Didier Arino (Protourisme) sur la saison touristique Printemps - été : "Nous sommes sur des chiffres records à la fois pour le printemps mais aussi pour l'été, où les bookings sont très avancées" - DR
TourMaG.com - Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme a annoncé lors de son dernier point presse : "Il va falloir se préparer à faire face à cette envie de vacances en France". L'année 2022 pourrait-elle être une année record pour le tourisme en France ?
Didier Arino : Effectivement le taux de départs est en très forte croissance. Nous restons en fait sur une tendance durable : l'été 2021 a été très bon, l'automne a été bon, Noël excellent, les vacances de février également.
Pour 2022, seul l'été est à des niveaux légèrement inférieurs à ceux de 2021, car la période estivale l'an dernier a concentré tous les départs avec les différentes mesures de freinage mises en place l'hiver et au début du printemps.
Mais cette légère baisse sur l'été est largement compensée par le retour des clientèles européennes. A côté des marchés du Nord de l'Europe, les clientèles du Sud - Italie, Espagne et Portugal - font notamment une belle percée.
Globalement pour la saison printemps-été, les réservations atteignent de très hauts niveaux. Nous sommes sur une croissance à deux chiffres pour tous les types d'hébergements, c'est du jamais vu.
TourMaG.com - Comment évolue le tourisme urbain, qui a été l'un des secteurs qui a beaucoup souffert de la pandémie ?
Didier Arino : Le tourisme urbain, qui était effectivement en retrait ces dernières années, refait son retard avec le retour des clientèles étrangères. Mais nous constatons également une reprise des Français sur le tourisme urbain, notamment ce printemps.
Paris par exemple tourne très bien avec les clientèles françaises qui ont retrouvé le chemin de la capitale. Pour la première fois depuis 2019, le chiffre d'affaires de l'hébergement touristique à Paris en avril 2022 a été supérieur à celui de 2019. C'est une vraie une nouveauté !
Il faut mettre en perspective cette croissance avec le chiffre d'affaires de l'hôtellerie parisienne qui était en retrait de 30% de janvier à mars 2022 par rapport à la même période de 2019.
Didier Arino : Effectivement le taux de départs est en très forte croissance. Nous restons en fait sur une tendance durable : l'été 2021 a été très bon, l'automne a été bon, Noël excellent, les vacances de février également.
Pour 2022, seul l'été est à des niveaux légèrement inférieurs à ceux de 2021, car la période estivale l'an dernier a concentré tous les départs avec les différentes mesures de freinage mises en place l'hiver et au début du printemps.
Mais cette légère baisse sur l'été est largement compensée par le retour des clientèles européennes. A côté des marchés du Nord de l'Europe, les clientèles du Sud - Italie, Espagne et Portugal - font notamment une belle percée.
Globalement pour la saison printemps-été, les réservations atteignent de très hauts niveaux. Nous sommes sur une croissance à deux chiffres pour tous les types d'hébergements, c'est du jamais vu.
TourMaG.com - Comment évolue le tourisme urbain, qui a été l'un des secteurs qui a beaucoup souffert de la pandémie ?
Didier Arino : Le tourisme urbain, qui était effectivement en retrait ces dernières années, refait son retard avec le retour des clientèles étrangères. Mais nous constatons également une reprise des Français sur le tourisme urbain, notamment ce printemps.
Paris par exemple tourne très bien avec les clientèles françaises qui ont retrouvé le chemin de la capitale. Pour la première fois depuis 2019, le chiffre d'affaires de l'hébergement touristique à Paris en avril 2022 a été supérieur à celui de 2019. C'est une vraie une nouveauté !
Il faut mettre en perspective cette croissance avec le chiffre d'affaires de l'hôtellerie parisienne qui était en retrait de 30% de janvier à mars 2022 par rapport à la même période de 2019.
