Voyageurs du Monde : un exercice hors norme profitable aux salariés et... aux actionnaires ! 🔑

En 2023 et selon les propos mêmes de Thierry Millon, le directeur des études d'Altares, le voyage a tourné la page du Covid.

Les uns après les autres, les grands groupes, comme Kuoni, Havas, Austral Lagons ou encore Voyageurs du Monde démontrent que le précédent exercice a été historique et qu'il est un marqueur de la nouvelle histoire du voyage.

L'entreprise de Jean-François Rial a réalisé une année 2023 de tous les records, voire même de tous les excès, comme ce fut le cas pour la République dominicaine.

"Les résultats sont très bons, en termes de chiffres d'affaires. Nous allons frôler les 700 millions d'euros, puisque nous avons enregistré 693,6 millions d'euros de revenus.

Le résultat net suit, lui aussi, cette dynamique, il est en croissance de près de 50% par rapport à l'année dernière, mais versus l'avant-Covid, nous le multiplions par deux", se félicite Lionel Habasque, le PDG de Terres d'Aventure, une filiale du groupe Voyageurs du Monde.

Ceux qui aiment les courbes vert foncé vont alors apprécier les prochains paragraphes.

Les recettes ont très fortement augmenté (+42,3%), en raison principalement des acquisitions réalisées à l'étranger et d'une demande énergique pour les voyages notamment sur-mesure.

Imaginez un peu, qu'en 2019, Voyageurs du Monde avait généré 487,5 millions d'euros de revenus.

A périmètre constant, donc sans les rachats des Autrichiens d'Eurofun ou des Américains d'Extraordinary Journeys, le chiffre d'affaires aurait alors affiché une vitalité de +16,5%, comparativement à 2019, l'année de référence de l'époque.

Pour Jean-François Rial, son PDG, l'année a été hors norme, du jamais vu depuis 30 ans.

Cette nouvelle ère est surtout marquée par l'envolée du voyage... sur-mesure.

"Nous avons surtout été portés par le sur-mesure (19,3%), plus que le segment d'aventure (+ 10,8%) tout simplement parce qu'en 2023, les clients se sont vraiment fait plaisir en termes de prestation et de durée de voyage. Nous étions en plein revenge travel.

Sur l'activité d'aventure, l'essentiel de nos voyages est vendu sous forme de packages, donc des produits un peu moins flexibles," précise Lionel Habasque.

A l'image des autres acteurs du secteur, la progression de la clientèle a été très faible, la croissance est principalement due à l'inflation.

L'internationalisation du Groupe, qui devrait se poursuivre dans les mois à venir avec l'implantation à venir en Suisse allemande, porte ses fruits. 35% des revenus proviennent de... l'étranger.

Cette stratégie est amenée à se poursuivre à l'avenir. "Nous sommes toujours dans cette dynamique à la fois de croissance organique, comme en 2023 avec la pleine reprise de l'activité du voyage, mais aussi externe.

En fonction des opportunités de développement, nous avons toujours un œil sur l'international, mais cela se fera à notre rythme," fait preuve de modération le responsable.

La dernière acquisition a eu lieu en février 2024.

La branche canadienne de Voyageurs du Monde a pris le contrôle d'Ekilib - Le Monde à Vélo, le leader québécois des voyages à vélo en Europe.

Cette activité est actuellement en essor. Elle représente 16% du chiffre d’affaires total du groupe, pour près de 38% des clients.

Et la verticale est amenée à se développer toujours plus, notamment grâce à l'acquisition d'Ekilib - Le Monde à Vélo, entrainant de bons résultats économiques et financiers qui seront aussi redistribués aux... salariés.

"Autre chose importante pour nous et nos salariés : nous allons effectuer une redistribution importante, puisque nous allons répartir plus de 20% de la richesse créée.

En tout, près de 18 millions d'euros sont reversés à nos équipes sous forme d'intéressement ou de prime de participation," annonce le PDG de Terres d'Aventure.

