S'il est encore tôt pour tirer des conclusions sur la fréquentation touristique en Corse pour juillet-août, certains professionnels, notamment les hôteliers, sont inquiets pour la saison - DR : DepositPhotos.com, Photoprofi30@
La Corse n'a pas la réputation d'être une destination « bon marché ».
Bien qu'étant une île française tout proche du continent, les coûts des transports, qu'ils soient aériens ou maritimes, pèsent sur l'enveloppe globale du budget vacances.
Aussi, en plein milieu de la haute saison touristique et alors que l'inflation se fait sentir sur les dépenses des voyageurs, comment se porte la destination et ses professionnels du tourisme ?
« Nous devrions finir l'été sur une baisse d'environ 20% de chiffre d'affaires par rapport à l'année dernière. A deux points près, c'est à peu près pareil en nombre de clients », indique Jean-Marc Ettori, le PDG du voyagiste Corsicatours.
Idem pour les hôtels du Groupe. « Nous constatons une baisse autour de -10% sur nos établissements sur juillet-août, poursuit-il, elle est moindre sur notre hôtel club en all inclusive, le Marina Viva, sûrement parce que les clients qui optent pour cette formule savent qu'ils n'auront pas de supplément à payer ».
Bien qu'étant une île française tout proche du continent, les coûts des transports, qu'ils soient aériens ou maritimes, pèsent sur l'enveloppe globale du budget vacances.
Aussi, en plein milieu de la haute saison touristique et alors que l'inflation se fait sentir sur les dépenses des voyageurs, comment se porte la destination et ses professionnels du tourisme ?
« Nous devrions finir l'été sur une baisse d'environ 20% de chiffre d'affaires par rapport à l'année dernière. A deux points près, c'est à peu près pareil en nombre de clients », indique Jean-Marc Ettori, le PDG du voyagiste Corsicatours.
Idem pour les hôtels du Groupe. « Nous constatons une baisse autour de -10% sur nos établissements sur juillet-août, poursuit-il, elle est moindre sur notre hôtel club en all inclusive, le Marina Viva, sûrement parce que les clients qui optent pour cette formule savent qu'ils n'auront pas de supplément à payer ».
Un mois d'août à la peine...
Chez Ollandini Voyages, l'été 2023 s'annonçait exceptionnel, avec un démarrage des ventes entre janvier et avril supérieur à 2022.
« Les ventes se sont amoindries de mai à juillet, ainsi que toute l'avance que nous avions pu prendre », constate Stéphane Ralkos, le directeur voyages du tour-opérateur. Néanmoins, Ollandini devrait boucler la saison sur une progression comprise entre +5 et +10% des ventes.
Lire aussi : Après la Corse et la Sardaigne, une nouvelle destination pour Ollandini en 2024 ? 🔑
Malgré une moyenne satisfaisante, Stéphane Ralkos remarque un changement dans le comportement des clients. « Traditionnellement, juillet est un mois compliqué pour nous. La majorité des touristes viennent en Corse à partir de la 3e semaine de juillet jusqu'au 15 août. Mais cette année, paradoxalement, août s'annonce moins bon que juillet en terme d'arrivées ».
Et les ventes de dernière minute (VDM) ne sont pas non plus au rendez-vous. « Cette semaine, à peine 25% de nos VDM portent sur août et 70% sur septembre, sachant que ce dernier mois est aujourd'hui deux fois supérieur à août en nombre d'arrivées. C'est un mois qui devient explosif ».
« Les ventes se sont amoindries de mai à juillet, ainsi que toute l'avance que nous avions pu prendre », constate Stéphane Ralkos, le directeur voyages du tour-opérateur. Néanmoins, Ollandini devrait boucler la saison sur une progression comprise entre +5 et +10% des ventes.
Lire aussi : Après la Corse et la Sardaigne, une nouvelle destination pour Ollandini en 2024 ? 🔑
Malgré une moyenne satisfaisante, Stéphane Ralkos remarque un changement dans le comportement des clients. « Traditionnellement, juillet est un mois compliqué pour nous. La majorité des touristes viennent en Corse à partir de la 3e semaine de juillet jusqu'au 15 août. Mais cette année, paradoxalement, août s'annonce moins bon que juillet en terme d'arrivées ».
