Faire preuve d'une grande adaptabilité est l'une des qualités premières pour travailler dans le tourisme.
Il est indispensable d'être extrêmement flexible face aux demandes parfois farfelues des clients, aux aléas climatiques, politiques, géopolitiques... mais aussi d'affronter l'émergence des nouveaux entrants sur le marché... qui ne sont pas toujours en règle.
Nous parlons là , des "coachs en voyages", "travel planners" et autres "courtiers en voyage", comme les a désignés Frédéric d'Hauthuille, dans une chronique qui a fait grand bruit dans la profession.
L'activité de ces personnes est parfois border line voir carrément hors des clous. Mais certaines d'entre elles, arrivent à facturer le "conseil" délivré alors que les agents de voyages ont du mal à faire valoir leur valeur ajoutée.
Et pourtant, si les travel planner prolifèrent, c'est avant tout parce qu'il existe un marché. Un marché auquel les agents de voyages ne semblent pas répondre.
Après avoir quitté Airbus en 2018, Claire Matillon s'est lancée dans le voyage.
Il est indispensable d'être extrêmement flexible face aux demandes parfois farfelues des clients, aux aléas climatiques, politiques, géopolitiques... mais aussi d'affronter l'émergence des nouveaux entrants sur le marché... qui ne sont pas toujours en règle.
Nous parlons là , des "coachs en voyages", "travel planners" et autres "courtiers en voyage", comme les a désignés Frédéric d'Hauthuille, dans une chronique qui a fait grand bruit dans la profession.
L'activité de ces personnes est parfois border line voir carrément hors des clous. Mais certaines d'entre elles, arrivent à facturer le "conseil" délivré alors que les agents de voyages ont du mal à faire valoir leur valeur ajoutée.
Et pourtant, si les travel planner prolifèrent, c'est avant tout parce qu'il existe un marché. Un marché auquel les agents de voyages ne semblent pas répondre.
Après avoir quitté Airbus en 2018, Claire Matillon s'est lancée dans le voyage.
Devenue travel planner, car la profession ne lui a pas laissé sa chance
L'ancienne ingénieure spécialiste de l'A380 s'est vite rendu compte de la complexité du métier. Et elle a rapidement compris qu'il ne serait pas facile de se faire une place dans le monde des opérateurs de voyages, qu'elle juge assez conservateur.
Après avoir beaucoup voyagé, la deuxième ligne du club Vendée Rugby Féminin, a voulu mettre à profit son expérience.
"Je suis partie un mois avec des éleveurs de chèvres en Mongolie et là j'ai eu un déclic. Je devais me lancer.
J'ai alors postulé dans des agences de voyages, pensant qu'avec mon master en management international du transport aérien, ma candidature serait prise au sérieux" nous confie la fondatrice de Salmon Voyages.
Malgré des qualités dans la gestion d'équipe, la création de process, et la maitrise de 4 langues... elle a été recalée à 4 reprises pour l'absence d'un BTS Tourisme sur son CV.
Claire Matillon décide alors de passer outre et de franchir le cap comme une grande.
"C'est très français de ne pas juger un candidat sur l'expérience, mais uniquement sur les diplômes. Je me suis dit que j'allais créer quelque chose de mieux."
Nous sommes en 2018 et Claire Matillon se lance en tant que travel planner. Pour débuter, elle s'appuie alors sur son réseau personnel : la famille, les amis et le rugby...
Après avoir beaucoup voyagé, la deuxième ligne du club Vendée Rugby Féminin, a voulu mettre à profit son expérience.
"Je suis partie un mois avec des éleveurs de chèvres en Mongolie et là j'ai eu un déclic. Je devais me lancer.
J'ai alors postulé dans des agences de voyages, pensant qu'avec mon master en management international du transport aérien, ma candidature serait prise au sérieux" nous confie la fondatrice de Salmon Voyages.
Malgré des qualités dans la gestion d'équipe, la création de process, et la maitrise de 4 langues... elle a été recalée à 4 reprises pour l'absence d'un BTS Tourisme sur son CV.
Claire Matillon décide alors de passer outre et de franchir le cap comme une grande.
"C'est très français de ne pas juger un candidat sur l'expérience, mais uniquement sur les diplômes. Je me suis dit que j'allais créer quelque chose de mieux."
Nous sommes en 2018 et Claire Matillon se lance en tant que travel planner. Pour débuter, elle s'appuie alors sur son réseau personnel : la famille, les amis et le rugby...
Travel planners : business modèle et fonctions ?
Elle crée ses premiers itinéraires sur Powerpoint, sans aucun outil professionnel.
Et petit à petit, le bouche-à -oreille fait son œuvre. Salmon Voyages se constitue une clientèle et se retrouve rapidement dans le viseur des agences de voyages.
"J'apporte la connaissance des destinations, mais aussi du voyage tout simplement. Des personnes me contactent, alors qu'elles n'ont jamais pris l'avion.
