TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo TourMaG  




EXCLUSIF - Univairmer : l'impossible sauvetage [ABO]

Le sauvetage d'Univairmer n'aura pas lieu


Tout le monde se sera battu jusqu'au bout pour sauver de la faillite Univairmer, mais cela n'aura pas suffi. Le réseau, ses 70 points de vente et plus de 120 salariés, ne sera pas sauvé et ne pourra sans doute pas continuer dans sa forme actuelle. La cessation de paiement parait inéluctable... l'épilogue d'une lente et insupportable agonie. Information exclusive.


Rédigé par le Jeudi 6 Février 2025

Le sauvetage d'Univairmer n'aura pas lieu, la cessation de paiement parait inéluctable - Crédit photo : CE
Le sauvetage d'Univairmer n'aura pas lieu, la cessation de paiement parait inéluctable - Crédit photo : CE
Vous pouvez acheter cet article à l'unité pour le prix de 3,99 € en cliquant ICI ou vous abonner pour 83€ TTC par an.


Ce début de semaine, les journées ont été interminables de celles qui donnent l'impression de s'étirer sans cesse pour refuser de mourir.

Les téléphones ont crépité, vibré puis se sont tus, avant de repartir de plus belle.

Au gré des atermoiements des négociateurs, investisseurs et dirigeants, l'ascenseur émotionnel pour les équipes était digne de l'attraction de la Tour de la Terreur de Disneyland Paris.

Les freins et la porte de sortie en moins. Le rendez-vous a été donné mardi matin, puis le midi et encore le soir pour trouver une solution à l'épineuse, voire même inextricable situation financière d'Univairmer.

Des entretiens et tractations ont eu lieu, encore ce mercredi 5 février 2025... en vain. "Il n'y aura pas de sauvetage, c'est décidé.

Nous faisons face à trop de problèmes juridiques. Sous sa forme actuelle Univairmer, je vous l'annonce avec certitude : c'est terminé,
" nous explique Boris Reibenberg qui était à la manœuvre pour sauver le réseau.

Et d'après nos informations sauf miracle, jeudi 6 février, la direction devrait déposer dans les prochaines heures la déclaration de cessation des paiements au tribunal de commerce.


Univairmer : un trou financier insondable...

Ce n'est que l'épilogue d'une descente aux enfers qui a débuté en juillet suite au rachat des 70 agences par Tomorrow Travel, dirigée par le duo Thibaut Aufort et Lucas Gebhardt.

A l'automne, Philibert Voyages n'est pas payé pour des séjours qui ont eu lieu. L'ardoise de 20 000 euros n'est pas récupérée, le tour-opérateur stoppe les ventes.

Il est très rapidement rejoint par une flopée de noms, dont des prestigieux et même des actionnaires d'Univairmer. Le passif monte dangereusement pour atteindre les presque 2 millions d'euros, selon les calculs des intéressés.

"La bienséance quand une personne a des problèmes consiste à prévenir, avant même de rejeter les paiements. Avoir des problèmes financiers peut arriver à tout le monde, mais se conduire de la sorte, ce n'est pas correct. Ce genre d'histoire finit généralement mal.

Nous leur avons dit de payer pour débloquer les départs, nous ne voulons pas d'un échéancier, mais d'un règlement des sommes dues,
" se plaignait un patron de TO.

A lire : EXCLUSIF - Univairmer : le réseau est-il plombé ou sorti d'affaire ?

Le téléphone sonne dans le vide, les lettres de relance sont sans réponse.

Deux producteurs décident de porter l'affaire aux tribunaux en référé. La procédure n'ira donc pas jusqu'au bout. Ils ne sont pas les seuls à poursuivre le réseau devant la justice.

Les impayés s'entassent désespérément, les courriers de relance s'empilent dangereusement dans les agences.

Univairmer : TO, IATA, loyers... la liste des impayés est longue

"Nos fournisseurs ne sont pas payés, les réceptifs nous adressent des messages de relances,On ne sait même pas si nos clients auront leurs assurances," nous lâche un agent soulagé de la fin de ce long calvaire.

Après la rupture des contrats avec les sociétés de ménage des points de vente, de nettoyage de vitres, les abonnements pour l'encre des imprimantes et photocopieuses sont aussi suspendus.

Les loyers d'agences à Grenoble et Aix-les-Bains ne sont plus versés depuis des mois. Un propriétaire a même engagé un huissier pour récupérer les sommes, sous peine d'éjecter l'agence de voyages et ses salariés.

Ce n'est malheureusement pas tout.

Depuis mardi, les 70 points de vente ne peuvent plus émettre de billets d'avion. Sous prétexte de l'atteinte d'un quota fixé par IATA, il n'est plus possible d'émettre les précieux sésames des vacanciers sous peine d'un règlement direct.

