Emploi tourisme : cent fois, mille fois remets ton ouvrage sur le métier 🔑

Il faut saluer toutes les tentatives pour résoudre la quadrature d’un cercle infernal : 200 000 à 300 000 postes disponibles dans toutes les entreprises touchant de près ou d’un peu plus loin le tourisme, dans les hôtels, les restaurants, les agences de voyages, les clubs de vacances, les campings, chez les autocaristes, les aubergistes, les clubs sportifs, les réceptifs…. Bref pratiquement partout !

Sans ces collaborateurs, les entreprises sont loin de tourner aussi bien qu’elles le pourraient, générant moins de marge qui permettrait de mieux les rémunérer et de casser cette image d’un secteur sous-payé par rapport à la charge de travail demandé.

Le constat est loin d’être une découverte et ce n’est pas faute d’avoir essayé à maintes reprises dans le passé d’y remédier par des campagnes de communication, des tournées de présentation, des mises en avant de parcours exemplaires… avec des résultats mitigés, il faut bien le reconnaître.

Le turn-over incessant dans tous les métiers de service était entériné comme une fatalité. Cent fois, mille fois remets ton annonce dans le journal ou sur le site pour remplacer celui (celle) qui a décidé que le Tourisme n’était pas pour lui (elle).

Au passage, c’est l’occasion pour des personnages bien inspirés et bien introduits auprès des autorités de proposer leur solution miracle ou leur assistance rémunérée. Les agences de com s’en donnent à cœur joie pour sortir le bon clip, la bonne formule qui devrait mobiliser les jeunes. L’argent est là ! Il est mis sur la table par un gouvernement bien intentionné qui a du mal à accepter ce paradoxe en temps de crise.

Force est de constater que l’efficacité est loin d’être remarquable : un site « officiel » isolé sur la planète internet, sans connexion avec d’autres plateformes qui pourraient l’alimenter, où l’employeur doit remplir laborieusement toutes les cases pour déposer son offre.

Côté communication, on nous a promis des spots qui auraient le même impact visuel et émotionnel que ceux de l’Armée de Terre. Euh… Je ne suis pas certain que les jeunes qui les ont vu ont eu la même émotion et l’envie irrésistible d’aller servir la patrie Tourisme.

La critique est facile et l’art de recruter est certainement difficile. Derrière le saupoudrage, le parasitage, la dispersion… il ne faut pas nier la volonté de trouver la solution. Le secteur de l’hôtellerie-restauration a la chance d’avoir dans le nouveau président de son principal syndicat un Chef charismatique dont on sait l’engagement auprès des jeunes.

Son discours sur les plateaux télé passe bien et son exemple motive. Le monde du voyage se cherche un Thierry Marx qui pourrait, lui-aussi, raconter son parcours, sa passion, sa réussite et inspirer des carrières.

La bonne nouvelle vient sans doute encore des « jeunes entreprises » qui ont adopté le mode de fonctionnement des startups. Plus de souplesse, plus de liberté, plus de moyen d’exprimer sa personnalité en échange d’un véritable engagement au service d’un projet partagé. Le monde du tourisme et de l’hospitalité se prête assez naturellement à cette vision du travail.

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Les DRH se transforment petit à petit en Talent Managers, voire dans certains cas en Happiness Managers… Si on dépasse l’habillage sémantique, la transformation est intéressante. Cultiver les talents et favoriser le bonheur au travail sont de pistes à suivre, une fois le sujet du salaire dépassé

On sait déjà que la prochaine saison estivale va être compliquée pour pas mal d’entreprises qui vont devoir s’arranger – ou pas – avec des salariés absents et des postes vacants.

Elles ne pourront pas attendre la prochaine Semaine des Métiers du Tourisme ou la prochaine campagne de valorisation du secteur pour faire leur chiffre.

Si la réalité du terrain collait un peu plus avec la promesse des images projetées sur l’écran, le problème serait sans doute moins sévère. D’ailleurs, et ce n’est que justice, ce sont les entreprises qui ont fait leur petite révolution interne qui ont finalement le moins de mal à s’en sortir.

Alors merci Madame la Ministre d’avoir eu cette idée de la Semaine des Métiers, un coup de projecteur même de faible intensité est mieux que l’obscurité. Faites attention quand même de ne pas distribuer les fonds publics à ceux qui s’accrochent un peu facilement à la misère du recruteur.