Et les ventes de dernière minute (VDM) ne sont pas non plus au rendez-vous. « Cette semaine, à peine 25% de nos VDM portent sur août et 70% sur septembre, sachant que ce dernier mois est aujourd'hui deux fois supérieur à août en nombre d'arrivées. C'est un mois qui devient explosif ».
Des taux de réservation inhabituels en juillet et août
Cette fréquentation « anormale » de la Corse en plein mois d'août fait écho à l'enquête récente publiée par la Banque de France *, évoquant que « la saison touristique enregistre un niveau d’activité en-deçà de celui observé en 2022 ».
« Le « poumon économique » de la région marque le pas, poursuit l'institution. En effet l’afflux touristique qui avait caractérisé l’année 2022 n’est pas observé cette année ce qui impacte toute la filière hôtelière, restauration et location de véhicules ».
« Nous avons démarré la saison beaucoup plus tard que d'habitude à cause d'un manque de collaborateurs, nous explique Karina Goffi, la présidente de l'UMIH de Corse.
Le niveau de réservations étant plutôt bas, nous avons été frileux et avons décidé de ne pas ouvrir en avril, donc nous avons tous perdu entre 10 et 25 jours de début de saison. Je dirais aussi que nous allons certainement finir la saison plus que tôt que d'habitude, selon les retours que j'ai pu avoir des adhérents.
Le mois de mai n'a pas été beau non plus, avec des prix très élevés et une mauvaise météo. Juin a été aussi très moyen, avec jusqu'à -60%, voire -80% d'activité pour certains hôteliers, en fonction du type d'établissement et des micro-régions ».
Quant à juillet et août, les taux de réservation sont inhabituels cette année. Néanmoins, depuis une semaine, « les réservations reprennent tout doucement, notamment avec le marché allemand » note Karina Goffi, qui espère ainsi que l'hôtellerie corse parviendra à « rattraper » une vingtaine de jours sur le mois d’août.
Mais la présidente de l'UMIH reste inquiète, car pour attirer les voyageurs en dernière minute, certains professionnels ont décidé de revoir leurs tarifs à la baisse. « Cela donne un mauvais signal à la clientèle : finalement on leur dit que plus ils réserveront tard et plus ils bénéficieront d'offres », souligne la présidente.
« Le « poumon économique » de la région marque le pas, poursuit l'institution. En effet l’afflux touristique qui avait caractérisé l’année 2022 n’est pas observé cette année ce qui impacte toute la filière hôtelière, restauration et location de véhicules ».
« Nous avons démarré la saison beaucoup plus tard que d'habitude à cause d'un manque de collaborateurs, nous explique Karina Goffi, la présidente de l'UMIH de Corse.
Le niveau de réservations étant plutôt bas, nous avons été frileux et avons décidé de ne pas ouvrir en avril, donc nous avons tous perdu entre 10 et 25 jours de début de saison. Je dirais aussi que nous allons certainement finir la saison plus que tôt que d'habitude, selon les retours que j'ai pu avoir des adhérents.
Le mois de mai n'a pas été beau non plus, avec des prix très élevés et une mauvaise météo. Juin a été aussi très moyen, avec jusqu'à -60%, voire -80% d'activité pour certains hôteliers, en fonction du type d'établissement et des micro-régions ».
Quant à juillet et août, les taux de réservation sont inhabituels cette année. Néanmoins, depuis une semaine, « les réservations reprennent tout doucement, notamment avec le marché allemand » note Karina Goffi, qui espère ainsi que l'hôtellerie corse parviendra à « rattraper » une vingtaine de jours sur le mois d’août.
Mais la présidente de l'UMIH reste inquiète, car pour attirer les voyageurs en dernière minute, certains professionnels ont décidé de revoir leurs tarifs à la baisse. « Cela donne un mauvais signal à la clientèle : finalement on leur dit que plus ils réserveront tard et plus ils bénéficieront d'offres », souligne la présidente.
Juillet et août, des mois moins soutenus pour les transporteurs cette année
Chez Corsica Ferries, premier transporteur sur la Corse en été, la baisse des réservations depuis deux mois pour la haute saison se fait aussi sentir.
« Nous avons fortement baissé nos prix depuis le mois de mai, afin d'essayer de relancer la destination. Il est un peu trop tôt pour voir si cela portera ses fruits sur la pointe de très haute saison », nous fait savoir son président, Pierre Mattei.