Partenaire de Misterfly, le réseau a dû se résoudre à passer directement par l'Association du transport aérien international. La note vis-à-vis de Misterfly était telle, que le spécialiste de la distribution aérienne exigeait un paiement à la réservation.

Il était impossible pour le réseau d'obtempérer. Dernièrement, les agences ont aussi reçu l'ordre de ne plus utiliser les cartes bleues.


Un fardeau interminable qui s'ajoute au blocage des sites et plateformes des tour-opérateurs. Bon nombre d'acteurs ont décidé d'arrêter les frais, en stoppant toutes les ventes en provenance du réseau.

"Toutes les réservations sont bloquées, nous ne pouvons même plus faire de devis. Nous avons des retards avec tous les producteurs, ils menacent d'annuler les départs, même cas pour les réceptifs.

La situation est telle que nous ne recevons plus les carnets de voyages, nous devons les faires nous-mêmes,
" peste une responsable excédée.

Pendant ce temps, les négociations se poursuivent pour sauver le soldat Univairmer.

Univairmer : une dernière visio rassurante, en coulisse le plan implose

Lundi matin, un mail est envoyé aux fournisseurs pour annoncer la bonne nouvelle.

"Mais comme vous le savez la situation d'Univairmer s'est compliquée ces derniers jours.

Grâce à la mobilisation de tous, une solution de recapitalisation à plusieurs millions d'euros serait en passe d'être trouvée avec l'apport d'un investisseur du secteur.

Cette opération doit aboutir, en début de semaine, demain au plus tard,
" affirme son directeur général.

Sauf que ce message électronique envoyé bien trop vite a provoqué le courroux de l'un des potentiels investisseurs. Le soir même, Lucas Gebhardt se rétracte et ne souhaite plus faire partie de l'aventure, le contact est malgré tout maintenu, les discussions se poursuivent.

Une réunion de la dernière chance se tient mardi, les informations sont contradictoires. Dans le même temps, Atout France publie sur le registre le non-renouvèlement de l'immatriculation de Voyages Masson, la société mère d'Univairmer.

Une suspension qui est synonyme d'interdiction d'exercer la profession d'agent de voyages. Finalement, le mercredi matin, le réseau est à nouveau en règle et peut se remettre à vendre... rien.

Une visioconférence réunissant tous les salariés a lieu à 14 heures. Pendant l'intervention de Patrick Barbe Labarthe, Boris Reibneberg apprend que Lucas Gebhardt n'est pas en mesure de rassemble l'argent promis.

Le DG n'est pas au courant, il déballe un discours rassurant.

"Une solution est sur la table. La décision finale sera prononcée demain, le responsable s'est montré confiant et rassurant. Il nous est demandé de patienter un peu," nous explique une jeune femme depuis son comptoir.

Un ton sécurisant totalement en inadéquation avec la réalité des choses.

Le fondateur de Mobee Travel nous avoue arrêter les frais et quitter le canot de sauvetage.

Univairmer : Boris Reibenberg veut éviter la liquidation !

Las, les actionnaires des 70 agences de voyages ont décidé de ne pas remettre au pot, il manque un million d'euros sur les 3 nécessaires pour sauver l'entreprise.

Thibaut Aufort a bien tenté un dernier baroud d'honneur, en promettant quelques centaines de milliers d'euros, mais sans liquidité.

Boris Reibenberg était prêt à mettre 75% de l'enveloppe, il lui fallait un industriel du secteur en mesure de le suivre et de se charger du redressement. Il ne l'a pas trouvé.

Ce montant de 3 millions d'euros était celui déposé par les deux compères en juillet dernier, sur le compte d'Univairmer, pour effectuer le rachat, avant de les faire mystérieusement disparaitre.

D'après nos informations, ce jeudi ou au plus tard vendredi, la cessation de paiement (DCP) devrait être déposée au tribunal de commerce.

"Nous allons nous présenter à l'administrateur, avant la DCP, pour éviter la liquidation et s'orienter vers un redressement judiciaire. Je vais faire une proposition de reprise du personnel, des fonds de commerce, apurement des dettes sociales, puis l'accord des fournisseurs.

Nous allons essayer de ne pas planter tout le monde. Sauf que ce n'est pas gagné du tout,
" affirme toujours combatif, le patron de Xplorassur.

L'assureur devenu sur le tard un business angels du tourisme, ne se leurre pas, l'opération a peu de chance de réussir. Mais comme dirait l'autre tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

Un long chapitre de l'histoire de cet acteur historique va se refermer définitivement dans les prochains jours, reste maintenant à savoir si ce n'est le livre dans son intégralité.

En attendant, les salariés ne sont toujours pas au courant et iront dans les agences, la journée entière sans allumer aucune lumière, pour éviter toute interaction possible avec des clients.


Lu 1978 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus









































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias