ITA l’héritière de la défunte Alitalia est l’objet des convoitises de ses plus proches voisins : Lufthansa et Air France-KLM. - Depsoitphotos.com Auteur gordzam@gmail.com
A tel point que les seuls points noirs sont liés à un cruel manque de personnel qualifié que ce soit dans les navigants ou même dans le personnel au sol.
KLM, par exemple, a été amenée à suspendre ses ventes car l’aéroport d’Amsterdam était totalement congestionné suite à un manque d’effectifs aux PIFs (Postes d’Inspection Filtrage). Alors les compagnies se remettent à réfléchir à leurs stratégies de consolidation.
Pour cela, il faut, bien évidemment avoir des prédateurs et des proies. En Amérique Latine, Avianca relance ses ambitions après une sortie programmée du Chapter 11. En Asie Singapore Airlines avec l’aide du groupe indien TATA prend la main sur les opérateurs indiens, Air India en particulier.
Et en Europe ITA l’héritière de la défunte Alitalia est l’objet des convoitises de ses plus proches voisins : Lufthansa et Air France-KLM. Cela semble être acquis, le transporteur italien va inévitablement passer sous la coupe de l’un des deux groupes. Est-ce si sûr, et est-ce si utile ?
Sur le papier, Lufthansa alliée au croisiériste suisse MSC paraît avoir le vent en poupe. La compagnie allemande a remboursé les prêts consentis par son gouvernement et a donc les mains libres pour investir dans le transporteur italien.
La position d’Air France-KLM est un peu plus compliquée. D’abord les prêts d’état ne sont pas encore remboursés, il faut pour cela réussir l’augmentation de capital de plus de 2 milliards d’euros lancée lors de la dernière assemblée générale, et il faut trouver des alliés.
Certes Delta Air Lines et le fonds d’investissement Certares seraient disposés à venir dans le tour de table, mais alors le capital nouveau d’ITA serait atomisé entre Air France, KLM, Delta Air Lines et Certares et il n’est pas certain que chacun d’eux poursuive les mêmes objectifs.
KLM, par exemple, a été amenée à suspendre ses ventes car l’aéroport d’Amsterdam était totalement congestionné suite à un manque d’effectifs aux PIFs (Postes d’Inspection Filtrage). Alors les compagnies se remettent à réfléchir à leurs stratégies de consolidation.
Pour cela, il faut, bien évidemment avoir des prédateurs et des proies. En Amérique Latine, Avianca relance ses ambitions après une sortie programmée du Chapter 11. En Asie Singapore Airlines avec l’aide du groupe indien TATA prend la main sur les opérateurs indiens, Air India en particulier.
Et en Europe ITA l’héritière de la défunte Alitalia est l’objet des convoitises de ses plus proches voisins : Lufthansa et Air France-KLM. Cela semble être acquis, le transporteur italien va inévitablement passer sous la coupe de l’un des deux groupes. Est-ce si sûr, et est-ce si utile ?
Sur le papier, Lufthansa alliée au croisiériste suisse MSC paraît avoir le vent en poupe. La compagnie allemande a remboursé les prêts consentis par son gouvernement et a donc les mains libres pour investir dans le transporteur italien.
La position d’Air France-KLM est un peu plus compliquée. D’abord les prêts d’état ne sont pas encore remboursés, il faut pour cela réussir l’augmentation de capital de plus de 2 milliards d’euros lancée lors de la dernière assemblée générale, et il faut trouver des alliés.
Certes Delta Air Lines et le fonds d’investissement Certares seraient disposés à venir dans le tour de table, mais alors le capital nouveau d’ITA serait atomisé entre Air France, KLM, Delta Air Lines et Certares et il n’est pas certain que chacun d’eux poursuive les mêmes objectifs.
Air France-KLM ou Lufthansa lorgnent sur le puissant marché italien international
Et puis il faut compter tout de même sur la volonté italienne. Pendant des années les compagnies européennes ont rodé autour de la défunte Alitalia. KLM et Air France ont successivement pris des parts significatives dans son capital sans réussir à réaliser une organisation intégrée.
Les Italiens ne se laissent pas commander par n’importe qui. Lufthansa de son côté avait en son temps fait plusieurs tentatives pour reprendre Alitalia, sans succès. Pourquoi ce qui a échoué dans le passé réussirait-il maintenant ?
