Travel Planner : "L'innovation réside bien souvent dans le fait qu'ils n'apportent aucune garantie" selon Guillaume Beurdeley (EDV) - Depositphotos @rogistok
TourMaG.com - Ces dernières semaines, les travel planners ont déchainé les foules dans le milieu des agents de voyages et de nos lecteurs. Qu'en est-il au sein des Entreprises du Voyage (EDV) ?
Guillaume Beurdeley : Nous avons un sujet qui a toujours existé : celui d'exercice illégal de la profession d'agent de voyages.
Il a pris différentes formes au fil de temps. Aujourd'hui ce n'est plus la même qu'il y a 10 ans par exemple, avec le développement d'internet et des réseaux sociaux. Au sein du syndicat, nous avons une délégation qui traite chaque année plusieurs dizaines de dossiers.
Elle est actuellement présidée par Alain Hamon et les équipes des EDV passent un temps considérable sur le sujet.
S'agissant des travel planners, nous devons d'abord définir le terme. Puisque si nous traduisons, tous les agents de voyages sont des planificateurs de voyages (traduction de travel planner, ndlr).
Lire aussi : Salmon Voyages : quand une travel planner... s'immatricule ! 🔑
Nous devons voir ce que comprend ce terme et cette profession. Le cas échéant, il peut y avoir des approches très différentes.
Guillaume Beurdeley : Nous avons un sujet qui a toujours existé : celui d'exercice illégal de la profession d'agent de voyages.
Il a pris différentes formes au fil de temps. Aujourd'hui ce n'est plus la même qu'il y a 10 ans par exemple, avec le développement d'internet et des réseaux sociaux. Au sein du syndicat, nous avons une délégation qui traite chaque année plusieurs dizaines de dossiers.
Elle est actuellement présidée par Alain Hamon et les équipes des EDV passent un temps considérable sur le sujet.
S'agissant des travel planners, nous devons d'abord définir le terme. Puisque si nous traduisons, tous les agents de voyages sont des planificateurs de voyages (traduction de travel planner, ndlr).
Lire aussi : Salmon Voyages : quand une travel planner... s'immatricule ! 🔑
Nous devons voir ce que comprend ce terme et cette profession. Le cas échéant, il peut y avoir des approches très différentes.
"L'innovation réside bien souvent dans le fait qu'ils n'apportent aucune garantie"
TourMaG.com - Il est vrai que des intermédiaires sont arrivés entre l'agent de voyage et les voyageurs, comme les travel planners et les apporteurs d'affaires...
Guillaume Beurdeley : Exactement, concernant les apporteurs d'affaires qui travaillent pour des opérateurs immatriculés.
Cette activité ne nous pose aucun problème, puisqu'il y a une contractualisation entre l'agent et le client final, donc le voyageur est protégé.
Sur ce cas particulier, nous n'avons aucune envie d'empêcher ce type de partenariat, mais plutôt d'accompagner le développement de cette activité, en créant un statut spécifique pour les apporteurs d'affaires.
Lire aussi : Les travel planners nous déclarent la guerre... Pourquoi tant de haine ?
Cela peut être un élément de compétitivité pour l'industrie.
Ensuite nous avons toute une typologie d'opérateurs se définissant comme des travel planner. Souvent, ils ne sont pas immatriculés et se définissent comme les garants autoproclamés de la modernité dans le voyage.
Je ne veux pas généraliser, mais il arrive parfois que cette population dénigre l'activité des agences de voyages traditionnelles. Dans ce cas, la modernité, nous ne la voyons pas.
Ces personnes vont se comporter de bout en bout presque comme des agents de voyages. L'innovation réside bien souvent dans le fait qu'ils n'apportent aucune garantie, et la modernité est justifiée par le fait qu'ils échappent à toute responsabilité quelle qu'elle soit.
Le fonctionnement, nous le connaissons. Les voyageurs doivent payer au dernier moment les fournisseurs, avec lesquels les travel planners ont un accord.
Ces acteurs se rémunèrent donc deux fois, une première avec un forfait et la deuxième fois, avec des commissions occultes auprès des fournisseurs. Cette activité nécessite de posséder une immatriculation.
Nous traitons des dossiers de travel planners dans le cadre de l'exercice illégal de la profession. Par contre, c'est un peu plus compliqué à prouver, notamment sur le volet des commissions occultes.
Nous avons malgré tout des pistes.
Guillaume Beurdeley : Exactement, concernant les apporteurs d'affaires qui travaillent pour des opérateurs immatriculés.
