Les pros du voyage s'engagent contre l'extrême droite ! (Vidéo) 🔑

Le dimanche 9 juin 2024, la France a connu deux coups de tonnerre, dont l'un historique.

Pour la première fois de son histoire et de la 5e République, le Rassemblement national (ex-Front National) remportait une élection d'envergure nationale, celle des Européennes.

Quelques minutes plus tard, Emmanuel Macron prenait la parole pour annoncer la dissolution de l'Assemblée nationale. Une décision controversée qui pourrait pousser la France dans les bras de l'extrême droite.

"Nous sommes à la veille d'élections majeures, les plus importantes de la 5e République, nous allons devoir trancher pour l'avenir du pays, de façon cruciale.

L'avenir de nos entreprises, de notre pays, de notre métier et de ses fondamentaux est en jeu," lâche un Jean-François Rial au ton grave.

Le coup de poker présidentiel pourrait pousser notre pays du mauvais côté de l'histoire... si nous nous basons sur les derniers sondages. Un chapitre que refusent de voir s'écrire de nombreux professionnels du tourisme.

Sur une suggestion de Jean-François Rial, soutenue et relayée par TourMaG, nous avons donné la parole à des personnalités du secteur, de Myriam Tord à Rémy Knafou en passant par Guillaume Linton, Jean-Antoine Texier, Elsa Brindazur, Sophie Lacour ou encore Jean Pinard et Bruno Maltor.

Participation par ordre d'apparition dans la vidéo : Jean-François Rial, Myriam Tord, Rémy Knafou, Chloé Rezlan, Jean Pinard, Jean-Antoine Texier, Victoria Morin, Yannick Cabrol, Stéphane Verdier, Sophie Lacour, Jean-Pierre Mas, Guillaume Linton, Elsa Brindazur, Julien Buot, Bruno Maltor.

Si Emmanuel Macron a fait tapis, nous avons encore, nous Français les cartes en main, pour faire bouger les lignes. Nous pouvons éviter une victoire et une majorité parlementaire pour le RN.

Nous parlons là, d'un parti d'extrême droite fondé sur les vestiges fumants du régime de Vichy.

Un rassemblement politique créé à l'origine par d'anciens de la Waffen SS, d'anciens collaborationnistes et des personnes condamnées pour contestation de crime contre l’humanité, b[à l'image de son créateur Jean-Marie Le Pen ayant qualifié "les chambres à gaz de "détail de l’histoire".

"Le Front national (fn) puise ses origines dans le terreau du « nationalisme révolutionnaire », idéologie portée par les jeunes néofascistes du mouvement Ordre nouveau (on).

Ces adeptes de la violence ont pour emblème la croix celtique.

Leur programme, hostile à l’« ordre bourgeois », tient en quelques idées-force inspirées de la révolution conservatrice allemande de l’entre-deux-guerres et des fascismes européens," explique l'historien Grégoire Kauffmann, dans Les origines du Front national.

A lire : Procuration : comment voter et partir en vacances ?

Mais le RN ne se résume pas à son sulfureux et nauséabond passé, la ripolinisation marketing n'a fait de lui un parti respectable qu'en apparence.

Entre le collège modulaire qui enverra des enfants de 14-15 ans dans des cursus professionnels, alors qu'à cet âge le champs des possibles est infini, entre sa politique écologique, à rebours de l'urgence climatique, le Giec aurait même parfois "tendance à exagérer" comme l'assure député RN Thomas Ménagé, ses promesses économiques et sociales ratiboisées.

"Il n’est pas question de stigmatiser les électeurs de l'extrême droite qui posent des questions sérieuses sur le pouvoir d’achat et les questions de sécurité.

J'aimerais juste leur dire que, par exemple le programme économique du RN conduira les plus pauvres à devenir encore plus pauvres," garantit Jean-François Rial.

Les valeurs de l'extrême droite sont basées sur le repli sur soi, le retour des frontières et l'individualisme. Le voyage, lui, véhicule des principes contraires.

Continuons notre petit tour dans les livres d'histoire.

Après les origines nauséabondes du Front National, ouvrons la biographie de... Thomas Cook. L'inventeur des brochures et des voyages packagés que vous vendiez à la pelle avant qu'il ne s'effondre, estimait que de visiter d'autres peuples calmerait les tensions.

"Son but était d'éduquer les classes ouvrières. Pour lui le voyage était une leçon d'histoire et de géographie.

Le 1er ministre de l'époque disait sur les Cook's Tour qu'ils étaient d'une grande contribution au progrès de l'humanité.

