"Le mariage avec Air Austral n'a pas marché aujourd'hui, mais ce n'est pas pour ça que ça ne marchera pas demain," selon Pascal de Izaguirre (Corsair) - Depositphotos @hofred
TourMaG.com - Dans la 1ère partie de l'entretien, nous sommes revenus sur l'actualité de Corsair. Maintenant projetons-nous un peu, comment voyez-vous les prochains exercices pour Corsair ? La compagnie doit-elle atteindre l'équilibre dans les 3 prochaines années ?
Pascal de Izaguirre : Avec le covid, nous n'avons pas été aidés depuis 2 ans.
Il y a une inconnue au niveau de reprise du trafic et à ce niveau je suis optimiste, car nous sommes positionnés sur des lignes dynamiques. Nous avons beaucoup de trafic affinitaire et sommes moins sensibles à la conjoncture économique.
Le 2e sujet important pour nous : le prix du pétrole.
Actuellement la courbe est à la baisse, c'est positif. Donc pour retrouver des chiffres intéressants, nous devons enregistrer des hausses de tarif, pour répercuter la hausse des coûts de production et du prix du pétrole.
Sans détente à ce niveau, ce sera très compliqué. Je me réjouis du plein soutien des actionnaires de Corsair. ils m'ont signifié qu'ils seraient toujours là. La meilleure marque de cette confiance, c'est la commande des 4 A330neo.
Les actionnaires ont approuvé cette commande, nous gardons le cap.
Preuve en est, nous embauchons. Un nouveau directeur régional et une responsable marketing basés aux Antilles arrivent, puis nous finalisons le recrutement d'un directeur en Côte d'Ivoire.
Pour tout vous dire, nous préparons le budget pour l'année prochaine avec une hausse assez sensible de notre chiffre d'affaires prévisionnel.
Pascal de Izaguirre : Avec le covid, nous n'avons pas été aidés depuis 2 ans.
Il y a une inconnue au niveau de reprise du trafic et à ce niveau je suis optimiste, car nous sommes positionnés sur des lignes dynamiques. Nous avons beaucoup de trafic affinitaire et sommes moins sensibles à la conjoncture économique.
Le 2e sujet important pour nous : le prix du pétrole.
Actuellement la courbe est à la baisse, c'est positif. Donc pour retrouver des chiffres intéressants, nous devons enregistrer des hausses de tarif, pour répercuter la hausse des coûts de production et du prix du pétrole.
Sans détente à ce niveau, ce sera très compliqué. Je me réjouis du plein soutien des actionnaires de Corsair. ils m'ont signifié qu'ils seraient toujours là. La meilleure marque de cette confiance, c'est la commande des 4 A330neo.
Les actionnaires ont approuvé cette commande, nous gardons le cap.
Preuve en est, nous embauchons. Un nouveau directeur régional et une responsable marketing basés aux Antilles arrivent, puis nous finalisons le recrutement d'un directeur en Côte d'Ivoire.
Pour tout vous dire, nous préparons le budget pour l'année prochaine avec une hausse assez sensible de notre chiffre d'affaires prévisionnel.
"Si besoin était, je sais que nos actionnaires seront derrière Corsair"
TourMaG.com - Par rapport à la commande des 4 A330neo, les actionnaires ont dû remettre au pot ?
Pascal de Izaguirre : La commande est un contrat de leasing.
Ils ont donné le plein soutien sur cette commande et notre développement aussi bien vis-à-vis du réseau que des recrutements. Si besoin était, je sais que nos actionnaires seront derrière Corsair.
Je n'ai pas d'inquiétude à ce niveau et c'est satisfaisant.
Nous avons aussi les deux collectivités territoriales de la Martinique et de la Guadeloupe, dans le capital de la compagnie. C'est un engagement politique très fort, nous savons qu'elles seront toujours là pour nous appuyer.
TourMaG.com - Pour continuer sur le carburant, où êtes-vous de votre bataille politique avec les préfets de la Guadeloupe et Martinique concernant la hausse des taxes kérosène dans ces îles ?
Pascal de Izaguirre : Nous regardons juridiquement, pour savoir si nous n'allons pas attaquer cette décision.
Le transport aérien sur les outre-mer, ce n'est pas un produit de luxe, mais quasiment un service public et un bien de 1ère nécessité. L'Exécutif doit prendre cela en compte.
C'est un sujet propre à mon autre casquette de président de la FNAM. Poste que j'occuperais en novembre prochain.
Maintenant que nous avons des interlocuteurs identifiés au gouvernement, nous allons pouvoir aborder le sujet de la compétitivité de l'aérien français, avec des déficits accumulés pour le financement de la sureté et de la navigation.
Nous demandons qu'ils soient pris en charge par le budget de l'Etat et non par celui des compagnies aériennes.
Pascal de Izaguirre : La commande est un contrat de leasing.
Ils ont donné le plein soutien sur cette commande et notre développement aussi bien vis-à-vis du réseau que des recrutements. Si besoin était, je sais que nos actionnaires seront derrière Corsair.
Je n'ai pas d'inquiétude à ce niveau et c'est satisfaisant.
