Sur le marché du business travel, cela active une transformation qui a déjà été accélérée et subie pendant la crise. Nous sommes sur un marché en restructuration. - Depositphotos.com Auteur olly18
TourMaG.com – Comment comprenez-vous le message d’Emmanuel Macron ?
Amélie Berruex : La « fin de l’abondance » soulève beaucoup de questions sur la manière dont on doit consommer pour préparer un monde différent. Beaucoup parle de décroissance, je ne crois pas à la fin d’une ère faste, à quelque chose de négatif. Je pense que c’est un présage de transformation, peut être nécessaire depuis longtemps, en termes de fonctionnement et de vision de l’entreprise.
Tous les sujets écologiques à l’ordre du jour en ce moment contribuent à ces aspects.
TourMaG.com – Comment cela se traduit-il dans le voyage d’affaires ?
A.B. : Sur le marché du business travel, cela active une transformation qui a déjà été accélérée et subie pendant la crise. Nous sommes sur un marché en restructuration.
Nous voyions bien que l’on était arrivé à la fin d’un business model. Le mode de rémunération des agences de voyages et des autres acteurs n’était plus du tout en phase avec la réalité. La crise a mis tout le monde au pied du mur.
Aujourd’hui, les entreprises doivent s’interroger : Comment mieux adresser leurs clients ? Comment aborder les enjeux écologiques, voyager différemment, sélectionner les bons partenaires ? Cela modifie l’approche et la relation commerciale avec les clients.
TourMaG.com – Cela signifie également la fin des aides et du « quoi qu’il en coûte » ?
A.B. : Probablement, car on ne peut pas laisser un marché sous perfusion.
Sur le marché du voyage d’affaires, certains sont encore fortement aidés. La suppression des aides va accentuer les difficultés.
Mais il y a déjà des changements. Nous avons des entrants, qui n’ont pas subi la crise parce qu’ils étaient sur des modèles qui ont été beaucoup moins impactés. Je pense par exemple à TripActions, qui attaque assez fortement le marché européen.
En plus de l’arrivée de nouveaux acteurs, certains sont en cours de rachat, de fusion, etc… tout s’accélère.
Une autre difficulté : le recrutement. Ces trois dernières années, on a cessé de dire que le voyage n’était pas un secteur d’avenir. La spécialité a été boudée à l’école, beaucoup de salariés au chômage partiel se sont tournés vers d’autres secteurs.
Une société, aujourd’hui, qu’elle aille bien ou mal, connait des soucis de recrutement. Si en plus, elle ne fait pas rêver et qu’elle est en difficulté, c’est la double peine.
Amélie Berruex : La « fin de l’abondance » soulève beaucoup de questions sur la manière dont on doit consommer pour préparer un monde différent. Beaucoup parle de décroissance, je ne crois pas à la fin d’une ère faste, à quelque chose de négatif. Je pense que c’est un présage de transformation, peut être nécessaire depuis longtemps, en termes de fonctionnement et de vision de l’entreprise.
Tous les sujets écologiques à l’ordre du jour en ce moment contribuent à ces aspects.
TourMaG.com – Comment cela se traduit-il dans le voyage d’affaires ?
A.B. : Sur le marché du business travel, cela active une transformation qui a déjà été accélérée et subie pendant la crise. Nous sommes sur un marché en restructuration.
Nous voyions bien que l’on était arrivé à la fin d’un business model. Le mode de rémunération des agences de voyages et des autres acteurs n’était plus du tout en phase avec la réalité. La crise a mis tout le monde au pied du mur.
Aujourd’hui, les entreprises doivent s’interroger : Comment mieux adresser leurs clients ? Comment aborder les enjeux écologiques, voyager différemment, sélectionner les bons partenaires ? Cela modifie l’approche et la relation commerciale avec les clients.
TourMaG.com – Cela signifie également la fin des aides et du « quoi qu’il en coûte » ?
A.B. : Probablement, car on ne peut pas laisser un marché sous perfusion.
Sur le marché du voyage d’affaires, certains sont encore fortement aidés. La suppression des aides va accentuer les difficultés.
Mais il y a déjà des changements. Nous avons des entrants, qui n’ont pas subi la crise parce qu’ils étaient sur des modèles qui ont été beaucoup moins impactés. Je pense par exemple à TripActions, qui attaque assez fortement le marché européen.
En plus de l’arrivée de nouveaux acteurs, certains sont en cours de rachat, de fusion, etc… tout s’accélère.
Une autre difficulté : le recrutement. Ces trois dernières années, on a cessé de dire que le voyage n’était pas un secteur d’avenir. La spécialité a été boudée à l’école, beaucoup de salariés au chômage partiel se sont tournés vers d’autres secteurs.
