au vu de la conjoncture.

Parce que Marc Rochet, lorsqu’il a dirigé AOM, avait développé avec succès l’Outre-Mer qu’il connait bien, les premières lignes de French Bee furent ouvertes sur La Réunion et Tahiti.

Boston, prochaine destination de French Bee ?

L’escale de San Francisco, obligatoire vers la Polynésie, se révèle être une opportunité pour s’essayer sur le marché américain. La conquête de l’Ouest commence là, et, après Los Angeles, New York et Miami, elle devrait se poursuivre dans les mois qui viennent (nous prenons les paris sur Boston…).

L’Amérique du Nord est donc le continent sur lequel French Bee va miser pour assurer sa croissance et sa rentabilité avec probablement l’ouverture de deux nouvelles destinations en 2023.

Marc Rochet explique ainsi son choix : « Nous souhaitons être présent sur les USA parce que nous pensons avoir le bon produit dans un moment ou le trafic VFR et tourisme se développe à nouveau très vite. Le dollar ayant pris 15% sur l’euro, nous sommes aussi boosté par la clientèle américaine pour qui l’Europe devient accessible et pas chère.

Par ailleurs, et à notre grande surprise, elle n’a pas été freinée par la guerre en Ukraine alors que nous pensions qu’il y aurait de l’appréhension. »


Pour se développer, il faudra des avions. L’A350-1000 qui vient de rejoindre la flotte va servir à consolider les positions sur la desserte Réunion. Autant dire qu’on devrait revoir, dans les mois qui viennent, les équipes de French Bee venir à Toulouse pour prendre livraison de nouveaux avions.

Trois questions à Marc Rochet

TourMaG.com - La presse réunionnaise rapportait vendredi matin les propos qu’auraient tenu Jean-François Carenco, Ministre délégué chargé des Outre-mer, au sujet du sauvetage d’Air Austral. « La compagnie serait sauvée » a-t-il déclaré...

Marc Rochet :
Air Austral doit faire l’objet d’un plan de secours massif qui a besoin de l’approbation des autorités françaises et des autorités européennes. A ma connaissance et malgré les déclarations enflammées comme toujours des politiques, l’approbation n’a pas été obtenue.

Nous avons été consultés sur ce dossier et avons eu l’occasion de parler avec la Commission. J’ai dit clairement que malgré ce système d’aides d’Etat massif auquel notre groupe n’a pas eu recours, nous ne sommes pas opposés au sauvetage d’Air Austral.

Par contre, nous avons demandé clairement à ce que les compagnies qui desservent La Réunion puissent utiliser le réseau d’Air Austral dans l’Océan Indien avec des accords commerciaux.

Aujourd’hui ces accords n’existent qu’entre air Austral et Air France, deux compagnies très puissamment aidées par l’Etat. J’ai donc demandé à ce que, dans le cadre du plan de sauvetage d’Air Austral, cette compagnie ouvre son réseau à des connexions pour French Bee et je n’ai bien sûr pas d’objections à une ouverture pour Corsair ou à d’autres.

Ce n’est pas en se refermant sur soi-même qu’on se sauvera.


TourMaG.com - Vous déclariez il y a quelques jours : « les prix vont remonter mais on ne peut pas massacrer le client qui veut voyager. La densification des avions, est nécessaire pour que des familles puissent encore se permettre de choisir le transport aérien ». Le modèle French Bee répond à cette problématique. Quid d’Air Caraïbes ? Allez-vous densifier les cabines ? Abandonner la business ?

Marc Rochet :
Il y a deux réponses à cela.

La première est que nous avons homogénéisé la classe éco entre nos deux compagnies. Les sièges de la classe éco de French bee sont les mêmes que sur Air Caraïbes.

Sur la partie avant de l’avion, chaque compagnie a son modèle, son histoire. C’est assez compliqué, mais globalement je pense quand même qu’on va vers une densification des classes arrières et une réduction des classes avant.

Soyons clairs, il y a beaucoup de destinations où nous n’avons pas besoin de classe affaires. Si on prend une destination comme la République Dominicaine, il y a effectivement quelques clients qui paient pour voyager devant, mais ce n’est pas le cœur de la clientèle.

C’est un mouvement historique et en période de forte inflation, c’est la seule façon de limiter l’augmentation de prix pour les clients.

Aussi, il faut que les clients apprennent à réserver plus tôt. On a eu cette évolution de réserver au dernier moment, à cause du Covid mais quand on se décide à la dernière minute, les billets sont plus chers que six mois avant.

Cependant, je pense que nous allons vers un plateau dans les prix car le pétrole et le dollar, les plus importants facteurs d’augmentation, se stabilisent autour de 80 dollars le baril. A ces niveaux-là, l’économie du transport aérien est capable d’être résiliente, on ne devrait donc pas aller vers d’autres augmentations, sauf ponctuelles, des tarifs.


TourMaG.com - Vous vous êtes félicité du succès de votre ligne Paris-New York. La compagnie Norse Atlantic Airways vient de se lancer, elle aussi, sur cette ligne avec à peu près le même produit que French Bee (éco et premium). Qu'en dites-vous : vive la concurrence ou bien ça commence à faire beaucoup de monde ?

Marc Rochet :
Il faut être cohérent. Nous sommes des libéraux et j’ai toujours prôné la concurrence.

J’ai d’ailleurs quitté Air France parce que je considérais que c’était une annexe de l’État… Je dis donc « Bienvenue ». Que chacun se batte avec ses armes.

Ce que je constate c’est que NORSE a le même modèle que Norwegian qui est tombée. Les coûts, il faut aller les chercher avec les dents et je ne sais pas dire si leur business plan tiendra la route.

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