Nous avons aussi les deux collectivités territoriales de la Martinique et de la Guadeloupe, dans le capital de la compagnie. C'est un engagement politique très fort, nous savons qu'elles seront toujours là pour nous appuyer.
TourMaG.com - Pour continuer sur le carburant, où êtes-vous de votre bataille politique avec les préfets de la Guadeloupe et Martinique concernant la hausse des taxes kérosène dans ces îles ?
Pascal de Izaguirre : Nous regardons juridiquement, pour savoir si nous n'allons pas attaquer cette décision.
Le transport aérien sur les outre-mer, ce n'est pas un produit de luxe, mais quasiment un service public et un bien de 1ère nécessité. L'Exécutif doit prendre cela en compte.
C'est un sujet propre à mon autre casquette de président de la FNAM. Poste que j'occuperais en novembre prochain.
Maintenant que nous avons des interlocuteurs identifiés au gouvernement, nous allons pouvoir aborder le sujet de la compétitivité de l'aérien français, avec des déficits accumulés pour le financement de la sureté et de la navigation.
Nous demandons qu'ils soient pris en charge par le budget de l'Etat et non par celui des compagnies aériennes.
Air Austral - Corsair : "la consolidation entre les compagnies françaises aura lieu"
TourMaG.com - Air Austral attend la validation par la Commission européenne de son plan de sauvetage. Après coup, quel regard portez-vous sur ce mariage avorté ?
Pascal de Izaguirre : Nous avons beaucoup travaillé au cours des 12 derniers mois sur le sujet, en vain.
Nous avons été énormément mobilisés, Corsair et ses actionnaires ont joué totalement le jeu de ce rapprochement. Je tiens à rappeler que cette démarche a été initiée par l'Etat. J'avais juste initié la création d'une joint venture, entre Air Austral et Corsair.
Cette consolidation a du sens. Et je reste persuadé que tôt au tard, la consolidation entre compagnies du marché français aura lieu, c'est inévitable et du bon sens économique.
Qu'est-ce que vous voulez, nous ne pouvons pas convoler à deux, si une des parties le refuse. La région Réunion privilégie une solution purement réunionnaise, nous en avons pris acte.
La suite, ne nous appartient plus.
TourMaG.com - Le dossier est donc définitivement refermé ?
Pascal de Izaguirre : A ma connaissance, il n'y a pas d'ouverture sur le rapprochement capitalistique.
TourMaG.com - Vous abandonnez même la joint venture ?
Pascal de Izaguirre : C'est autre chose, quel que soit l'issue se reposera la question de la joint venture.
C'est pour moi quelque chose de très pertinent, profitable et puissant pour les 2 compagnies. Ce n'est pas parce que le mariage est avorté qu'il n'est pas possible de faire une opération commerciale renforcée.
Cette coopération est très pertinente et nous devrons le remettre à l'ordre du jour. La situation doit se décanter du côté d'Air Austral.
Pascal de Izaguirre : Nous avons beaucoup travaillé au cours des 12 derniers mois sur le sujet, en vain.
Nous avons été énormément mobilisés, Corsair et ses actionnaires ont joué totalement le jeu de ce rapprochement. Je tiens à rappeler que cette démarche a été initiée par l'Etat. J'avais juste initié la création d'une joint venture, entre Air Austral et Corsair.
Cette consolidation a du sens. Et je reste persuadé que tôt au tard, la consolidation entre compagnies du marché français aura lieu, c'est inévitable et du bon sens économique.
Qu'est-ce que vous voulez, nous ne pouvons pas convoler à deux, si une des parties le refuse. La région Réunion privilégie une solution purement réunionnaise, nous en avons pris acte.
La suite, ne nous appartient plus.
TourMaG.com - Le dossier est donc définitivement refermé ?
Pascal de Izaguirre : A ma connaissance, il n'y a pas d'ouverture sur le rapprochement capitalistique.
TourMaG.com - Vous abandonnez même la joint venture ?
Pascal de Izaguirre : C'est autre chose, quel que soit l'issue se reposera la question de la joint venture.
C'est pour moi quelque chose de très pertinent, profitable et puissant pour les 2 compagnies. Ce n'est pas parce que le mariage est avorté qu'il n'est pas possible de faire une opération commerciale renforcée.
Cette coopération est très pertinente et nous devrons le remettre à l'ordre du jour. La situation doit se décanter du côté d'Air Austral.
"Derrière Air France, aucune des compagnies n'a la taille critique"
TourMaG.com - Aimeriez-vous que Corsair soit acteur dans la concentration du ciel aérien français, avec d'autres acteurs ?
Pascal de Izaguirre : Nous avons essayé avec Air Austral, mais ça n'a pas marché.
Vous admettrez que c'est un mauvais début pour la concentration du ciel français. Pour l'instant, il n'y a pas d'autre piste. En tant que professionnel de l'aérien, je considère que cette consolidation à terme est pertinente.
Le transport aérien est un secteur où les notions de taille critique, synergie, économie d'échelle et combinatoire de réseau sont prépondérantes. Quand vous regardez, derrière Air France, aucune des compagnies n'a la taille critique, la concurrence est sans limite.