Cette activité ne nous pose aucun problème, puisqu'il y a une contractualisation entre l'agent et le client final, donc le voyageur est protégé.
Sur ce cas particulier, nous n'avons aucune envie d'empêcher ce type de partenariat, mais plutôt d'accompagner le développement de cette activité, en créant un statut spécifique pour les apporteurs d'affaires.
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Cela peut être un élément de compétitivité pour l'industrie.
Ensuite nous avons toute une typologie d'opérateurs se définissant comme des travel planner. Souvent, ils ne sont pas immatriculés et se définissent comme les garants autoproclamés de la modernité dans le voyage.
Je ne veux pas généraliser, mais il arrive parfois que cette population dénigre l'activité des agences de voyages traditionnelles. Dans ce cas, la modernité, nous ne la voyons pas.
Ces personnes vont se comporter de bout en bout presque comme des agents de voyages. L'innovation réside bien souvent dans le fait qu'ils n'apportent aucune garantie, et la modernité est justifiée par le fait qu'ils échappent à toute responsabilité quelle qu'elle soit.
Le fonctionnement, nous le connaissons. Les voyageurs doivent payer au dernier moment les fournisseurs, avec lesquels les travel planners ont un accord.
Ces acteurs se rémunèrent donc deux fois, une première avec un forfait et la deuxième fois, avec des commissions occultes auprès des fournisseurs. Cette activité nécessite de posséder une immatriculation.
Nous traitons des dossiers de travel planners dans le cadre de l'exercice illégal de la profession. Par contre, c'est un peu plus compliqué à prouver, notamment sur le volet des commissions occultes.
Nous avons malgré tout des pistes.
Travel Planner : "Demain, prouver l'exercice illégal de la profession d'agent de voyages pourrait être plus facile"
TourMaG.com - Comment remédier à ce dilemme ?
Guillaume Beurdeley : Le projet de la révision de la directive du voyage à forfait, nous offre la possibilité de pouvoir instaurer un cadre législatif.
Il y a une définition du forfait touristique qui pourrait être plus englobante, avec les activités qui doivent être réglementées. La proposition de texte de la Commission européenne est amenée à évoluer, rien n'est définitif.
Dans le cadre du trilogue, pour réviser la directive du voyage à forfait, nous avons à coeur que certaines pratiques soient englobées de manière plus claire, dans le cadre de l'activité d'agent de voyages.
Le document publié récemment par la Commission prévoit que seront considérées comme forfait, des prestations promus sous le terme forfait ou autres produits similiaires, donc cela ressemble aux activités des travel planners qui fournissent bien souvent un carnet de voyages, avec les différentes prestations comprises durant le séjour.
Nous voulons clarifier les choses et couper court à toute possibilité de sortir du cadre par tous les tours de passe-passe que nous observons chez les travel planners.
Demain, prouver l'exercice illégal de la profession d'agent de voyages pourrait être plus facile.
TourMaG.com - N'y a-t-il pas un flou juridique qui permet le développement des travel planners ?
Guillaume Beurdeley : La règlementation couvre le fait de vendre ou offrir à la vente des services de voyages.
Ce dernier terme est une justification que les travel planner avancent régulièrement pour justifier leur activité qui consiste à fournir du conseil. Sauf qu'en pratique, ils ne se limitent à cela : le paiement est redirigé vers le fournisseur, mais celui-ci a un accord avec le travel planner pour vendre ses produits.
Ce schéma financier n'apparait pas sur leurs sites internet ou les réseaux sociaux, qui démontrent qu'ils fonctionnent comme des agents de voyages. Il n'y a pas de flou juridique, mais un fonctionnement plus challengeant de notre côté.
Guillaume Beurdeley : Le projet de la révision de la directive du voyage à forfait, nous offre la possibilité de pouvoir instaurer un cadre législatif.
Il y a une définition du forfait touristique qui pourrait être plus englobante, avec les activités qui doivent être réglementées. La proposition de texte de la Commission européenne est amenée à évoluer, rien n'est définitif.
Dans le cadre du trilogue, pour réviser la directive du voyage à forfait, nous avons à coeur que certaines pratiques soient englobées de manière plus claire, dans le cadre de l'activité d'agent de voyages.
Le document publié récemment par la Commission prévoit que seront considérées comme forfait, des prestations promus sous le terme forfait ou autres produits similiaires, donc cela ressemble aux activités des travel planners qui fournissent bien souvent un carnet de voyages, avec les différentes prestations comprises durant le séjour.