29 millions de Français envisagent de partir ou sont déjà partis au printemps
TourMaG.com - Plus globalement, le printemps tire-t-il son épingle du jeu ?
Didier Arino : Les opérateurs du tourisme enregistrent des taux de réservation extrêmement importants ce printemps par rapport à 2019.
Les campings démarrent très fort, beaucoup mieux qu'en 2019. Les locations de meublés, Gîtes de France... cartonnent. Si pour les opérateurs de villages vacances le bilan est plus contrasté, certains tirent véritablement leur épingle du jeu comme Center Parcs qui bat des recors de fréquentation.
Les chiffres sont assez exceptionnels. 29 millions de Français envisagent de partir ou sont déjà partis au printemps, soit 2 millions de plus qu'en 2019. 2022 sera une année record des nuitées générées par le tourisme d'agrément sur les clientèles françaises.
Ce que l'on constate globalement sur les pratiques touristiques, c'est que dans la tête des Français, la Covid-19 apparait comme étant presque dernière nous.
TourMaG.com - Et sur l'été, où en sont les réservations ?
Didier Arino : Nous sommes sur des chiffres records à la fois pour le printemps mais aussi pour l'été, où les bookings sont très avancées.
En fonction des opérateurs, les réservations affichent des taux de croissance compris entre 7 et 20% à date pour la saison estivale.
Dans ce contexte, avec le retour des clientèles européennes depuis février, nous sommes aux alentours d'une progression de 10 à 20% de plus de réservations d'étrangers pour l'été par rapport à 2021. Essentiellement des clientèles européennes, avec des niveaux qui s'approchent de 2019 pour les Britanniques.
Le chiffre d'affaires signé par les opérateurs du tourisme explose. Nous sommes en moyenne entre 10 et 30% de chiffre d'affaires signé en plus par rapport à 2019 à date pour la saison printemps-été 2022.
Didier Arino : Les opérateurs du tourisme enregistrent des taux de réservation extrêmement importants ce printemps par rapport à 2019.
Les campings démarrent très fort, beaucoup mieux qu'en 2019. Les locations de meublés, Gîtes de France... cartonnent. Si pour les opérateurs de villages vacances le bilan est plus contrasté, certains tirent véritablement leur épingle du jeu comme Center Parcs qui bat des recors de fréquentation.
Les chiffres sont assez exceptionnels. 29 millions de Français envisagent de partir ou sont déjà partis au printemps, soit 2 millions de plus qu'en 2019. 2022 sera une année record des nuitées générées par le tourisme d'agrément sur les clientèles françaises.
Ce que l'on constate globalement sur les pratiques touristiques, c'est que dans la tête des Français, la Covid-19 apparait comme étant presque dernière nous.
TourMaG.com - Et sur l'été, où en sont les réservations ?
Didier Arino : Nous sommes sur des chiffres records à la fois pour le printemps mais aussi pour l'été, où les bookings sont très avancées.
En fonction des opérateurs, les réservations affichent des taux de croissance compris entre 7 et 20% à date pour la saison estivale.
Dans ce contexte, avec le retour des clientèles européennes depuis février, nous sommes aux alentours d'une progression de 10 à 20% de plus de réservations d'étrangers pour l'été par rapport à 2021. Essentiellement des clientèles européennes, avec des niveaux qui s'approchent de 2019 pour les Britanniques.
Le chiffre d'affaires signé par les opérateurs du tourisme explose. Nous sommes en moyenne entre 10 et 30% de chiffre d'affaires signé en plus par rapport à 2019 à date pour la saison printemps-été 2022.
Les intentions de départs à l'étranger restent élevées !
TourMaG.com - Quelles régions vont faire le plein cet été ?
Didier Arino : Tout le littoral fonctionne bien, plus particulièrement le littoral breton jusqu'au Pays Basque, toute la façade Atlantique.