Parmi toutes ces bonnes nouvelles, l'activité des 18 agences de voyages n'a pas été épargnée par le revenge travel.

Les points de vente ont aussi vu leurs effectifs grossir. Depuis la crise sanitaire, l'entreprise permet à ses salariés qui ne sont pas directement liés à la vente de pouvoir s'installer en province.

"Ils peuvent travailler dans nos agences et déménager. Nous parlons là des services comptables, informatique, etc.

Nous voulons leur permettre de travailler dans les meilleures conditions possibles, le télétravail reste aussi toujours d'actualité au rythme de 2 jours par semaine," poursuit sur le volet social, le dirigeant.

Les dispositifs en faveur des salariés portent leurs fruits au regard de la dynamique affichée en 2023, mais aussi... en 2024.

Pour l'heure, les tendances sont plutôt positives. "Nous sommes en croissance sur l'année 2024 de 8,2%. Par contre, nous observons que depuis janvier, le taux d'augmentation s'érode chaque mois.

Ce ralentissement est la conséquence d'une suractivité en 2023, et puis l'environnement géopolitique n'est quand même pas vraiment favorable," déplore celui qui fait partie du club des 5 ayant participé au rachat du voyagiste en 1996.

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Les derniers évènements entre l'Israël et l'Iran ne devraient pas vraiment rassurer les voyageurs français, mais aussi à travers le monde.

De plus, après avoir énormément dépensé et jeté leur dévolu sur les destinations long-courriers, 2024 pourrait être une année court-courrier. Nous en saurons plus dans quelques mois, alors que les réservations estivales sont anormalement en retard.

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Une chose est sûre dans ce contexte des plus complexes au niveau politique, économique et social : la hausse des étiquettes est bien terminée. Les prix ne sont plus orientés à la hausse, même dans le voyage.

"Il y a un tassement des prix, l'augmentation a été l'élément marquant de 2023. Après je pense que nous avons pu aussi bénéficier de notre notoriété et des valeurs que nous véhiculons. Comme nos clients le savent, nous sommes très engagés sur les questions de responsabilité et la durabilité du voyage."

Dans une industrie et une société de plus en plus segmentées, où un virage vert semble avoir été pris, cet engagement a pu être aussi un levier de croissance au moment de reprendre la parole, lors de la réouverture des frontières.

Voyageurs du Monde ressort donc de cette période plus dynamique que jamais et aussi avec une vitalité financière toute retrouvée.

Pour fêter cela, le conseil d'administration a voté en faveur d'un projet d’offre publique de rachat d’actions (OPRA).

Le cours de bourse a été suspendu ce mardi matin, dans l'attente de la validation de la décision.

"Nous avons reconstitué notre capacité financière au-delà de 2019. Sans obérer notre capacité de nous développer à l'avenir, nous avons décidé de rendre cette trésorerie à nos actionnaires.

Une OPRA est une opération de retrait d'actions, financée sur nos propres liquidités, à hauteur de 130 millions," précise Lionel Habasque.

Un montant loin d'être anodin, puisqu'en mars 2021, le groupe avait alors émis... 130 millions d'euros d'obligations convertibles.

Lors de cet épisode capitalistique, réalisé dans le but de renforcer sa structure financière, Certares et Nov Tourisme étaient alors entrés au capital. Deux acteurs qui restent en place, malgré le rachat de 20% du capital, au prix de 150 euros.

A sa suspension l'action valait 129 euros.

"Notre activité a finalement repris plus rapidement que prévu, nous rendons notre excédent de trésorerie. Cela ne va rien changer à notre structure financière, ni actionnariale, sauf pour les actionnaires, qui pourront nous les revendre au prix indiqué (plus haut, ndlr)" explique le dirigeant.

Le calendrier très strict prévoit que l'opération aura, si tout va bien, lieu dans le courant de l'été.

Actionnaires, salariés et dirigeants... la belle forme de Voyageurs du Monde profite à tous.