Une société, aujourd’hui, qu’elle aille bien ou mal, connait des soucis de recrutement. Si en plus, elle ne fait pas rêver et qu’elle est en difficulté, c’est la double peine.
"voyager moins, c’est aussi voyager mieux, c’est-à-dire plus cher"
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TourMaG.com – Les prises de parole du chef de l’Etat et du gouvernement sont-elles perçues comme une menace par les acteurs du business travel ou plutôt comme une opportunité ?
A.B. : Il y a une opportunité pour qui sait se transformer et ne pas rester sur le modèle actuel : où il faut faire du volume pour avoir de la marge et donc de la rentabilité.
On observe de manière générale une hausse des prix, on va aller vers quelque chose de plus qualitatif.
Il faudra se démarquer par les services, sur le parcours voyageur que l’on peut proposer au global, sur la façon, dont on va s’interconnecter avec des partenaires pour fluidifier au maximum le parcours voyageur.
Pour les entreprises restées très centrées sur elle-même et qui n’ont pas développé un écosystème de partenaires, ce sera plus difficile pour elles.
Mais, celles qui ont commencé leur transformation, qui ont pensé chaîne de valeur au global, peuvent aller chercher du business plus qualitatif.
On le voit bien dans les chiffres. Le dernier baromètre GBTA montre que les volumes sont moins élevés que ce qui était escompté, avec un retour entre 60 et 70% du volume de l’activité de 2019. Avec comme perspective, le retour aux chiffres d’avant crise désormais prévu pour 2026.
Lire aussi : Voyage d’affaires : le retour au niveau de 2019 « pas attendu avant 2026 »
TourMaG.com – La sobriété appelle-t-elle à voyager moins ?
A.B. : Oui, mais voyager moins, c’est aussi voyager mieux, c’est-à-dire plus cher. Ça ne veut pas dire ne plus voyager !
Dans les entreprises, des catégories de voyageurs réduisent leurs déplacements. D’ailleurs, après avoir disparu ces deux dernières années, beaucoup de voyages en interne avec un autre site géographique ou entités d’un groupe n’ont pas repris.
Un panel de voyages stratégiques pour la boîte reprend et va perdurer. Moins nombreux, mais plus stratégiques, ces déplacements vont coûter plus chers, pour assurer la satisfaction du voyageur.
Les populations qui vont continuer à se déplacer, vont moins se satisfaire de voyager en classe eco. Et puis, si elles se déplacent pour des choses importantes, il faudra aussi qu’elles soient au maximum de leurs capacités.
L’équilibre entre ce que ça coûte et ce que ça rapporte sera scruté de près. Sans oublier l’impact écologique et le bien-être du voyageur.
Les curseurs vont évoluer pour aller vers l’optimisation des voyages. Les entreprises doivent vendre des prestations qui correspondent à ces besoins.
A.B. : Il y a une opportunité pour qui sait se transformer et ne pas rester sur le modèle actuel : où il faut faire du volume pour avoir de la marge et donc de la rentabilité.
On observe de manière générale une hausse des prix, on va aller vers quelque chose de plus qualitatif.
Il faudra se démarquer par les services, sur le parcours voyageur que l’on peut proposer au global, sur la façon, dont on va s’interconnecter avec des partenaires pour fluidifier au maximum le parcours voyageur.
Pour les entreprises restées très centrées sur elle-même et qui n’ont pas développé un écosystème de partenaires, ce sera plus difficile pour elles.
Mais, celles qui ont commencé leur transformation, qui ont pensé chaîne de valeur au global, peuvent aller chercher du business plus qualitatif.
On le voit bien dans les chiffres. Le dernier baromètre GBTA montre que les volumes sont moins élevés que ce qui était escompté, avec un retour entre 60 et 70% du volume de l’activité de 2019. Avec comme perspective, le retour aux chiffres d’avant crise désormais prévu pour 2026.
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TourMaG.com – La sobriété appelle-t-elle à voyager moins ?
A.B. : Oui, mais voyager moins, c’est aussi voyager mieux, c’est-à-dire plus cher. Ça ne veut pas dire ne plus voyager !
Dans les entreprises, des catégories de voyageurs réduisent leurs déplacements. D’ailleurs, après avoir disparu ces deux dernières années, beaucoup de voyages en interne avec un autre site géographique ou entités d’un groupe n’ont pas repris.
Un panel de voyages stratégiques pour la boîte reprend et va perdurer. Moins nombreux, mais plus stratégiques, ces déplacements vont coûter plus chers, pour assurer la satisfaction du voyageur.