La Méditerranée affiche également de bons résultats avec une accélération des réservations. D'ailleurs ce sont les stations qui vivent plutôt bien à l'année, celles qui sont moins saisonnières qui s'en sortent le mieux. Ce n'est pas anodin. Ce sont des lieux où il y a des choses à faire, à voir, à partager.
Nous voyons également une très belle appétence pour les destinations qui ont une identité comme la Bretagne dans son ensemble pas uniquement le littoral, la Provence Occitane, la Vallée d'Ossau et les Pyrénées en règle générale.
Globalement, les destinations assez typiques, assez identitaires s'en sortent très très bien. Les territoires gagnants sont ceux qui ont un mix d'identité, de multi-activités, et d'une image d'ancrage dans un terroir ou une culture.
Ce qui marche également pour cet été, ce sont les festivals. Les Français ont envie de retrouver des lieux de fêtes, de partages. Il y a vraiment cette tendance de fond.
TourMaG.com - Qu'en est-il des voyages à l'étranger, on entend beaucoup que les Français vont plébisciter la France ?
Didier Arino : Nous allons aussi avoir une reprise des voyages vers l'étranger. Il va y avoir une forte accélération. De nombreuses destinations s'ouvrent, et il y a des offres ! C'est le cas du Maghreb. Nous avons également un retour vers les grandes villes européennes.
Les intentions de départ à l'étranger restent élevées ! Le pourcentage de départs en hébergements marchands pour l'été à l'étranger était de 33% en 2019, 6% en 2020, 15% en 2021 et ce taux remonte à 27% en 2022.
Ce n'est pas anodin. Nous sommes en dessous de 2019, mais ce n'est quand même pas rien.
Après il y a parfois un décalage entre ce que souhaitent faire les Français et ce qu'ils font réellement. Ce décalage est lié à plusieurs facteurs : est-ce qu'ils vont trouver des billets d'avion au bon prix, sont-ils informés de la réouverture des destinations étrangères telles que la Tunisie ou le Maroc, quid encore des voyages long-courriers avec une réouverture timide de l'Asie, etc. ?
Et plus il reste encore les urbains plutôt CSP+ ou les jeunes qui n'ont pas encore fait le choix entre la France et l'étranger et une partie va se diriger vers l'étranger.
Je vous fais d'ailleurs le pari que d'ici très peu de temps nous allons réentendre parler de sur-tourisme et de sur fréquentation.
Didier Arino : Tout le littoral fonctionne bien, plus particulièrement le littoral breton jusqu'au Pays Basque, toute la façade Atlantique.
La Méditerranée affiche également de bons résultats avec une accélération des réservations. D'ailleurs ce sont les stations qui vivent plutôt bien à l'année, celles qui sont moins saisonnières qui s'en sortent le mieux. Ce n'est pas anodin. Ce sont des lieux où il y a des choses à faire, à voir, à partager.
Nous voyons également une très belle appétence pour les destinations qui ont une identité comme la Bretagne dans son ensemble pas uniquement le littoral, la Provence Occitane, la Vallée d'Ossau et les Pyrénées en règle générale.
Globalement, les destinations assez typiques, assez identitaires s'en sortent très très bien. Les territoires gagnants sont ceux qui ont un mix d'identité, de multi-activités, et d'une image d'ancrage dans un terroir ou une culture.
Ce qui marche également pour cet été, ce sont les festivals. Les Français ont envie de retrouver des lieux de fêtes, de partages. Il y a vraiment cette tendance de fond.
TourMaG.com - Qu'en est-il des voyages à l'étranger, on entend beaucoup que les Français vont plébisciter la France ?
Didier Arino : Nous allons aussi avoir une reprise des voyages vers l'étranger. Il va y avoir une forte accélération. De nombreuses destinations s'ouvrent, et il y a des offres ! C'est le cas du Maghreb. Nous avons également un retour vers les grandes villes européennes.