Nous voulons clarifier les choses et couper court à toute possibilité de sortir du cadre par tous les tours de passe-passe que nous observons chez les travel planners.
Demain, prouver l'exercice illégal de la profession d'agent de voyages pourrait être plus facile.
TourMaG.com - N'y a-t-il pas un flou juridique qui permet le développement des travel planners ?
Guillaume Beurdeley : La règlementation couvre le fait de vendre ou offrir à la vente des services de voyages.
Ce dernier terme est une justification que les travel planner avancent régulièrement pour justifier leur activité qui consiste à fournir du conseil. Sauf qu'en pratique, ils ne se limitent à cela : le paiement est redirigé vers le fournisseur, mais celui-ci a un accord avec le travel planner pour vendre ses produits.
Ce schéma financier n'apparait pas sur leurs sites internet ou les réseaux sociaux, qui démontrent qu'ils fonctionnent comme des agents de voyages. Il n'y a pas de flou juridique, mais un fonctionnement plus challengeant de notre côté.
Travel planner : "Les réseaux sociaux facilitent l'essor de ce type d'activité illégale"
TourMaG.com - Les EDV ne pourraient pas mettre la pression sur les fournisseurs ?
Guillaume Beurdeley : Il est possible d'avoir cette vision, sauf que les fournisseurs sont en grande partie, des hĂ´teliers Ă©trangers, Ă l'autre bout du monde.
Nous n'avons pas de situation de travel planners travaillant avec des chaines hôtelières françaises ou des sites de vente de billets d'avion. Pour l'aérien, ils font plutôt des redirections, ce n'est pas illégal, c'est juste la qualité de service qui n'est pas évidente.
Il est plus complexe de demander à un hôtelier thaïlandais de connaître notre législation sur le bout des doigts.
Ce n'est pas forcément un axe de réflexion pour nous.
TourMaG.com - L'inquiétude autour des travel planners est-elle grandissante au sein des EDV ?
Guillaume Beurdeley : C'est un sujet d'actualité, je ne peux pas dire le contraire.
L'exercice illégal n'est pas nouveau, c'est juste sa forme qui change avec les travel planners et qui prend plus de place. Suite à l'arrêt de l'activité durant la crise sanitaire nous avons, depuis la reprise, un essor d'opérateurs illégaux.
Le taux de signalement n'est pas exponentiel.
TourMaG.com - Ce sentiment que peuvent avoir les agents de voyages d'être étouffés par la prolifération des travel planner, vient juste du fait que ces personnes se lancent bien souvent sur les réseaux sociaux où ils sont plus visibles que d'autres...
Guillaume Beurdeley : Les outils sont bien différents du passé.
Les réseaux sociaux facilitent l'essor de ce type d'activité illégale, comme d'autres. Par le passé, des personnes devaient avoir un local, donc ils étaient visibles.
Nous faisons des recherches complètes sur internet et les réseaux sociaux mais la prolifération est difficile à quantifier. Selon nous, l'activité peut difficilement être rentable en faisant seulement de la curation pour les voyageurs, ça nous parait compliqué.
Ceux qui vont plus loin dans le business modèle, vont flirter avec l'illégalité.
Guillaume Beurdeley : Il est possible d'avoir cette vision, sauf que les fournisseurs sont en grande partie, des hĂ´teliers Ă©trangers, Ă l'autre bout du monde.
Nous n'avons pas de situation de travel planners travaillant avec des chaines hôtelières françaises ou des sites de vente de billets d'avion. Pour l'aérien, ils font plutôt des redirections, ce n'est pas illégal, c'est juste la qualité de service qui n'est pas évidente.
Il est plus complexe de demander à un hôtelier thaïlandais de connaître notre législation sur le bout des doigts.
Ce n'est pas forcément un axe de réflexion pour nous.
TourMaG.com - L'inquiétude autour des travel planners est-elle grandissante au sein des EDV ?
Guillaume Beurdeley : C'est un sujet d'actualité, je ne peux pas dire le contraire.
L'exercice illégal n'est pas nouveau, c'est juste sa forme qui change avec les travel planners et qui prend plus de place. Suite à l'arrêt de l'activité durant la crise sanitaire nous avons, depuis la reprise, un essor d'opérateurs illégaux.
Le taux de signalement n'est pas exponentiel.
TourMaG.com - Ce sentiment que peuvent avoir les agents de voyages d'être étouffés par la prolifération des travel planner, vient juste du fait que ces personnes se lancent bien souvent sur les réseaux sociaux où ils sont plus visibles que d'autres...