Les populations qui vont continuer à se déplacer, vont moins se satisfaire de voyager en classe eco. Et puis, si elles se déplacent pour des choses importantes, il faudra aussi qu’elles soient au maximum de leurs capacités.
L’équilibre entre ce que ça coûte et ce que ça rapporte sera scruté de près. Sans oublier l’impact écologique et le bien-être du voyageur.
Les curseurs vont évoluer pour aller vers l’optimisation des voyages. Les entreprises doivent vendre des prestations qui correspondent à ces besoins.
"Dans l’aérien, il y a des enjeux énormes à impliquer toute la chaîne"
« Fin de l’abondance » : « Il y a une opportunité pour qui sait se transformer », selon Amélie Berruex, directrice générale d’Axys Odyssey. - DR
TourMaG.com – Quelles sont vos pistes de réflexion, d’actions à mettre en place pour se préparer à la fin de l’abondance ?
A.B. : L’Etat joue un rôle hyper important en encourageant les industries à innover et aller vers le développement durable. Je pense notamment à toutes les démarches sur le biocarburant.
Dans l’aérien, il y a des enjeux énormes à impliquer toute la chaîne, pour aller vers quelque chose de plus vertueux.
TourMaG.com – Sans contraintes, est-ce que des actions seront mises en place ?
A.B. : Au sein de l’écosystème du voyage, les entreprises en ont pas mal bavé avec la crise sanitaire. S’il n’y a pas un minimum de contraintes de l’Etat, elles ne feront pas la démarche d’elle-même.
TourMaG.com - La RSE est devenue incontournable ?
A.B. : C’est indispensable pour durer dans l’économie de demain. Il faut revoir en profondeur la raison d’être de l’entreprise, sa façon de gérer à la fois l’humain, ses ressources, sa place dans l’écosystème.
Dans certaines entreprises, la RSE reste une partie marketing, elle répond à beaucoup de communication mais n’est pas incarnée en interne, mais la majorité des entreprises y accordent de l’importance.
Aujourd’hui, sur la partie mobilité et voyages, s’ils ne sont pas toujours impliqués, les départements développement durable sont a minima identifié par les acteurs et ont un rôle beaucoup plus stratégique. Il n’y a peut-être pas une prise de conscience à hauteur des enjeux, mais des choses bougent.
Il y a un enjeu, non pas à traiter le déplacement en lui-même, mais la mobilité au sens large. On se rapproche de plus en plus de sujets RH.
Historiquement, les déplacements pros étaient gérés côté achat et tout ce qui était mobilité, par exemple, le trajet domicile/travail par les RH, désormais ils sont liés.
Comment optimiser la qualité de vie au travail (QVT), versus mon impact économique et le coût : l’approche doit être globale sur la mobilité au sens large et pas uniquement les déplacements pros.
Lire aussi : Futuroscopie - Un touriste psychopathe peut-il contribuer à sauver la planète ?
A.B. : L’Etat joue un rôle hyper important en encourageant les industries à innover et aller vers le développement durable. Je pense notamment à toutes les démarches sur le biocarburant.
Dans l’aérien, il y a des enjeux énormes à impliquer toute la chaîne, pour aller vers quelque chose de plus vertueux.
TourMaG.com – Sans contraintes, est-ce que des actions seront mises en place ?
A.B. : Au sein de l’écosystème du voyage, les entreprises en ont pas mal bavé avec la crise sanitaire. S’il n’y a pas un minimum de contraintes de l’Etat, elles ne feront pas la démarche d’elle-même.
TourMaG.com - La RSE est devenue incontournable ?
A.B. : C’est indispensable pour durer dans l’économie de demain. Il faut revoir en profondeur la raison d’être de l’entreprise, sa façon de gérer à la fois l’humain, ses ressources, sa place dans l’écosystème.
Dans certaines entreprises, la RSE reste une partie marketing, elle répond à beaucoup de communication mais n’est pas incarnée en interne, mais la majorité des entreprises y accordent de l’importance.
Aujourd’hui, sur la partie mobilité et voyages, s’ils ne sont pas toujours impliqués, les départements développement durable sont a minima identifié par les acteurs et ont un rôle beaucoup plus stratégique. Il n’y a peut-être pas une prise de conscience à hauteur des enjeux, mais des choses bougent.
Il y a un enjeu, non pas à traiter le déplacement en lui-même, mais la mobilité au sens large. On se rapproche de plus en plus de sujets RH.
Historiquement, les déplacements pros étaient gérés côté achat et tout ce qui était mobilité, par exemple, le trajet domicile/travail par les RH, désormais ils sont liés.
Comment optimiser la qualité de vie au travail (QVT), versus mon impact économique et le coût : l’approche doit être globale sur la mobilité au sens large et pas uniquement les déplacements pros.
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