Tour-operating : quand les compagnies aériennes sortent l’artillerie lourde [ABO]

Cela ne vous aura pas échappé : les compagnies aériennes veulent croquer à pleines dents dans la pomme du business des voyages packagés.

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L'idée est loin d'être nouvelle. Un peu comme dans la mode, qui ne se démode jamais, dans le tourisme aussi, nous avons l'impression d'avoir déjà vécu ce moment-là...

Rappelez-vous Air France et Jet tours...

C'est ainsi qu'à l'instar d'Easyjet ou Emirates (liste non-exhaustive), les compagnies possèdent désormais leur version "Holidays".

En Allemagne, un poids lourd vient aussi de franchir le cap. Il s'agit d'Eurowings qui a décidé de donner un grand coup d'accélérateur à son offre de vacances.

La filiale de Lufthansa vient tout bonnement de créer Eurowings Holidays GmbH, une structure qui sera opérationnelle le 1er avril.

Elle met la main sur les collaborateurs et les systèmes informatiques touristiques de Karlheinz Kögel, entrepreneur réputé dans le secteur des médias et du tourisme à Baden-Baden (dont fait partie le Groupe HLX).

Objectif : ni plus ni moins, faire entrer Eurowings Holidays dans le Top 10 des tour-opérateurs allemands. Et pour ceux qui connaissent l'appétence du marché allemand pour les vacances, ce n'est pas rien !

Et pour doper encore davantage le voyagiste, une autre branche d'Eurowings, Eurowings Digital GmbH, spécialisée dans les domaines de l'e-commerce électronique, de la data et de l'intelligence artificielle (IA), travaillera aussi à son développement.

Pour résumer, le groupe Lufthansa sort l'artillerie lourde pour pour surfer sur la tendance qui semble porteuse. En effet, Easyjet a vu son bénéfice net progresser de 40% sur son exercice 2023/2024.

Ces résultats ont notamment été portés par l'offre de séjours Easyjet Holidays, qui a vu sa clientèle augmenter de 36% d'une année sur l'autre. Ses bénéfices avant impôts ont progressé de 56% !

Bref, il semble que le secteur devra faire avec. Air France veut aussi sa part du gâteau. La compagnie tricolore a également dépoussiéré sa "Collection Air France" pour en faire, elle aussi, une version Holidays... Ceci à coup d'offres alléchantes, de "garantie du meilleur prix" et de paiement fractionné.

Si les compagnies ont un réel avantage concurrentiel en matière de prix sur le transport, et d'accès aux stocks, elles séduisent aussi les consommateurs avec des offres commerciales imbattables : acomptes réduits, possibilité de modifier la réservation sans frais ou encore possibilité d'annuler à un "prix raisonnable"...

À l'heure où les instances représentatives de la profession se battent contre la limitation des acomptes dans le cadre de la révision de la directive européenne des voyages à forfait, les compagnies aériennes version tour-operating n'hésitent pas, elles, à faire valoir cet argument !

Une position qui doit sans doute plaire à nos législateurs européens, toujours prêts à protéger davantage les consommateurs. Vous me direz que ce serait bien que nos chères compagnies en fassent autant avec les billets secs...

Payer deux, trois, voire... six mois à l'avance, l'intégralité d'un billet d'avion ne semble chagriner personne...

Reste à savoir jusqu’où les compagnies pousseront leurs pions pour capter les voyageurs loisirs.

Car si les transporteurs aériens bénéficient d’une maîtrise sans égale du transport, ils devront encore démontrer qu’ils sont en mesure de gérer toute la complexité du métier de voyagiste. Service client, assistance sur place, gestion des imprévus : autant de points sur lesquels les spécialistes du secteur gardent encore une longueur d’avance.

Cet argument suffira-t-il pour convaincre les consommateurs de ne pas céder aux sirènes des Holidays & Co ?

Une chose est sûre : la bataille ne fait que commencer. Et dans ce grand jeu de chaises musicales du tourisme, les lignes risquent encore de bouger…