Même son de cloche du côté d'Air Corsica, dont l'offre de sièges est en hausse de plus de 5% par rapport à 2022.
« La saison s'étale sur six mois et il est donc prématuré de tirer des conclusions dès juillet, commente Luc Bereni, le président du directoire d'Air Corsica. Le deuxième trimestre a été excellent sur le plan du trafic et du coefficient de remplissage.
Les deux mois de la pointe estivale sont moins soutenus, notamment sur Paris où l'on note un ralentissement alors que les autres lignes françaises et européennes d'Air Corsica demeurent satisfaisantes.
Mais, poursuit-il, une fois de plus, les véritables comptes seront faits en fin de saison et on verra alors qu'il faudra aller chercher ailleurs que dans une supposée hausse des prix de l'aérien d'éventuelles explications sur une baisse de la fréquentation de certaines structures d'hébergement de notre île.
Nos tarifs augmentent moins vite que nos charges et nous avons du mal à répercuter sur le prix des billets la totalité des augmentations de coûts que nous subissons du fait de l'inflation et de l'explosion des taxes à caractère environnemental.
Ce ne sont pas les quelques dizaines d'euros de hausse que nous parvenons tant bien que mal à appliquer sur les derniers sièges des vols les mieux remplis qui ont un effet dissuasif sur la demande globale. Le prix moyen d'un aller-retour en haute saison vers la Corse sur Air Corsica reste inférieur à 300€ TTC, dont quasiment 80€ de taxes.
Des lors, comme vient de le déclarer Christian Mantei dans les colonnes de Corse Matin, « laissons de côté les analyses au doigt mouillé ». »
« Nous avons fortement baissé nos prix depuis le mois de mai, afin d'essayer de relancer la destination. Il est un peu trop tôt pour voir si cela portera ses fruits sur la pointe de très haute saison », nous fait savoir son président, Pierre Mattei.
Même son de cloche du côté d'Air Corsica, dont l'offre de sièges est en hausse de plus de 5% par rapport à 2022.
« La saison s'étale sur six mois et il est donc prématuré de tirer des conclusions dès juillet, commente Luc Bereni, le président du directoire d'Air Corsica. Le deuxième trimestre a été excellent sur le plan du trafic et du coefficient de remplissage.
Les deux mois de la pointe estivale sont moins soutenus, notamment sur Paris où l'on note un ralentissement alors que les autres lignes françaises et européennes d'Air Corsica demeurent satisfaisantes.
Mais, poursuit-il, une fois de plus, les véritables comptes seront faits en fin de saison et on verra alors qu'il faudra aller chercher ailleurs que dans une supposée hausse des prix de l'aérien d'éventuelles explications sur une baisse de la fréquentation de certaines structures d'hébergement de notre île.
Nos tarifs augmentent moins vite que nos charges et nous avons du mal à répercuter sur le prix des billets la totalité des augmentations de coûts que nous subissons du fait de l'inflation et de l'explosion des taxes à caractère environnemental.
Ce ne sont pas les quelques dizaines d'euros de hausse que nous parvenons tant bien que mal à appliquer sur les derniers sièges des vols les mieux remplis qui ont un effet dissuasif sur la demande globale. Le prix moyen d'un aller-retour en haute saison vers la Corse sur Air Corsica reste inférieur à 300€ TTC, dont quasiment 80€ de taxes.
Des lors, comme vient de le déclarer Christian Mantei dans les colonnes de Corse Matin, « laissons de côté les analyses au doigt mouillé ». »
Les « petits budgets », pas en adéquation avec l'offre corse
De son côté, Corsica Linea devrait connaître une hausse de 8 à 10% du nombre de passagers entre juillet et août, qui suit la hausse de +8% de son offre par rapport à 2022, avec des prix stables par rapport à l'an dernier.
« Nous sommes plutôt face à une saison réussie à la fois en termes de remplissage de nos bateaux que de satisfaction des clients », commente Pierre Mainguy, le directeur commercial et marketing de Corsica Linea, qui note tout de même un rythme de VDM assez soutenu ces derniers jours.
