Grégory Mavoian, Président de Manor : "Ce qui est problématique c'est qu'avec ces ratios même une agence saine peut se retrouver à fournir une caution à première demande" - Depositphotos.com Auteur godongphoto
C'est une pilule qui a du mal à passer pour certaines agences de voyages agréées SNCF. Après la baisse de la commission, l'opérateur ferroviaire a demandé à plusieurs opérateurs de fournir une garantie bancaire à première demande pour continuer à émettre des billets de train.
Comme chaque année, les services financiers de la SNCF analysent - à l'image de IATA - les ratios financiers des entreprises partenaires. En fonction de la note financière de l’agence, la SNCF peut demander une garantie qui couvrira zéro, un ou deux mois de chiffre d’affaires.
Jusqu'ici rien de nouveau, sauf qu'avec l'analyse des comptes 2021 impactés par la crise covid, certains ne passent plus le cap et doivent fournir une caution bancaire.
Pour Grégory Mavoian, Président de Manor les ratios restent trop drastiques : "que la SNCF s'assure que les niveaux de trésorerie suffisent au paiement cela ne me choque pas, d'autant que nous sommes prélevés le 22 du mois suivant. Ce qui est problématique c'est qu'avec ces ratios même une agence saine peut se retrouver à fournir une caution à première demande.
Manor est un réseau composé d'entreprises solides et pourtant je peux vous dire qu'un certain nombre d'entre elles n'ont pas passé ces ratios. A titre perso (Globéo Travel ndlr) nous sommes passés juste alors même qu'en terme de trésorerie nous n'avons vraiment aucun problème".
Les entreprises du réseau Manor ne sont pas les seules dans ce cas. American Express Global Business Travel a aussi été rattrapé par les ratios financiers imposés par la SNCF.
Lire aussi : AMEX GBT : avec la SNCF, "ce sera un jeu d’équilibriste pour trouver de la rentabilité"
Pour Yorick Charveriat, VP / General Manager France d'AMEX GBT, la compagnie ferroviaire va trop loin : "Il n'y a aucune solidarité alors que nous sommes encore loin des niveaux d’activité standards dans le business travel. Je déplore la méthode.
Nous n'avons pas le choix. On nous met devant le fait accompli alors que nous avons payé rubis sur ongle pendant toute la durée de la crise. Après le coup des commissions(*), voila qu'il demande une garantie à première demande".
(*) le taux de commission va passer à 2,7% dans le cadre de la nouvelle convention EDV - SNCF
Comme chaque année, les services financiers de la SNCF analysent - à l'image de IATA - les ratios financiers des entreprises partenaires. En fonction de la note financière de l’agence, la SNCF peut demander une garantie qui couvrira zéro, un ou deux mois de chiffre d’affaires.
Jusqu'ici rien de nouveau, sauf qu'avec l'analyse des comptes 2021 impactés par la crise covid, certains ne passent plus le cap et doivent fournir une caution bancaire.
Pour Grégory Mavoian, Président de Manor les ratios restent trop drastiques : "que la SNCF s'assure que les niveaux de trésorerie suffisent au paiement cela ne me choque pas, d'autant que nous sommes prélevés le 22 du mois suivant. Ce qui est problématique c'est qu'avec ces ratios même une agence saine peut se retrouver à fournir une caution à première demande.
Manor est un réseau composé d'entreprises solides et pourtant je peux vous dire qu'un certain nombre d'entre elles n'ont pas passé ces ratios. A titre perso (Globéo Travel ndlr) nous sommes passés juste alors même qu'en terme de trésorerie nous n'avons vraiment aucun problème".
Les entreprises du réseau Manor ne sont pas les seules dans ce cas. American Express Global Business Travel a aussi été rattrapé par les ratios financiers imposés par la SNCF.
Lire aussi : AMEX GBT : avec la SNCF, "ce sera un jeu d’équilibriste pour trouver de la rentabilité"
Pour Yorick Charveriat, VP / General Manager France d'AMEX GBT, la compagnie ferroviaire va trop loin : "Il n'y a aucune solidarité alors que nous sommes encore loin des niveaux d’activité standards dans le business travel. Je déplore la méthode.
Nous n'avons pas le choix. On nous met devant le fait accompli alors que nous avons payé rubis sur ongle pendant toute la durée de la crise. Après le coup des commissions(*), voila qu'il demande une garantie à première demande".
(*) le taux de commission va passer à 2,7% dans le cadre de la nouvelle convention EDV - SNCF
Un sujet suivi de près par les Entreprises du Voyage
Amex GBT qui a atteint un niveau d'activité en 2022 à 70% de 2019 et qui vise les 80% en 2023 a trouvé un accord avec la SNCF mais a dû mobiliser "une grosse somme d'argent" pour continuer à assurer les émissions.
"Je tiens à rassurer nos clients sur la continuité de service mais nous travaillons avec les Entreprises du Voyage (EDV) pour faire évoluer cette situation", poursuit le directeur général France d'Amex GBT.
"C'est un sujet que nous suivons de près, confirme Jean-Pierre Mas, Président des EDV Pour la plupart des entreprises l'excédent brut d'exploitation en 2021 est négatif et cela pose un problème à pas mal d'entreprises.
La direction financière de la SNCF a la souplesse d'un rail... Ils se focalisent sur l'excédent brut d'exploitation négatif alors qu'une entreprise peut avoir des réserves, de la trésorerie et des capitaux propres. Ils demandent des cautions bancaires qui sont parfois très compliquées à obtenir".
Et pour ceux qui doivent fournir une garantie, "les montants peuvent être très importants, cela peut-être extrêmement pénalisant" ajoute un observateur du secteur d'autant qu'il n'y a pas d'options alternatives.