L'accompagnement se base sur la préparation du voyage, mais aussi sur un besoin de réassurance et de gagner du temps. Je suis également disponible durant le séjour," énumère la gérante de l'agence.
En quelques mois la mayonnaise prend.
Pour se rémunérer, elle met en place un système de rémunération fixe, en fonction du temps du séjour et du nombre d'adultes. Des forfaits spéciaux sont aussi proposés pour des devis, avec des itinéraires sur-mesure en fonction du nombre d'étapes.
Les dossiers affluent, puis le covid arrive.
Alors que le virus signe l'arrêt de l'industrie, l'activité de Claire Matillon est dénoncée à la répression des fraudes, par les Entreprises du Voyage, pour exercice illégal de la profession.
"J'étais persuadée que je n'avais pas à immatriculer, mais la répression des fraudes m'a dit de le prouver.
J'ai payé des avocats pour qu'ils fassent ce travail, mais ils m'ont dit que je n'avais pas le choix. Il était hors de question que je ferme mon entreprise. Je me suis donc lancée dans les démarches pour me mettre en règle."
Et petit à petit, le bouche-à -oreille fait son œuvre. Salmon Voyages se constitue une clientèle et se retrouve rapidement dans le viseur des agences de voyages.
"J'apporte la connaissance des destinations, mais aussi du voyage tout simplement. Des personnes me contactent, alors qu'elles n'ont jamais pris l'avion.
L'accompagnement se base sur la préparation du voyage, mais aussi sur un besoin de réassurance et de gagner du temps. Je suis également disponible durant le séjour," énumère la gérante de l'agence.
En quelques mois la mayonnaise prend.
Pour se rémunérer, elle met en place un système de rémunération fixe, en fonction du temps du séjour et du nombre d'adultes. Des forfaits spéciaux sont aussi proposés pour des devis, avec des itinéraires sur-mesure en fonction du nombre d'étapes.
Les dossiers affluent, puis le covid arrive.
Alors que le virus signe l'arrêt de l'industrie, l'activité de Claire Matillon est dénoncée à la répression des fraudes, par les Entreprises du Voyage, pour exercice illégal de la profession.
"J'étais persuadée que je n'avais pas à immatriculer, mais la répression des fraudes m'a dit de le prouver.
J'ai payé des avocats pour qu'ils fassent ce travail, mais ils m'ont dit que je n'avais pas le choix. Il était hors de question que je ferme mon entreprise. Je me suis donc lancée dans les démarches pour me mettre en règle."
Travel Planner : "Aujourd'hui je remercie la personne qui m'a dénoncé à la répression"
Elle se bat alors pour obtenir son immatriculation et une garantie APST, alors même que son entreprise est exsangue. Pendant la pandémie, le garant à la Coccinelle avait fermé les vannes.
"C'était un vrai combat et aujourd'hui je remercie la personne qui m'a fait le cadeau de me dénoncer à la répression des fraudes. Elle m'a fait grandir, je n'en serais pas là où j'en suis à l'heure actuelle.
A l'époque j'avais pris beaucoup d'ampleur, je me suis faite remarquer et je ne pouvais plus concevoir de faire mon métier dans l'ombre," estime la fondatrice de Salmon Voyages.
Finalement, la dénonciation a été vécue comme un chemin de rédemption.
Elle a permis à l'agence une fois immatriculée de pouvoir travailler en plein jour, mais aussi de grandir. Dorénavant, Claire Matillon a ses bureaux, une associée et une salariée. Elle rêve de s'installer à New York.
Tel le saumon qui remonte les rivières à contrecourant, Salmon Voyages a remonté les fils du Code du tourisme.
DĂ©sormais dans les clous, il n'est pas question pour elle de s''affubler de l'Ă©tiquette d'agent de voyages, ni mĂŞme de vendre des transports et packages. Car Claire Matillon et son Ă©quipe s'occupent... du conseil et rien que du conseil.
Exit les réservations, exit IATA et les tracas qui vont avec : "Je veux rester dans mon modèle, celui de travel planner, j'y crois fort.
Même avec l'immatriculation, je ne fais aucune réservation. Je suis convaincue qu'il y a du boulot pour tout le monde, aussi bien les travel planners que les agents de voyages.
Et vous savez, cela me fait plaisir de travailler avec des agences quand je ne sais pas ou que je ne peux pas faire" témoigne, apaisée, celle qui cherche un nouveau nom pour définir son métier.
"C'était un vrai combat et aujourd'hui je remercie la personne qui m'a fait le cadeau de me dénoncer à la répression des fraudes. Elle m'a fait grandir, je n'en serais pas là où j'en suis à l'heure actuelle.
A l'époque j'avais pris beaucoup d'ampleur, je me suis faite remarquer et je ne pouvais plus concevoir de faire mon métier dans l'ombre," estime la fondatrice de Salmon Voyages.