Thomas Cook était un pacifiste, il pensait que le voyage allait rapprocher les peuples et créer une ouverture d'esprit. Qu'en apprenant à se connaître, les guerres disparaitraient.

Pour lui le voyage faisait partie de l'éducation de la population," nous confiait Béatrix de L'Aulnoit, la biographe du créateur des agences de voyages.

Demain avec des frontières fermées et une relation à l'autre conflictuelle, notre secteur sera grandement stigmatisé.

La redécouverte de la France, notre beau et vieux pays essoufflé, ne doit avoir comme justification que celle environnementale, elles ne doivent être ni par eugénisme, ni par retranchement ou par consanguinité.

Le voyage casse les frontières et les aprioris, il permet de découvrir l'autre qu'il soit ici ou là-bas.

"Le tourisme est facteur de paix, dire les choses de cette façon peut paraitre simpliste. Souvent l'autre, l'étranger, le différent est stigmatisé, comme étant l'ennemi.

Le tourisme en permettant la rencontre, la découverte de l'autre, atténue, voire fait disparaitre cette crainte. Rencontrer l'autre soit en le visitant ou en l'accueillant, c'est aussi se rendre compte qu'il n'est pas très différent de soi," analyse Sophie Lacour, dans sa vidéo envoyée à TourMaG.com.

Alors que le tourisme devrait battre tous les records d'activité, avec plus de 1,4 milliard de touristes attendus en 2024, que s'est-il passé pour que ces belles promesses ne soient pas tenues ?

Tout d'abord et comme d'autres secteurs, le voyage exclut de plus en plus.

"Le tourisme est la liberté, fraternité et égalité, j'aimerais revenir sur cette dernière notion.

L'année dernière un ouvrier sur deux n'est pas parti en vacances, aux dernières élections européennes, un ouvrier sur deux a voté Rassemblement National. Il est certain que le tourisme est un levier d'émancipation, d'ouverture d'esprit, d'ouverture à l'autre," estime Yannick Cabrol.

La fondation Jean Jaurès, dans une étude réalisée en 2023, rapportait que partir quelques jours ne résout pas tous les maux, mais ne pas partir crée alors un sentiment de honte, de profonde frustration, "au point que certains préfèrent ne pas en parler autour d’eux, voire mentir."

Notons qu'en France, le pays des congés payés et du tourisme, le taux de départ en vacances plafonne depuis près de 40 ans autour de 60%, quand il est de 75% en Allemagne et au Royaume-Uni, 80% aux Pays-Bas.

D'ailleurs à la veille du grand chassé-croisé estival de 2023, six députés Nupes (devenu depuis le Nouveau Front populaire) ont élaboré une proposition de loi pour permettre le droit aux vacances pour tous et toutes.

Les élus plaidaient pour la création d'une véritable politique des vacances, afin de resocialiser le temps libre, dans le but de ne laisser personne au bord de la route et de faire corps.

Un constat que partage Rémy Knafou.

"Le tourisme, c'est du lien social, les vacances sont une composante trop souvent oubliée de la citoyenneté, or celle-ci est mise à mal lorsque près d'un Français sur deux ne part pas en vacances.

Favoriser le départ, en vacances de ceux qui ne partent pas, est facteur de justice sociale, d'apaisement des tensions dans les quartiers les plus défavorisés et un antidote à la xénophobie," affirme le professeur émérite de l'université Paris - Panthéon-Sorbonne.

Ne pas déconnecter de son quotidien peut conduire à un repli sur soi, une haine de l'autre, de celui qui part, mais aussi de celui qui arrive.

Pour le chercheur et enseignant, Francesco Screti spécialisé dans l’analyse du discours des médias et du discours politique, la montée dans les médias de la notion du surtourisme s'inscrit dans un cadre plus large, celle de la montée du discours de l'extrême droite.

Pour l'un de ses articles, il base sa réflexion sur le documentaire "Tourist go home !" qui présente une vision véhiculant une anxiété culturelle et économique associée à au tourisme.

"L’anxiété culturelle repose sur la construction d’un danger pour les personnes et les lieux qui seraient menacés par l’arrivée de nombreux « autres ». Cela fait écho au discours anti-immigration, caractéristique du populisme de droite.

On y retrouve des stratégies discursives telles que l’incitation à la peur, la glorification du passé, la division entre les locaux et les étrangers, la personnalisation de l’autre, ainsi que l’utilisation de métaphores du danger et de la quantification," rapporte le site agrobiosciences, pour décrire la pensée du chercheur.

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