Les intentions de départ à l'étranger restent élevées ! Le pourcentage de départs en hébergements marchands pour l'été à l'étranger était de 33% en 2019, 6% en 2020, 15% en 2021 et ce taux remonte à 27% en 2022.
Ce n'est pas anodin. Nous sommes en dessous de 2019, mais ce n'est quand même pas rien.
Après il y a parfois un décalage entre ce que souhaitent faire les Français et ce qu'ils font réellement. Ce décalage est lié à plusieurs facteurs : est-ce qu'ils vont trouver des billets d'avion au bon prix, sont-ils informés de la réouverture des destinations étrangères telles que la Tunisie ou le Maroc, quid encore des voyages long-courriers avec une réouverture timide de l'Asie, etc. ?
Et plus il reste encore les urbains plutôt CSP+ ou les jeunes qui n'ont pas encore fait le choix entre la France et l'étranger et une partie va se diriger vers l'étranger.
Je vous fais d'ailleurs le pari que d'ici très peu de temps nous allons réentendre parler de sur-tourisme et de sur fréquentation.
Politique touristique : "Nous avons des dispositifs des années 80 pour résoudre les défis de 2030"
TourMaG.com - Avec la réélection d'Emmanuel Macron, à quoi vous attendez-vous en matière de gouvernance du secteur du tourisme ?
Didier Arino : La crise a montré de façon criante la méconnaissance de l'impact du secteur du tourisme sur nos territoires, sur l'économie, sur la création d'emplois et sur l'écosystème vertueux du tourisme.
Reste que la situation est pour le moins ubuesque avec un secrétariat d'Etat au tourisme qui dépend du ministère des affaires étrangères.... il y a mal donne. C'est tout sauf cela les grands défis du tourisme de demain.
Les défis sont nombreux : développement de l'offre, renforcement de l'attractivité des territoires, mise en place d'un tourisme plus vertueux, amélioration de l'accessibilité aux territoires, défis économiques et sociaux également !
Bon nombre de territoires seraient, sans le tourisme, de véritables déserts. D'ailleurs ces territoires sont en vraie souffrance, ce sont des lieux dans lesquels d'ailleurs, beaucoup n'ont pas voté pour le Président de la République.
Il y a une nécessité d'avoir une vraie politique touristique basée sur l'efficacité de l'euro investi, sur les synergies... Il faut sortir du discours : "la France est la première destination mondiale". Et ce ne sont pas les soirées façon "Ambassadeurs" et actions de promotion à l'étranger qui vont résoudre ce type de problèmes.
TourMaG.com - Un des autres grands défis à relever concerne la mobilité...
Didier Arino : La problématique de la mobilité douce est un véritable défi pour les territoires et pour l'Etat. Quid du dernier kilomètre ? Quid également pour des urbains qui ont de moins en moins de véhicules, comment peuvent-ils se déplacer sur place ?
L'autre challenge c'est celui du déploiement des bornes électriques. C'est bien beau de vendre des voitures électriques, mais il faut pouvoir les recharger.
Pour les hôteliers, l'installation des bornes, c'est du b.a.-ba. Mais en amont, nous devons raisonner en terme de pôles multimodaux qui permettraient d'aller vers de la mobilité douce, des transports en commun, de la location de véhicules électriques et aussi bien sûr vers la fluidification du parcours client. Il y aurait un énorme défi pour la SNCF sur ce sujet.
Et puis sur les bornes électriques, l'Etat doit jouer son rôle de régulateur pour permettre une transparence des tarifs, imposer une obligation de facturer au débit et pas à la minute, le législateur doit vraiment faire des efforts.
TourMaG.com - Jean-Baptiste Lemoyne a annoncé que de nouveaux budgets vont être débloqués pour Atout France...
Didier Arino : Sur Atout France, je tenais à souligner que le travail effectué par la Directrice d'Atout France (Caroline Leboucher ndlr) est efficace. L'agence est sortie des logiques de promotion pure pour avoir des logiques de réflexions et d'ingénierie, je trouve que c'est une très bonne chose.
