Amis pilotes (et pourquoi pas conducteurs de métro) quand cela est possible parlez-nous et à coup sûr vous ferez des heureux. - Crédit : Déposit photos
Par beau temps et comme le chantait Michel Delpech, "la terre est un paradis vu d’avion."
Un hublot peut se transformer en une magnifique fenêtre sur la beauté du monde.
Avant, il n’était pas rare que les pilotes signalent ou précisent le nom d d’un site, d’un fleuve et de son méandre brillant dans le lointain, d’une petite cité ou encore d’une île dans la douce lumière du couchant.
Cette pratique est devenue malheureusement assez rare et c’est dommage. Pour l’avoir vécue assez souvent dans le passé, elle participe à un moment de partage, de convivialité et de sociabilité entre cette communauté, équipage et passagers, ensemble, pendant quelques heures au-dessus de la terre.
La vue et le plaisir seront le même pour le passager de la première classe comme celui de la classe éco… et ils ne sont pas (encore) facturé en supplément dans le prix du billet.
Un hublot peut se transformer en une magnifique fenêtre sur la beauté du monde.
Avant, il n’était pas rare que les pilotes signalent ou précisent le nom d d’un site, d’un fleuve et de son méandre brillant dans le lointain, d’une petite cité ou encore d’une île dans la douce lumière du couchant.
Cette pratique est devenue malheureusement assez rare et c’est dommage. Pour l’avoir vécue assez souvent dans le passé, elle participe à un moment de partage, de convivialité et de sociabilité entre cette communauté, équipage et passagers, ensemble, pendant quelques heures au-dessus de la terre.
La vue et le plaisir seront le même pour le passager de la première classe comme celui de la classe éco… et ils ne sont pas (encore) facturé en supplément dans le prix du billet.
Une façon de voyager très individualiste, cloisonnée
Alors pourquoi nos amis pilotes, prennent-ils, moins souvent la peine d’indiquer ce que l’on peut observer depuis l’avion alors qu’eux-mêmes décrivent très souvent leur cockpit comme le "bureau avec la plus belle vue du monde" ?
Peut-être pensent-ils en observant les comportements des passagers qu’ils seraient moins intéressés par ce que l’on peut observer dehors ?
Il est vrai que nos comportements sont de plus en plus de très individualiste, cloisonnés, et le voyage n'y échappe pas.
Tout nous pousse en ce sens. Avec le développement de la connectivité, nos smartphones ou tablettes, l’attention du voyageur se focalise sur un écran. Il est dans son monde… Do not disturb !
Avec un casque sur les oreilles, son écran individuel personnel ou dans le dossier de siège devant lui, il devient moins disponible.
Désormais blindée et verrouillée à double tour pendant tout le vol, la porte du poste de pilotage semble elle aussi participer à cette rupture du lien entre les pilotes et les passagers.
L’émerveillement d’un voyageur, à qui, on avait permis une visite dans le cockpit au-dessus de la cordillère des Andes entre Quito et Lima (les belles années de feu la compagnie AOM) reste un très beau souvenir de ma vie de PNC.
Aujourd’hui, et on peut le comprendre, finies les « visites de poste » pendant le vol ou l’espace d’un instant une porte s’ouvrait sur la splendeur du firmament.
On s’isole physiquement, ce qui devrait encourager à cultiver le lien par micro interposé, car heureusement, il reste les hublots pour apprécier les paysages.
Peut-être pensent-ils en observant les comportements des passagers qu’ils seraient moins intéressés par ce que l’on peut observer dehors ?
Il est vrai que nos comportements sont de plus en plus de très individualiste, cloisonnés, et le voyage n'y échappe pas.
Tout nous pousse en ce sens. Avec le développement de la connectivité, nos smartphones ou tablettes, l’attention du voyageur se focalise sur un écran. Il est dans son monde… Do not disturb !
Avec un casque sur les oreilles, son écran individuel personnel ou dans le dossier de siège devant lui, il devient moins disponible.
Désormais blindée et verrouillée à double tour pendant tout le vol, la porte du poste de pilotage semble elle aussi participer à cette rupture du lien entre les pilotes et les passagers.
L’émerveillement d’un voyageur, à qui, on avait permis une visite dans le cockpit au-dessus de la cordillère des Andes entre Quito et Lima (les belles années de feu la compagnie AOM) reste un très beau souvenir de ma vie de PNC.