Lire aussi : Corsica Linea renforce sa desserte de l'Algérie pour l'été 2023
Le last minute pourrait donc permettre à certains professionnels de « sauver les meubles ». Pour autant, et malgré quelques promotions, les clients ne doivent pas s'attendre à bénéficier de prix défiant toute concurrence. « Tout est une question de timing », nous résume Karine Nanglard, conseillère voyages à l'agence Corsicatours de Porto Vecchio.
« Quand les clients me demandent quelle période est la moins chère pour réserver, avant j'aurais su leur répondre. Mais aujourd'hui, entre le yield et l'inflation, je ne peux plus. Ce qui est certain, c'est qu'en général, il vaut mieux réserver en early booking ».
Stéphane Ralkos, quant à lui, a noté que « les clients aux budgets forts ont réservé bien en amont. Nous avons réalisé de beaux dossiers, à 15 ou 20 000€. Là , en dernière minute, il s'agit plutôt de petits budgets et je crains que ces derniers ne soient pas en adéquation avec l'offre corse », souligne-t-il.
« Nous sommes plutôt face à une saison réussie à la fois en termes de remplissage de nos bateaux que de satisfaction des clients », commente Pierre Mainguy, le directeur commercial et marketing de Corsica Linea, qui note tout de même un rythme de VDM assez soutenu ces derniers jours.
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Le last minute pourrait donc permettre à certains professionnels de « sauver les meubles ». Pour autant, et malgré quelques promotions, les clients ne doivent pas s'attendre à bénéficier de prix défiant toute concurrence. « Tout est une question de timing », nous résume Karine Nanglard, conseillère voyages à l'agence Corsicatours de Porto Vecchio.
« Quand les clients me demandent quelle période est la moins chère pour réserver, avant j'aurais su leur répondre. Mais aujourd'hui, entre le yield et l'inflation, je ne peux plus. Ce qui est certain, c'est qu'en général, il vaut mieux réserver en early booking ».
Stéphane Ralkos, quant à lui, a noté que « les clients aux budgets forts ont réservé bien en amont. Nous avons réalisé de beaux dossiers, à 15 ou 20 000€. Là , en dernière minute, il s'agit plutôt de petits budgets et je crains que ces derniers ne soient pas en adéquation avec l'offre corse », souligne-t-il.
Airbnb : « nous regardons le rouleau compresseur et nous attendons »
Pour justifier la baisse de fréquentation, la Banque de France évoque « l'inflation dans tout le secteur du tourisme », mais parle également « d'autres facteurs » qui ont joué. « La concurrence d’autres zones et une offre de transport qui semble en baisse pourraient expliquer cette évolution.
Au final les professionnels observent des baisses de volumes aussi bien dans l’hôtellerie que la location de véhicules. Le secteur de la restauration semble être plus sensible aux arbitrages réalisés par les touristes, résume le rapport.
Pour autant, l’activité tangente le niveau atteint en 2019. Les prix, après un ajustement à la hausse avant saison, se stabilisent. À court terme, les professionnels sont prudents et anticipent au mieux une évolution mesurée de l’activité. »
Les VDM, mais aussi les réservations sur l'arrière-saison pourraient permettre d'améliorer le niveau d'activité ; mais avec des prix moins hauts qu'en juillet-août, pas sûr que le chiffre d'affaires engrangé suffise à contenter les professionnels.
D'autant qu'au-delà du coût des transports et de l'inflation, d'autres problématiques les inquiètent. « Nous assistons à une ubérisation qui nous asphyxie dans tous les sens, commente Karina Goffi pour l'UMIH. Cela touche les hébergeurs, mais aussi les loueurs de voitures, les taxis, les restaurateurs...
Certaines communes en France ont pris des mesures contre la poussée d'Airbnb, mais pour cela, il faut une volonté de la part des maires.
Aujourd'hui, le monde entier est en train de se réveiller sur Airbnb, et nous en Corse, nous allons encore être les derniers. Nous regardons le rouleau compresseur et nous attendons.
Alors bien sûr, on ne peut pas arrêter Airbnb, mais il faut le réguler et vivre avec, pour pouvoir proposer aux clients des offres qui répondent à leurs différents besoins ».
Au final les professionnels observent des baisses de volumes aussi bien dans l’hôtellerie que la location de véhicules. Le secteur de la restauration semble être plus sensible aux arbitrages réalisés par les touristes, résume le rapport.