Mais au-delà d'Atout France, ce qu'il faut c'est une refonte totale de la politique touristique. Il faut remettre les choses à plat. Nous avons des dispositifs des années 80 pour résoudre les défis de 2030.
Didier Arino : La crise a montré de façon criante la méconnaissance de l'impact du secteur du tourisme sur nos territoires, sur l'économie, sur la création d'emplois et sur l'écosystème vertueux du tourisme.
Reste que la situation est pour le moins ubuesque avec un secrétariat d'Etat au tourisme qui dépend du ministère des affaires étrangères.... il y a mal donne. C'est tout sauf cela les grands défis du tourisme de demain.
Les défis sont nombreux : développement de l'offre, renforcement de l'attractivité des territoires, mise en place d'un tourisme plus vertueux, amélioration de l'accessibilité aux territoires, défis économiques et sociaux également !
Bon nombre de territoires seraient, sans le tourisme, de véritables déserts. D'ailleurs ces territoires sont en vraie souffrance, ce sont des lieux dans lesquels d'ailleurs, beaucoup n'ont pas voté pour le Président de la République.
Il y a une nécessité d'avoir une vraie politique touristique basée sur l'efficacité de l'euro investi, sur les synergies... Il faut sortir du discours : "la France est la première destination mondiale". Et ce ne sont pas les soirées façon "Ambassadeurs" et actions de promotion à l'étranger qui vont résoudre ce type de problèmes.
TourMaG.com - Un des autres grands défis à relever concerne la mobilité...
Didier Arino : La problématique de la mobilité douce est un véritable défi pour les territoires et pour l'Etat. Quid du dernier kilomètre ? Quid également pour des urbains qui ont de moins en moins de véhicules, comment peuvent-ils se déplacer sur place ?
L'autre challenge c'est celui du déploiement des bornes électriques. C'est bien beau de vendre des voitures électriques, mais il faut pouvoir les recharger.
Pour les hôteliers, l'installation des bornes, c'est du b.a.-ba. Mais en amont, nous devons raisonner en terme de pôles multimodaux qui permettraient d'aller vers de la mobilité douce, des transports en commun, de la location de véhicules électriques et aussi bien sûr vers la fluidification du parcours client. Il y aurait un énorme défi pour la SNCF sur ce sujet.
Et puis sur les bornes électriques, l'Etat doit jouer son rôle de régulateur pour permettre une transparence des tarifs, imposer une obligation de facturer au débit et pas à la minute, le législateur doit vraiment faire des efforts.
TourMaG.com - Jean-Baptiste Lemoyne a annoncé que de nouveaux budgets vont être débloqués pour Atout France...
Didier Arino : Sur Atout France, je tenais à souligner que le travail effectué par la Directrice d'Atout France (Caroline Leboucher ndlr) est efficace. L'agence est sortie des logiques de promotion pure pour avoir des logiques de réflexions et d'ingénierie, je trouve que c'est une très bonne chose.
Mais au-delà d'Atout France, ce qu'il faut c'est une refonte totale de la politique touristique. Il faut remettre les choses à plat. Nous avons des dispositifs des années 80 pour résoudre les défis de 2030.
"Le problème de l'attractivité et de l'emploi est le point noir, le trou noir même, du secteur"
TourMaG.com - Il y a également le challenge de l'emploi à relever...
Didier Arino : Le problème de l'attractivité et de l'emploi est le point noir, même le trou noir de l'industrie touristique. Comment développer une économie touristique sans salariés ?
L'une des difficultés que les professionnels du tourisme auront à surmonter sera d'offrir une bonne qualité de service du fait du manque de personnel.