Aujourd’hui, et on peut le comprendre, finies les « visites de poste » pendant le vol ou l’espace d’un instant une porte s’ouvrait sur la splendeur du firmament.
On s’isole physiquement, ce qui devrait encourager à cultiver le lien par micro interposé, car heureusement, il reste les hublots pour apprécier les paysages.
Faire se tourner les tĂŞtes
Et lĂ je dis : "Mesdames et messieurs les pilotes, parlez-nous !". Ne renoncez pas Ă nous faire tourner la tĂŞte vers les paysages uniques que peut procurer ce moyen de transport Ă nul autre pareil.
Même si, suivant le siège occupé, tout le monde ne peut pas en profiter, vous ferez des heureux. Vous contribuerez aussi et c’est utile par les temps qui courent, à remettre de la majesté dans le voyage aérien.
Au loin ou sous les ailes, tout le monde ne sait pas forcément de quel site de quelle ville il s’agit. Si cela est possible, n’hésitez pas à préciser ce qui défile en dessous.
Voyez par exemple le petit vol Brest – Paris CDG :
Par beau temps et sur la droite il devrait être obligatoire d’indiquer après une vingtaine de minutes de vol, le Mont-Saint-Michel, et là -bas les remparts de Saint-Malo avec, devant, cet îlot qu’on peut distinguer, celui du Grand Bé, tombeau de Chateaubriand, classé au titre des monuments historiques et éternellement tourné vers la mer...
Et moi si j’étais pilote je ferais passer par le biais du public adress (le micro pour parler aux passagers) cette belle citation de Flaubert :
« Il dormira là -dessous, la tête tournée vers la mer ; dans ce sépulcre bâti sur un écueil, son immortalité sera comme fut sa vie, déserte des autres et entourée d'orages. ». Cadeau !
Même si, suivant le siège occupé, tout le monde ne peut pas en profiter, vous ferez des heureux. Vous contribuerez aussi et c’est utile par les temps qui courent, à remettre de la majesté dans le voyage aérien.
Au loin ou sous les ailes, tout le monde ne sait pas forcément de quel site de quelle ville il s’agit. Si cela est possible, n’hésitez pas à préciser ce qui défile en dessous.
Voyez par exemple le petit vol Brest – Paris CDG :
Par beau temps et sur la droite il devrait être obligatoire d’indiquer après une vingtaine de minutes de vol, le Mont-Saint-Michel, et là -bas les remparts de Saint-Malo avec, devant, cet îlot qu’on peut distinguer, celui du Grand Bé, tombeau de Chateaubriand, classé au titre des monuments historiques et éternellement tourné vers la mer...
Et moi si j’étais pilote je ferais passer par le biais du public adress (le micro pour parler aux passagers) cette belle citation de Flaubert :
« Il dormira là -dessous, la tête tournée vers la mer ; dans ce sépulcre bâti sur un écueil, son immortalité sera comme fut sa vie, déserte des autres et entourée d'orages. ». Cadeau !
Réveiller l’imaginaire
Vos annonces, mesdames et messieurs les pilotes contribueront à réveiller l’imaginaire, faire se détourner les regards des écrans virtuels pour apprendre, pour profiter, pour méditer, pour rêver.
Un commandant de bord avec qui j’en ai discuté m’a objecté qu’aujourd’hui les passagers avaient la géovision sur leurs écrans individuels pour se situer. Cela est vrai sur les longs courriers. La géovision indique certes une position mais c’est un peu court.
À bord du vol d’American Arline CDG – Miami que je suis en ce moment sur un site spécialisé, je vois l’avion longer les côtes françaises.
Les passagers américains savent-ils seulement qu'ils peuvent apercevoir Omaha beach, la Pointe du Hoc et les plages du débarquement ? Ces terres de Normandie, là où leurs ancêtres ont débarqué et où beaucoup reposent à jamais ?
D’une belle « vue sur mer » les pilotes, juste en quelques mots, peuvent transformer ce moment en quelque chose de plus fort, d'unique, un moment de mémoire, d’histoire, de souvenir.
Un commandant de bord avec qui j’en ai discuté m’a objecté qu’aujourd’hui les passagers avaient la géovision sur leurs écrans individuels pour se situer. Cela est vrai sur les longs courriers. La géovision indique certes une position mais c’est un peu court.
