L'été se jouera-t-il sur les ventes de dernière minute ? 🔑

Si la reprise des ventes de voyages est bien réelle, avec un démarrage en trombe en début d'année, force est de constater que "l'été n'est pas encore fait" chez les voyagistes.

Depuis quelques semaines en effet, les carnets de commandes se remplissent, mais un peu moins vite qu'entre janvier et mars... Et sur la haute saison estivale, il reste encore du stock !

"Depuis 3 à 4 semaines il y a un ralentissement, un creux," admet Aurélien Aufort, Directeur général du Groupe Marietton. "L'activité va redémarrer, mais les clients sont un peu attentistes. Avec les ponts de mai, il y a eu un flottement de la demande, les clients ne sont pas encore passés à l'été."

Actuellement chez Voyamar (marque du groupe Marietton) c’est surtout la Tunisie qui se vend pour le cœur de saison.

Une destination qui, tout comme que le Maroc, monte en puissance aussi chez Boomerang Voyages.

Philippe Sangouard directeur du tour-opérateur précise : "Les tribus, les familles, qui ne veulent vraiment pas rater leurs vacances d'été ont déjà réservé.

Pour le reste, nous commençons à monter en puissance pour les séjours entre le 15 juillet et 15 août. Mais il reste du stock, comme en Crète par exemple".

Raouf Benslimane, PDG de Thalasso n°1 – Ôvoyages confirme cette tendance : "Nous sommes toujours en croissance, mais elle est beaucoup moins forte que lors du premier trimestre.

L’été n’est pas encore fait même si nous avons engrangé beaucoup de réservations et que nous sommes en avance sur notre budget qui est très ambitieux. Nous mettons beaucoup de stocks engagés afin de contrecarrer l’envolée habituelle des prix sur l’aérien durant l’été et ainsi mettre nos distributeurs en position forte de vente."

En effet, la hausse des prix des billets d'avion et du terrestre sur certaines destinations freine les remplissages. Mais pas que : il y a aussi davantage de concurrence entre les destinations par rapport à 2022, qui était une année de reprise après deux années de pandémie.

"Les prix sont hauts sur l'Espagne, la Grèce… Typiquement, pour en revenir à la Crète, tout est plus cher : l’avion, le terrestre, et il y a davantage de stocks. Une semaine long-courrier à Dubaï ou Zanzibar c'est finalement pas beaucoup plus cher qu'une semaine en Grèce…" illustre Philippe Sangouard.

"Le souci, c'est que les vols sont chers et pour la partie flex, c'est un peu problématique", ajoute à son tour Aurélien Aufort. "Pour la partie charter, nous pourrons faire du business, mais sur le flex ce sera un peu plus compliqué".

Comme pour ÔVoyages, le charter, c'est justement la force de Mondial Tourisme.

"Nous nous engageons sur le terrestre et l'aérien. Beaucoup de tour-opérateurs viennent s'approvisionner chez nous. Au vu de la situation actuelle et des prises de commandes qui ralentissent, il va y avoir beaucoup de demandes de dernière minute.

Nous avons eu un bon premier trimestre avec le long-courrier sur la République dominicaine, l'Egypte… Sur le moyen-courrier, les clients ne se précipitent pas vraiment et il y aura des bonnes affaires pour les TO qui s'engagent," anticipe Selatt Erdogan, directeur commercial du TO.

Les ventes de dernière minute, justement. Le phénomène est revenu en force chez TUI France depuis une dizaine de jours : "Durant la Covid, le comportement attentiste des Français était lié à la préoccupation sanitaire. Aujourd’hui les ventes à la dernière minute sont de nouveau en lien avec la maîtrise de son budget.

Certains voyageurs sont à la recherche du bon plan de dernière minute au vu du contexte économique. Ils ont ainsi tendance à reporter leur réservation à quelques semaines avant le départ", précise Christophe Fuss, directeur général adjoint de TUI France .

Mais à côté de la recherche du bon tarif, les séjours au budget plus important entrent aussi dans les tunnels de réservations chez Thalasso-Ôvoyages : "Nous constatons quand même un pourcentage toujours important de demandes dépassant les 7 nuits, ce qui démontre bien que malgré l’inflation, ceux qui sont le plus à l’aise économiquement dépensent plus.

Il y a une consommation à 2 vitesses : ceux qui vont regarder les prix et partir en dernière minute et un réservoir de consommateurs qui va dépenser plus, malgré la hausse des prix", ajoute Raouf Benslimane.

Pour autant, Selatt Erdogan reste optimiste : "ça va repartir !" lance t-il. Un vision partagée par Aurélien Aufort : "Je pense qu'il y aura une bonne reprise en juin. Nous avons aussi l'impression qu'il y a un creux car la reprise a été énorme".

Et Philippe Sangouard d’ajouter : "il faut relativiser les chiffres 2023 par rapport à 2022, année qui a démarré en mars.

En mai 2022 nous avions fait carton monumental : +100% de prises de commandes par rapport à 2019. Il faut aussi se replacer dans le contexte : il n'y avait pas autant de concurrence, pas autant de destinations. Et juin 2022 avait été aussi très très fort en prises de commandes !"

En attendant que les ventes été s’enclenchent véritablement, les TO restent sereins sur l’année 2023.

"Au global sur 2023, nous avons déjà explosé les budgets. Donc si les ventes de l'été repartent en juin, ce sera une très très bonne nouvelle. Le gros boom enregistré au 1er trimestre concernait l'avant et l'après-saison. Nous avons engrangé beaucoup de circuits", souligne Aurélien Aufort. .

Un constat partagé par le directeur de Boomerang/Kappa Club : "En dates de départ, ce qui a cartonné depuis le début d'année et jusqu'à présent ce sont les mois de juin, septembre et octobre. Cela est surement dû aux différences de tarifs par rapport à la pleine saison".

Et déjà les inscriptions pour 2024 ont débuté chez plusieurs TO. De quoi garder le moral, en attendant que juillet et août se remplissent véritablement !