Les Français trouvent déjà que les restaurants et les hébergements sont très chers. Ces clientèles risquent de vouloir repartir à l'étranger ! Il faut arrêter de dire que cette pénurie est liée uniquement aux problématiques de revalorisation salariale. Il faut également proposer des plans de carrière. Il faut remettre l'humain au centre de l'écosystème touristique.
Pourquoi fait-on ce métier ? Ce n'est pas pour porter les plats, mais pour que les gens puissent être heureux. Si on se perçoit en porteurs d'assiettes, ce n'est pas la même chose que si on se perçoit en vecteur d'un moment de bonheur.
Il faut vraiment donner du sens à ces métiers. Mais pas seulement aux destinations, aux hébergements également ! Nous devons être dans la logique de l'expérience.
C'est vrai que le terme "expérience" est mis à toutes les sauces, mais le sens du métier doit permettre un véritable vécu.
TourMaG.com - Le pouvoir d'achat a été l'un des thèmes de la campagne présidentielle. La perte de pouvoir d'achat des Français ne pourrait-elle pas venir impacter le secteur du tourisme ?
Didier Arino : Un tiers des Français ne partent pas en vacances. Sur cette frange de population, il est clair qu'il y a une problématique de pouvoir d'achat.
Mais sur les partants, on se rend compte que les secteurs qui tirent leur épingle du jeu sont les hébergements les plus qualitatifs, les campings plutôt haut de gamme, les locations de meublés également qualitatifs, les villages de vacances qui ont été rénovés...
Ce n'est pas l'offre la plus basique qui fonctionne le mieux.
Didier Arino : Le problème de l'attractivité et de l'emploi est le point noir, même le trou noir de l'industrie touristique. Comment développer une économie touristique sans salariés ?
L'une des difficultés que les professionnels du tourisme auront à surmonter sera d'offrir une bonne qualité de service du fait du manque de personnel.
Les Français trouvent déjà que les restaurants et les hébergements sont très chers. Ces clientèles risquent de vouloir repartir à l'étranger ! Il faut arrêter de dire que cette pénurie est liée uniquement aux problématiques de revalorisation salariale. Il faut également proposer des plans de carrière. Il faut remettre l'humain au centre de l'écosystème touristique.
Pourquoi fait-on ce métier ? Ce n'est pas pour porter les plats, mais pour que les gens puissent être heureux. Si on se perçoit en porteurs d'assiettes, ce n'est pas la même chose que si on se perçoit en vecteur d'un moment de bonheur.
Il faut vraiment donner du sens à ces métiers. Mais pas seulement aux destinations, aux hébergements également ! Nous devons être dans la logique de l'expérience.
C'est vrai que le terme "expérience" est mis à toutes les sauces, mais le sens du métier doit permettre un véritable vécu.
TourMaG.com - Le pouvoir d'achat a été l'un des thèmes de la campagne présidentielle. La perte de pouvoir d'achat des Français ne pourrait-elle pas venir impacter le secteur du tourisme ?
Didier Arino : Un tiers des Français ne partent pas en vacances. Sur cette frange de population, il est clair qu'il y a une problématique de pouvoir d'achat.
Mais sur les partants, on se rend compte que les secteurs qui tirent leur épingle du jeu sont les hébergements les plus qualitatifs, les campings plutôt haut de gamme, les locations de meublés également qualitatifs, les villages de vacances qui ont été rénovés...
Ce n'est pas l'offre la plus basique qui fonctionne le mieux.
"Ce qui pourrait venir entraver la croissance du tourisme c'est le risque géopolitique"
TourMaG.com - Pourtant le prix du carburant grimpe, il y a la guerre en Ukraine... tout ces évènements pourraient venir contrarier cette embellie...
Didier Arino : Tout le monde a augmenté ses tarifs. Les restaurants et les hébergements ont augmenté leurs prix. C'est là où le consommateur est contradictoire. Il veut que les professionnels soient mieux payés mais il ne veut pas débourser davantage.