À bord du vol d’American Arline CDG – Miami que je suis en ce moment sur un site spécialisé, je vois l’avion longer les côtes françaises.
Les passagers américains savent-ils seulement qu'ils peuvent apercevoir Omaha beach, la Pointe du Hoc et les plages du débarquement ? Ces terres de Normandie, là où leurs ancêtres ont débarqué et où beaucoup reposent à jamais ?
D’une belle « vue sur mer » les pilotes, juste en quelques mots, peuvent transformer ce moment en quelque chose de plus fort, d'unique, un moment de mémoire, d’histoire, de souvenir.
Prendre quelques secondes pour une annonce
On m’objectera aussi qu'on n'est pas aux commandes d’un avion pour faire le guide touristique et que certains passagers qui veulent profiter d’un vol pour se reposer n’apprécient pas forcément les annonces en permanence.
Tout cela est vrai et loin de moi l’idée de suggérer une litanie permanente d’annonces « géographiques » . Safety first comme disent les aviateurs. Piloter : c’est être concentré sur la conduite du vol.
Cependant, et si les conditions le permettent, peut-il y avoir la place durant le vol pour une ou deux annonces qui ne prendront qu’une vingtaine de secondes ? Je le pense.
L’été dernier, j’étais sur un vol Paris – La Réunion qui décollait en fin d’après-midi. Pas d’annonces venant du cockpit à part celle de sécurité avant le décollage.
Dommage de ne pas nous avoir signalé le Mont-Blanc et plus tard, dans l’obscurité naissante, la baie de Naples et le Vésuve.
Tout cela est vrai et loin de moi l’idée de suggérer une litanie permanente d’annonces « géographiques » . Safety first comme disent les aviateurs. Piloter : c’est être concentré sur la conduite du vol.
Cependant, et si les conditions le permettent, peut-il y avoir la place durant le vol pour une ou deux annonces qui ne prendront qu’une vingtaine de secondes ? Je le pense.
L’été dernier, j’étais sur un vol Paris – La Réunion qui décollait en fin d’après-midi. Pas d’annonces venant du cockpit à part celle de sécurité avant le décollage.
Dommage de ne pas nous avoir signalé le Mont-Blanc et plus tard, dans l’obscurité naissante, la baie de Naples et le Vésuve.
Addiction aux Ă©crans
Plus généralement et au-delà de l’avion, notre addiction aux écrans nous empêche d’apprécier le paysage lors d’un voyage ou d’un déplacement.
Vous pouvez faire l’expérience aussi avec le métro parisien quand il a l'opportunité de "s’envoler" pour devenir le "métro aérien".
Choisissez de monter à la station Passy par un beau soir, direction Nation, à l’heure où la tour Eiffel s’illumine.
Quand votre wagon arrive au-dessus de la Seine, regardez combien de personnes détournent leurs regards de leur smartphone pour voir ce que certains rêvent de voir au moins une fois dans leur vie. Malaise…
Alors oui, amis pilotes (et pourquoi pas conducteurs de métro) quand cela est possible parlez-nous, et à coup sûr vous ferez des heureux.
Dans une société où l’on observe souvent un phénomène de repli sur soi, honneur à ceux qui par une simple annonce, nous redonnent du plaisir et l’opportunité d’apprécier encore mieux, et en communion avec les autres, le spectacle du monde.
Vous pouvez faire l’expérience aussi avec le métro parisien quand il a l'opportunité de "s’envoler" pour devenir le "métro aérien".
Choisissez de monter à la station Passy par un beau soir, direction Nation, à l’heure où la tour Eiffel s’illumine.
Quand votre wagon arrive au-dessus de la Seine, regardez combien de personnes détournent leurs regards de leur smartphone pour voir ce que certains rêvent de voir au moins une fois dans leur vie. Malaise…
Alors oui, amis pilotes (et pourquoi pas conducteurs de métro) quand cela est possible parlez-nous, et à coup sûr vous ferez des heureux.
Dans une société où l’on observe souvent un phénomène de repli sur soi, honneur à ceux qui par une simple annonce, nous redonnent du plaisir et l’opportunité d’apprécier encore mieux, et en communion avec les autres, le spectacle du monde.
Publié par Christophe Hardin
Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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