Pour autant, l’activité tangente le niveau atteint en 2019. Les prix, après un ajustement à la hausse avant saison, se stabilisent. À court terme, les professionnels sont prudents et anticipent au mieux une évolution mesurée de l’activité. »
Les VDM, mais aussi les réservations sur l'arrière-saison pourraient permettre d'améliorer le niveau d'activité ; mais avec des prix moins hauts qu'en juillet-août, pas sûr que le chiffre d'affaires engrangé suffise à contenter les professionnels.
D'autant qu'au-delà du coût des transports et de l'inflation, d'autres problématiques les inquiètent. « Nous assistons à une ubérisation qui nous asphyxie dans tous les sens, commente Karina Goffi pour l'UMIH. Cela touche les hébergeurs, mais aussi les loueurs de voitures, les taxis, les restaurateurs...
Certaines communes en France ont pris des mesures contre la poussée d'Airbnb, mais pour cela, il faut une volonté de la part des maires.
Aujourd'hui, le monde entier est en train de se réveiller sur Airbnb, et nous en Corse, nous allons encore être les derniers. Nous regardons le rouleau compresseur et nous attendons.
Alors bien sûr, on ne peut pas arrêter Airbnb, mais il faut le réguler et vivre avec, pour pouvoir proposer aux clients des offres qui répondent à leurs différents besoins ».
« Il faut établir une politique touristique »
Autre sujet qui fâche les pros en Corse : la question du surtourisme, un terme qui fait les gros titres de la presse ces derniers mois.
En Corse, cette question de la surfréquentation touche quelques sites très prisés, telles les Îles Lavezzi, et seulement à certaines périodes de l'année.
Mais cette année, elle est devenue une source de discorde entre l'Agence du tourisme de la Corse (ATC) et les professionnels de l'île, l'agence ayant déclaré ne pas vouloir faire de publicité à destination des touristes pour la haute saison.
Si l'ATC n'a pas répondu à notre demande d'interview, les professionnels du tourisme interrogés évoquent quant à eux les difficultés qu'ils rencontrent à se faire entendre auprès des institutions insulaires.
« Il y a eu des dizaines de réunions avec l'ATC, des vingtaines de rapports, et pour quoi ? Le problème des transports a-t-il été réglé ? Celui de la publicité ? Du Airbnb ? », s'interroge Jean-Marc Ettori. Cela fait 40 ans que je discute et je n'ai plus envie de discuter encore dix ans de plus ».
« Il faut établir une politique touristique et que tout le monde soit en capacité de se mettre autour de la table et de dire : voilà ce que l'on veut pour la Corse, voilà comment on imagine la suite et voilà ce qu'il faut faire pour promouvoir l'île et montrer que l'on aime les touristes, ajoute Karina Goffi.
Car ce n'est pas en écrivant des gros tags « Français dehors » que l'on va attirer du monde. C'est collectivement que l'on peut faire quelque chose. Et puis, il faut une aide de l'ATC ».
La présidente de l'UMIH regrette la dynamique qui avait été mise en place durant la pandémie, avec la création d'un collectif rassemblant entre autres les organisations interprofessionnelles, les gîtes, les campings, l'UMIH, la chambre des métiers, la CCI, la FNTV et Strada Corsa, le transport de marchandises.
« Nous représentions l'ensemble des socioprofessionnels de l'île et nous avons très bien travaillé pendant la crise Covid. C'était une première en Corse.
Dans ce cadre, nous avons notamment mis en place des ANI (Accord National Interprofessionnel), c'est-à -dire de l'argent sur chaque passager qui venait sur l'île. Et bien aujourd'hui, nous demandons à peu près la même chose à l’exécutif : que l'argent de la DSP (délégation de service public), au lieu d'être reversé au transporteur, soit mis sur le passager », explique Karina Goffi.
En Corse, cette question de la surfréquentation touche quelques sites très prisés, telles les Îles Lavezzi, et seulement à certaines périodes de l'année.
Mais cette année, elle est devenue une source de discorde entre l'Agence du tourisme de la Corse (ATC) et les professionnels de l'île, l'agence ayant déclaré ne pas vouloir faire de publicité à destination des touristes pour la haute saison.