Les opérateurs touristiques veulent rembourser leurs PGE (Prêt garanti par l'Etat ndlr)... Il y a un phénomène de rattrapage, mais nous arrivons dans certains cas à la limite de ce que peut supporter le consommateur. Le risque, c'est que certaines destinations étrangères apparaîtssent comme plus attractives.
Le transport aérien n'est pas revenu au niveau de 2019, donc cette tendance peut être masquée par des prix un peu plus élevés. Mais certaines destinations pourraient gagner en attractivité, je pense notamment au Sud de l'Europe ou encore au Maghreb.
Une chose est sûre : l'envie de voyage est intacte, et l'envie de l'étranger aussi. Ce qui pourrait venir entraver la croissance du tourisme, c'est le risque géopolitique.
Il faut avoir conscience qu'avec la Covid, nous avons perdu 1 milliard d'arrivées touristiques. L'industrie est passée pratiquement de 1,45 milliard à 450 millions d'arrivées touristiques. Nous sommes dans une reprise forte mais sans bon nombre de destinations.
La reprise est très forte en Europe et elle sera mondiale demain si nous restons épargnés par la pandémie et le risque majeur reste le risque géopolitique.
TourMaG.com - Sur les clientèles lointaines, l'absence des Russes va-t-elle fortement impacter certains territoires ?
Didier Arino : Oui effectivement, les territoires qui dépendent des Russes nous l'avons vu avec quelques stations de ski, certains palaces sur la Côte d'Azur, vont devoir faire sans. Mais c'est le cas aussi pour les territoires et opérateurs qui dépendent de la clientèle chinoise.
Il manque également à l'appel les Japonais, les Indiens...
En revanche, les Américains reviennent en France et c'est une bonne nouvelle. Et la tendance est significative. Mais la force de la France c'est qu'elle est moins dépendante des clientèles long-courriers.
Didier Arino : Tout le monde a augmenté ses tarifs. Les restaurants et les hébergements ont augmenté leurs prix. C'est là où le consommateur est contradictoire. Il veut que les professionnels soient mieux payés mais il ne veut pas débourser davantage.
Les opérateurs touristiques veulent rembourser leurs PGE (Prêt garanti par l'Etat ndlr)... Il y a un phénomène de rattrapage, mais nous arrivons dans certains cas à la limite de ce que peut supporter le consommateur. Le risque, c'est que certaines destinations étrangères apparaîtssent comme plus attractives.
Le transport aérien n'est pas revenu au niveau de 2019, donc cette tendance peut être masquée par des prix un peu plus élevés. Mais certaines destinations pourraient gagner en attractivité, je pense notamment au Sud de l'Europe ou encore au Maghreb.
Une chose est sûre : l'envie de voyage est intacte, et l'envie de l'étranger aussi. Ce qui pourrait venir entraver la croissance du tourisme, c'est le risque géopolitique.
Il faut avoir conscience qu'avec la Covid, nous avons perdu 1 milliard d'arrivées touristiques. L'industrie est passée pratiquement de 1,45 milliard à 450 millions d'arrivées touristiques. Nous sommes dans une reprise forte mais sans bon nombre de destinations.
La reprise est très forte en Europe et elle sera mondiale demain si nous restons épargnés par la pandémie et le risque majeur reste le risque géopolitique.
TourMaG.com - Sur les clientèles lointaines, l'absence des Russes va-t-elle fortement impacter certains territoires ?
Didier Arino : Oui effectivement, les territoires qui dépendent des Russes nous l'avons vu avec quelques stations de ski, certains palaces sur la Côte d'Azur, vont devoir faire sans. Mais c'est le cas aussi pour les territoires et opérateurs qui dépendent de la clientèle chinoise.
Il manque également à l'appel les Japonais, les Indiens...
En revanche, les Américains reviennent en France et c'est une bonne nouvelle. Et la tendance est significative. Mais la force de la France c'est qu'elle est moins dépendante des clientèles long-courriers.