Guillaume Beurdeley : Les outils sont bien différents du passé.
Les réseaux sociaux facilitent l'essor de ce type d'activité illégale, comme d'autres. Par le passé, des personnes devaient avoir un local, donc ils étaient visibles.
Nous faisons des recherches complètes sur internet et les réseaux sociaux mais la prolifération est difficile à quantifier. Selon nous, l'activité peut difficilement être rentable en faisant seulement de la curation pour les voyageurs, ça nous parait compliqué.
Ceux qui vont plus loin dans le business modèle, vont flirter avec l'illégalité.
Travel Planner : "Nous n'allons pas créer un cadre pour ces personnes"
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TourMaG.com - En ce début de semaine, Claire Matillon appelait à la création d'un cadre légal pour les travel planners. Est-ce que les EDV vont accepter cette main tendue ou vont-elles continuer à se battre contre ces acteurs ?
Guillaume Beurdeley : Nous ne nous battons pas contre les travel planners, mais contre les opérateurs qui ne sont pas immatriculés alors qu'ils devraient l'être.
Après nous travaillons pour créer un cadre pour les apporteurs d'affaires.
Pour ceux qui s'évertuent à s'approcher le plus possible de l'activité d'agent de voyages, mais en faisant tout, pour ne pas le devenir. Nous n'allons pas créer un cadre intermédiaire pour ces personnes, car elles devraient être immatriculées.
D'autant qu'il n'y a pas un besoin particulier ou une innovation. Encore une fois l'objectif final pour ces opérateurs est de ne pas être immatriculés et donc d'éviter d'être responsables.
TourMaG.com - Le développement des travel planners ne résulterait-il pas d'un problème de communication de la part des EDV et de la profession ? Notamment sur les obligations législatives, pour exercer le métier d'agent de voyages.
Guillaume Beurdeley : Tout d'abord, certains opérateurs signalés nous disent qu'ils ne connaissaient pas la réglementation. Ils sont de bonne fois et se mettent en conformité ou arrêtent.
A l'opposé, une certaine population construit son offre de manière a échapper à tout prix à l'immatriculation ou à faire en sorte que l'exercice illégal soit le plus discret possible.
Il est indispensable que les voyageurs aient le réflexe du registre d'Atout France. Nous avons une chance dans notre pays de pouvoir faire cette vérification en 2 clics seulement, ce n'est pas le cas partout.
A partir du mois de janvier 2024, dans nos campagnes sur les réseaux sociaux, nous allons intégrer cette dimension réglementaire. Après sur une campagne TV, le format est court, donc il n'est pas facile de pouvoir rentrer en profondeur dans le sujet.
Guillaume Beurdeley : Nous ne nous battons pas contre les travel planners, mais contre les opérateurs qui ne sont pas immatriculés alors qu'ils devraient l'être.
Après nous travaillons pour créer un cadre pour les apporteurs d'affaires.
Pour ceux qui s'évertuent à s'approcher le plus possible de l'activité d'agent de voyages, mais en faisant tout, pour ne pas le devenir. Nous n'allons pas créer un cadre intermédiaire pour ces personnes, car elles devraient être immatriculées.
D'autant qu'il n'y a pas un besoin particulier ou une innovation. Encore une fois l'objectif final pour ces opérateurs est de ne pas être immatriculés et donc d'éviter d'être responsables.
TourMaG.com - Le développement des travel planners ne résulterait-il pas d'un problème de communication de la part des EDV et de la profession ? Notamment sur les obligations législatives, pour exercer le métier d'agent de voyages.
Guillaume Beurdeley : Tout d'abord, certains opérateurs signalés nous disent qu'ils ne connaissaient pas la réglementation. Ils sont de bonne fois et se mettent en conformité ou arrêtent.
A l'opposé, une certaine population construit son offre de manière a échapper à tout prix à l'immatriculation ou à faire en sorte que l'exercice illégal soit le plus discret possible.
Il est indispensable que les voyageurs aient le réflexe du registre d'Atout France. Nous avons une chance dans notre pays de pouvoir faire cette vérification en 2 clics seulement, ce n'est pas le cas partout.
A partir du mois de janvier 2024, dans nos campagnes sur les réseaux sociaux, nous allons intégrer cette dimension réglementaire. Après sur une campagne TV, le format est court, donc il n'est pas facile de pouvoir rentrer en profondeur dans le sujet.