"Je tiens à rassurer nos clients sur la continuité de service mais nous travaillons avec les Entreprises du Voyage (EDV) pour faire évoluer cette situation", poursuit le directeur général France d'Amex GBT.
"C'est un sujet que nous suivons de près, confirme Jean-Pierre Mas, Président des EDV Pour la plupart des entreprises l'excédent brut d'exploitation en 2021 est négatif et cela pose un problème à pas mal d'entreprises.
La direction financière de la SNCF a la souplesse d'un rail... Ils se focalisent sur l'excédent brut d'exploitation négatif alors qu'une entreprise peut avoir des réserves, de la trésorerie et des capitaux propres. Ils demandent des cautions bancaires qui sont parfois très compliquées à obtenir".
Et pour ceux qui doivent fournir une garantie, "les montants peuvent être très importants, cela peut-être extrêmement pénalisant" ajoute un observateur du secteur d'autant qu'il n'y a pas d'options alternatives.
SNCF : "les ratios financiers ont été adaptés en 2020 et 2021"
"Si nos bilans reposaient uniquement sur les ventes générées à partir du produit train peu d'agences seraient bénéficiaires. C'est bien parce que nous vendons un mix produits : transport, location de voiture, hôtels que nous dégageons de la rentabilité et du résultat" souffle Grégory Mavoian avant d'ajouter : "La SNCF impose des ratios de productivité alors que dans le même temps notre productivité est divisée par 4 lorsque nous vendons un billet Ouigo..."
De son côté, la SNCF répond qu'elle a adapté dès 2020 ses ratios d'analyse financière et a continué à les appliquer en 2021, suite à des discussions avec les EDV.
"Les aides perçues de l’Etat ou le chômage partiel par exemple viennent en déduction du calcul des ratios, pour éviter de pénaliser l’analyse financière de ces agences de voyage, nous explique Guillaume Confais-Morieux, directeur marché Agences de Voyages à la SNCF. Si nous avions gardé les critères 2019, quasiment toutes les agences seraient exigibles à garantie compte-tenu de la crise que nous venons de traverser".
Selon la SNCF, un quart des agences sont concernées par les garanties sur le millier d’agences agréées SNCF. "Parmi celles-ci nous en avons quasiment autant qui sont nouvellement exigibles à la garantie que d’agences à qui nous restituons leur garantie passée compte tenu de leur meilleure note financière" ajoute Guillaume Confais-Morieux.
Les agences mixant loisirs et affaires semblent moins exposées, les voyages d'agrément étant reparti plus vite que le business travel. "Sur le voyage d'affaires, la reprise est là mais nous ne retrouvons pas les niveaux de 2019 en 2023 alors que sur le loisirs nous retrouvons les niveaux antérieurs en volume d'affaires" analyse Jean-Pierre Mas.
Lire aussi : Christophe Jacquet : Air France, SNCF "me donnent l'impression d'être un mendiant..."
Ce dernier n'a pas à sa connaissance de cas d'agence dont les émissions auraient été coupées par la SNCF. Mais Guillaume Confais-Morieux ne cache pas que la compagnie ferroviaire pourrait suspendre les émissions aux entreprises qui ne pourraient pas fournir la caution demandée : "une agence qui présenterait des ratios financiers dégradés, et ne pourrait pas produire de garantie bancaire à première demande ou qui ne serait pas soutenue par ses partenaires financiers nous mettrait à risque.
Le secteur a connu des faillites importantes dans le passé. Il est normal que nous ayons une position équilibrée, tenant compte de la crise économique en assouplissant nos critères, mais aussi en couvrant nos risques d’impayés qui sont réels..."
De son côté, la SNCF répond qu'elle a adapté dès 2020 ses ratios d'analyse financière et a continué à les appliquer en 2021, suite à des discussions avec les EDV.
"Les aides perçues de l’Etat ou le chômage partiel par exemple viennent en déduction du calcul des ratios, pour éviter de pénaliser l’analyse financière de ces agences de voyage, nous explique Guillaume Confais-Morieux, directeur marché Agences de Voyages à la SNCF. Si nous avions gardé les critères 2019, quasiment toutes les agences seraient exigibles à garantie compte-tenu de la crise que nous venons de traverser".
Selon la SNCF, un quart des agences sont concernées par les garanties sur le millier d’agences agréées SNCF. "Parmi celles-ci nous en avons quasiment autant qui sont nouvellement exigibles à la garantie que d’agences à qui nous restituons leur garantie passée compte tenu de leur meilleure note financière" ajoute Guillaume Confais-Morieux.
Les agences mixant loisirs et affaires semblent moins exposées, les voyages d'agrément étant reparti plus vite que le business travel. "Sur le voyage d'affaires, la reprise est là mais nous ne retrouvons pas les niveaux de 2019 en 2023 alors que sur le loisirs nous retrouvons les niveaux antérieurs en volume d'affaires" analyse Jean-Pierre Mas.
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Ce dernier n'a pas à sa connaissance de cas d'agence dont les émissions auraient été coupées par la SNCF. Mais Guillaume Confais-Morieux ne cache pas que la compagnie ferroviaire pourrait suspendre les émissions aux entreprises qui ne pourraient pas fournir la caution demandée : "une agence qui présenterait des ratios financiers dégradés, et ne pourrait pas produire de garantie bancaire à première demande ou qui ne serait pas soutenue par ses partenaires financiers nous mettrait à risque.
Le secteur a connu des faillites importantes dans le passé. Il est normal que nous ayons une position équilibrée, tenant compte de la crise économique en assouplissant nos critères, mais aussi en couvrant nos risques d’impayés qui sont réels..."