"Voyages d'affaires : le mouvement de fond c'est qu'il y a aura moins de déplacements professionnels"
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TourMaG.com - Qu'en est-il du voyage d'affaires ?
Didier Arino :Dans bien des cas, la visio-conférence ne remplace pas la rencontre. Mais cela suffit à altérer le marché de 30%.
Il y a un phénomène de rattrapage car les entreprises n'ont pas pu se réunir. Dès qu'il y a eu la possibilité de se réunir, les réservations sont reparties. Toutefois le mouvement de fond c'est qu'il y a aura moins de déplacements professionnels.
Les grands salons, les congrès, les grands évènements vont perdurer. Reste la problématique des clientèles lointaines qui peuvent ou non se déplacer. En revanche ce qui va diminuer, ce sont les petits séminaires, et les déplacements professionnels parce que beaucoup de rendez-vous peuvent se faire à distance.
La visio-conférence ne remplacera jamais totalement le face-à-face. Mais les déplacements professionnels vont diminuer de 30% et la tendance va se poursuivre. Je pense que le secteur pour lequel il reste des opportunités c'est l'incentive sur des destinations d'agrément.
Les collaborateurs, les partenaires... auront besoin de se retrouver pour faire des choses ensemble : des activités, découvrir un territoire et profiter. Cela remet au goût du jour des destinations plus proches dans lesquelles nous pouvons vivre une expérience forte.
S'il y a bien une ville qui peut gagner des parts de marché compte tenu de ce contexte c'est bien Marseille par exemple. C'est à la fois une ville avec un important parc hôtelier, des infrastructures et en même temps nous sommes dans une dimension de villégiature avec la mer, le MUCEM, le soleil...
C'est aussi valable pour des stations comme les Sables-d'Olonne, la Grande motte, ou encore Arcachon. Ces villes là vont également bénéficier du développement du télétravail. Cela va totalement changer la donne.
Le télétravail va permettre d'avoir une fréquentation touristique hors-saison qui pourra mélanger à la fois le travail et le loisir.
Didier Arino :Dans bien des cas, la visio-conférence ne remplace pas la rencontre. Mais cela suffit à altérer le marché de 30%.
Il y a un phénomène de rattrapage car les entreprises n'ont pas pu se réunir. Dès qu'il y a eu la possibilité de se réunir, les réservations sont reparties. Toutefois le mouvement de fond c'est qu'il y a aura moins de déplacements professionnels.
Les grands salons, les congrès, les grands évènements vont perdurer. Reste la problématique des clientèles lointaines qui peuvent ou non se déplacer. En revanche ce qui va diminuer, ce sont les petits séminaires, et les déplacements professionnels parce que beaucoup de rendez-vous peuvent se faire à distance.
La visio-conférence ne remplacera jamais totalement le face-à-face. Mais les déplacements professionnels vont diminuer de 30% et la tendance va se poursuivre. Je pense que le secteur pour lequel il reste des opportunités c'est l'incentive sur des destinations d'agrément.
Les collaborateurs, les partenaires... auront besoin de se retrouver pour faire des choses ensemble : des activités, découvrir un territoire et profiter. Cela remet au goût du jour des destinations plus proches dans lesquelles nous pouvons vivre une expérience forte.
S'il y a bien une ville qui peut gagner des parts de marché compte tenu de ce contexte c'est bien Marseille par exemple. C'est à la fois une ville avec un important parc hôtelier, des infrastructures et en même temps nous sommes dans une dimension de villégiature avec la mer, le MUCEM, le soleil...
C'est aussi valable pour des stations comme les Sables-d'Olonne, la Grande motte, ou encore Arcachon. Ces villes là vont également bénéficier du développement du télétravail. Cela va totalement changer la donne.
Le télétravail va permettre d'avoir une fréquentation touristique hors-saison qui pourra mélanger à la fois le travail et le loisir.