Si l'ATC n'a pas répondu à notre demande d'interview, les professionnels du tourisme interrogés évoquent quant à eux les difficultés qu'ils rencontrent à se faire entendre auprès des institutions insulaires.
« Il y a eu des dizaines de réunions avec l'ATC, des vingtaines de rapports, et pour quoi ? Le problème des transports a-t-il été réglé ? Celui de la publicité ? Du Airbnb ? », s'interroge Jean-Marc Ettori. Cela fait 40 ans que je discute et je n'ai plus envie de discuter encore dix ans de plus ».
« Il faut établir une politique touristique et que tout le monde soit en capacité de se mettre autour de la table et de dire : voilà ce que l'on veut pour la Corse, voilà comment on imagine la suite et voilà ce qu'il faut faire pour promouvoir l'île et montrer que l'on aime les touristes, ajoute Karina Goffi.
Car ce n'est pas en écrivant des gros tags « Français dehors » que l'on va attirer du monde. C'est collectivement que l'on peut faire quelque chose. Et puis, il faut une aide de l'ATC ».
La présidente de l'UMIH regrette la dynamique qui avait été mise en place durant la pandémie, avec la création d'un collectif rassemblant entre autres les organisations interprofessionnelles, les gîtes, les campings, l'UMIH, la chambre des métiers, la CCI, la FNTV et Strada Corsa, le transport de marchandises.
« Nous représentions l'ensemble des socioprofessionnels de l'île et nous avons très bien travaillé pendant la crise Covid. C'était une première en Corse.
Dans ce cadre, nous avons notamment mis en place des ANI (Accord National Interprofessionnel), c'est-à -dire de l'argent sur chaque passager qui venait sur l'île. Et bien aujourd'hui, nous demandons à peu près la même chose à l’exécutif : que l'argent de la DSP (délégation de service public), au lieu d'être reversé au transporteur, soit mis sur le passager », explique Karina Goffi.
« En Corse, aujourd'hui, aucun site n'est payant »
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Quant au surtourisme, la proposition récurrente d'étaler la saison pour réguler les flux ne convainc pas l'UMIH. « Il faut déjà avoir l'hébergement volontaire pour cela et pouvoir rester ouvert en fonction du personnel, de la météo, des coûts supplémentaires engendrés. De même, il y a beaucoup d'endroits l'hiver, par exemple entre île Rousse et Calvi, où beaucoup de choses sont fermées.
Certaines mesures déployées en ville sur le continent ne sont pas déclinables de la même façon à la montagne ou sur une île ».
En revanche, nuance Karina Goffi, « je pense que nous sommes prêts à envisager un autre mode de fonctionnement et à « éduquer » les touristes autrement.
Partout où ils vont, les touristes doivent réserver ou payer pour visiter des sites. En Corse, aujourd'hui, aucun site n'est payant.
Quand on nous parle des Ă®les Lavezzi, la Corse va rĂ©guler la frĂ©quentation. Par contre, la Sardaigne peut y accĂ©der et demain, si vous avez votre propre bateau, vous entrez sur ces Ă®les. Ça n'est pas logique !Â
Il nous faut des politiques qui admettent que le tourisme rapporte à l'île et qu'il faut jouer le jeu à fond ».
* Enquête menée auprès d'environ 8 500 entreprises ou établissements de l’industrie, des services et du bâtiment entre le 28 juin et le 5 juillet 2023
Certaines mesures déployées en ville sur le continent ne sont pas déclinables de la même façon à la montagne ou sur une île ».
En revanche, nuance Karina Goffi, « je pense que nous sommes prêts à envisager un autre mode de fonctionnement et à « éduquer » les touristes autrement.
Partout où ils vont, les touristes doivent réserver ou payer pour visiter des sites. En Corse, aujourd'hui, aucun site n'est payant.
Quand on nous parle des Ă®les Lavezzi, la Corse va rĂ©guler la frĂ©quentation. Par contre, la Sardaigne peut y accĂ©der et demain, si vous avez votre propre bateau, vous entrez sur ces Ă®les. Ça n'est pas logique !Â
Il nous faut des politiques qui admettent que le tourisme rapporte à l'île et qu'il faut jouer le jeu à fond ».
* Enquête menée auprès d'environ 8 500 entreprises ou établissements de l’industrie, des services et du bâtiment entre le 28 juin et le 5 juillet 2023