Dans les prochaines années, cette concentration arrivera. Cela peut passer aussi par la disparition d'un acteur qui de facto renforce les autres ou des associations industrielles.
Affaire à suivre.
TourMaG.com - Ce rapprochement devait permettre d'offrir un avenir plus sûr aux deux compagnies. Sans cette fusion capitalistique, Corsair a-t-elle besoin de l'arrivée prochaine d'un nouvel actionnaire ?
Pascal de Izaguirre : Nous avons déjà des actionnaires.
Si à l'avenir un besoin de recapitalisation se faisait ressentir, la priorité sera donnée aux actionnaires actuels. Ils devront se prononcer, mais comme je vous l'ai dit, je suis très confiant quant à leur soutien.
TourMaG.com - Selon vous, ils ont la pleine capacité pour mener à bien une recapitalisation ?
Pascal de Izaguirre : Je n'ai pas trop d'inquiétude sur ce point.
Pascal de Izaguirre : Nous avons essayé avec Air Austral, mais ça n'a pas marché.
Vous admettrez que c'est un mauvais début pour la concentration du ciel français. Pour l'instant, il n'y a pas d'autre piste. En tant que professionnel de l'aérien, je considère que cette consolidation à terme est pertinente.
Le transport aérien est un secteur où les notions de taille critique, synergie, économie d'échelle et combinatoire de réseau sont prépondérantes. Quand vous regardez, derrière Air France, aucune des compagnies n'a la taille critique, la concurrence est sans limite.
Dans les prochaines années, cette concentration arrivera. Cela peut passer aussi par la disparition d'un acteur qui de facto renforce les autres ou des associations industrielles.
Affaire à suivre.
TourMaG.com - Ce rapprochement devait permettre d'offrir un avenir plus sûr aux deux compagnies. Sans cette fusion capitalistique, Corsair a-t-elle besoin de l'arrivée prochaine d'un nouvel actionnaire ?
Pascal de Izaguirre : Nous avons déjà des actionnaires.
Si à l'avenir un besoin de recapitalisation se faisait ressentir, la priorité sera donnée aux actionnaires actuels. Ils devront se prononcer, mais comme je vous l'ai dit, je suis très confiant quant à leur soutien.
TourMaG.com - Selon vous, ils ont la pleine capacité pour mener à bien une recapitalisation ?
Pascal de Izaguirre : Je n'ai pas trop d'inquiétude sur ce point.
Mariage Air Austral - Corsair : "ce n'est pas pour ça que ça ne marchera pas demain"
Autres articles
TourMaG.com - Après avoir travaillé 12 mois sur le rapprochement avec Air Austral. Gardez-vous un goût amer de ce mariage loupé ?
Pascal de Izaguirre : Pas du tout, car nous apprenons toujours, tout au long de sa vie.
C'est un dossier d'une extrême complexité, une épreuve passionnante. Il a fallu discuter avec la direction d'Air Austral, des actionnaires privés, des collectivités territoriales, l'Etat, des banques d'affaires...
Nous pouvons dire : tout ce travail pour rien, mais tout ce que nous faisons n'est pas voué à marcher, nous ne réussissons pas tout.
Retenons le positif de cette période. Je suis un ancien d'Air Afrique, je crois au développement de ce continent.
Les ouvertures de ligne en Afrique sont très intéressante, car la dimension politique y est énorme. Pour ouvrir New York, vous ne rencontrez pas Biden, alors qu'en Afrique vous échangez directement avec le chef d'Etat, de nombreux acteurs économiques, etc.
Après pour en revenir au mariage avec Air Austral, ça n'a pas marché aujourd'hui, mais ce n'est pas pour ça que ça ne marchera pas demain. Il ne faut jamais dire : fontaine je ne boirai pas de ton eau.
Si un jour on rouvre ce livre avec Air Austral, le travail que nous avons fait sera très utile.
Pascal de Izaguirre : Pas du tout, car nous apprenons toujours, tout au long de sa vie.
C'est un dossier d'une extrême complexité, une épreuve passionnante. Il a fallu discuter avec la direction d'Air Austral, des actionnaires privés, des collectivités territoriales, l'Etat, des banques d'affaires...
Nous pouvons dire : tout ce travail pour rien, mais tout ce que nous faisons n'est pas voué à marcher, nous ne réussissons pas tout.
Retenons le positif de cette période. Je suis un ancien d'Air Afrique, je crois au développement de ce continent.
Les ouvertures de ligne en Afrique sont très intéressante, car la dimension politique y est énorme. Pour ouvrir New York, vous ne rencontrez pas Biden, alors qu'en Afrique vous échangez directement avec le chef d'Etat, de nombreux acteurs économiques, etc.
Après pour en revenir au mariage avec Air Austral, ça n'a pas marché aujourd'hui, mais ce n'est pas pour ça que ça ne marchera pas demain. Il ne faut jamais dire : fontaine je ne boirai pas de ton eau.
Si un jour on rouvre ce livre avec Air Austral, le travail que nous avons fait sera très utile.