Finalement, la dénonciation a été vécue comme un chemin de rédemption.
Elle a permis à l'agence une fois immatriculée de pouvoir travailler en plein jour, mais aussi de grandir. Dorénavant, Claire Matillon a ses bureaux, une associée et une salariée. Elle rêve de s'installer à New York.
Tel le saumon qui remonte les rivières à contrecourant, Salmon Voyages a remonté les fils du Code du tourisme.
DĂ©sormais dans les clous, il n'est pas question pour elle de s''affubler de l'Ă©tiquette d'agent de voyages, ni mĂŞme de vendre des transports et packages. Car Claire Matillon et son Ă©quipe s'occupent... du conseil et rien que du conseil.
Exit les réservations, exit IATA et les tracas qui vont avec : "Je veux rester dans mon modèle, celui de travel planner, j'y crois fort.
Même avec l'immatriculation, je ne fais aucune réservation. Je suis convaincue qu'il y a du boulot pour tout le monde, aussi bien les travel planners que les agents de voyages.
Et vous savez, cela me fait plaisir de travailler avec des agences quand je ne sais pas ou que je ne peux pas faire" témoigne, apaisée, celle qui cherche un nouveau nom pour définir son métier.
Travel planner : "Il faut l'encadrer pour limiter ses dérives"
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Depuis son immatriculation, mais surtout la prolifération tous azimuts des travel planners, Claire Matillon se détache petit à petit de ses confrères. Ne lui parlez pas pour autant de travel designer, un nom trop pompeux et marketé.
"Je suis moi aussi prise d'un doute concernant mon métier. Aujourd'hui sur les réseaux sociaux, les travel planners se multiplient, et cela devient n'importe quoi.
C'est devenu un métier poubelle, attirant des personnes sans réelles compétences, alors que derrière, il y a de la gestion d'entreprise et des responsabilités. Ce n'est pas une activité à prendre à la légère," tacle la 2e ligne.
Depuis quelques années, certains néo-professionnels sont un peu moins consciencieux que la responsable de Salmon Voyages.
A la faveur du Far West régnant sur les réseaux sociaux, des influenceurs ou des particuliers se lancent dans l'aventure, sans même se conformer à la loi.
Toute une population qui fait du tort Ă l'ensemble de l'industrie touristique.
A lire : Snapchat, Instagram... : comment Ă©viter les arnaques dans le voyage ?
"Il faut l'encadrer pour limiter ses dérives. Si demain je n'ai plus besoin de mon immatriculation pour exercer, je ne suis pas sûre pour autant que je la laisserai de côté. Cette immatriculation me légitimise sur le marché.
D'ailleurs avec d'autres travel planners nous avions travaillé pour créer une licence/immatriculation dédiée à ce métier, afin de limiter la prolifération de profils qui donnent une mauvaise image du métier,".
Si l'idée a vite été abandonnée, Claire Matillon se tient à disposition pour réfléchir à l'avenir de cette profession.
Tout comme, Thierry Prengère qui proposait dans TourMag.com la création non seulement d'une norme ou certification pour les agences de voyages, mais aussi une sous licence pour les... travel planners.
Les Entreprises du Voyage arriveront-elles à réconcilier ces cousins ennemis ?
"Je suis moi aussi prise d'un doute concernant mon métier. Aujourd'hui sur les réseaux sociaux, les travel planners se multiplient, et cela devient n'importe quoi.
C'est devenu un métier poubelle, attirant des personnes sans réelles compétences, alors que derrière, il y a de la gestion d'entreprise et des responsabilités. Ce n'est pas une activité à prendre à la légère," tacle la 2e ligne.
Depuis quelques années, certains néo-professionnels sont un peu moins consciencieux que la responsable de Salmon Voyages.
A la faveur du Far West régnant sur les réseaux sociaux, des influenceurs ou des particuliers se lancent dans l'aventure, sans même se conformer à la loi.
Toute une population qui fait du tort Ă l'ensemble de l'industrie touristique.
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"Il faut l'encadrer pour limiter ses dérives. Si demain je n'ai plus besoin de mon immatriculation pour exercer, je ne suis pas sûre pour autant que je la laisserai de côté. Cette immatriculation me légitimise sur le marché.
D'ailleurs avec d'autres travel planners nous avions travaillé pour créer une licence/immatriculation dédiée à ce métier, afin de limiter la prolifération de profils qui donnent une mauvaise image du métier,".
Si l'idée a vite été abandonnée, Claire Matillon se tient à disposition pour réfléchir à l'avenir de cette profession.
Tout comme, Thierry Prengère qui proposait dans TourMag.com la création non seulement d'une norme ou certification pour les agences de voyages, mais aussi une sous licence pour les... travel planners.
Les Entreprises du Voyage arriveront-elles à réconcilier ces cousins ennemis ?