En fait Air France-KLM ou Lufthansa se fichent pas mal d’ITA, mais lorgnent fortement sur le puissant marché italien international. Chaque groupe y voit le moyen d’alimenter son hub autrement dit de détourner la clientèle italienne vers Francfort ou Paris au détriment de Rome. Il n’est pas certain que cela plaise à l’opérateur transalpin.
Au fond on peut se demander en quoi une consolidation forcée renforcerait les acteurs. Certes la main mise de Lufthansa sur ses voisins belges, suisses et autrichiens a été une réussite, mais la disproportion des forces était telle entre chacun des transporteurs rachetés et la maison mère que le management allemand devenait possible, d’autant plus que celui-ci a réussi à respecter les cultures des filiales.
Par contre la situation entre Air France et KLM ne s’est pas avérée aussi profitable une fois réussie la recomposition des réseaux ce qui a pris trois ans. Depuis les égos des uns et des autres a été plutôt un frein dans la prise de décision. Cela s’est traduit par un bras de fer entre le dirigeant de KLM et celui du groupe Air France/KLM, qui a été gagné finalement par la partie française menée par un Canadien.
Les Italiens ne se laissent pas commander par n’importe qui. Lufthansa de son côté avait en son temps fait plusieurs tentatives pour reprendre Alitalia, sans succès. Pourquoi ce qui a échoué dans le passé réussirait-il maintenant ?
En fait Air France-KLM ou Lufthansa se fichent pas mal d’ITA, mais lorgnent fortement sur le puissant marché italien international. Chaque groupe y voit le moyen d’alimenter son hub autrement dit de détourner la clientèle italienne vers Francfort ou Paris au détriment de Rome. Il n’est pas certain que cela plaise à l’opérateur transalpin.
Au fond on peut se demander en quoi une consolidation forcée renforcerait les acteurs. Certes la main mise de Lufthansa sur ses voisins belges, suisses et autrichiens a été une réussite, mais la disproportion des forces était telle entre chacun des transporteurs rachetés et la maison mère que le management allemand devenait possible, d’autant plus que celui-ci a réussi à respecter les cultures des filiales.
Par contre la situation entre Air France et KLM ne s’est pas avérée aussi profitable une fois réussie la recomposition des réseaux ce qui a pris trois ans. Depuis les égos des uns et des autres a été plutôt un frein dans la prise de décision. Cela s’est traduit par un bras de fer entre le dirigeant de KLM et celui du groupe Air France/KLM, qui a été gagné finalement par la partie française menée par un Canadien.
Finalement ITA ne pourrait-elle pas s’en sortir toute seule ?
Finalement ITA ne pourrait-elle pas s’en sortir toute seule ? Le marché est revenu en force et très récemment la compagnie a transporté plus de 30.000 passagers sur une seule journée, ce qui ramené à l’année représente près de 11 millions de passagers, largement de quoi faire vivre un transporteur.
Et pourquoi donc Air France-KLM dépenserait-elle de l’argent et beaucoup d’énergie pour absorber un transporteur manifestement réticent alors que le groupe Franco-Hollandais est en pleine phase de reconstruction de son produit avec l’arrivée de nouveaux appareils et la refonte de ses services à bord ?
Et pourquoi ITA accepterait-elle de voir détourner un trafic qui revient naturellement à Rome et à Milan au profit de plateformes de correspondances allemandes ?
Bref, on peut se demander en quoi une consolidation du transport aérien serait favorable aux clients, aux opérateurs mais également aux aéroports et aux acteurs du secteur. Il n’est pas nécessaire d’être gros pour être beau.
Nombre d’exemples viennent à l’appui de cette vérité, à commencer par les « low costs » qui sont partis tout seuls, et qui se sont développés sans alliance.
Et pourquoi donc Air France-KLM dépenserait-elle de l’argent et beaucoup d’énergie pour absorber un transporteur manifestement réticent alors que le groupe Franco-Hollandais est en pleine phase de reconstruction de son produit avec l’arrivée de nouveaux appareils et la refonte de ses services à bord ?
Et pourquoi ITA accepterait-elle de voir détourner un trafic qui revient naturellement à Rome et à Milan au profit de plateformes de correspondances allemandes ?
Bref, on peut se demander en quoi une consolidation du transport aérien serait favorable aux clients, aux opérateurs mais également aux aéroports et aux acteurs du secteur. Il n’est pas nécessaire d’être gros pour être beau.
Nombre d’exemples viennent à l’appui de cette vérité, à commencer par les « low costs » qui sont partis tout seuls, et qui se sont développés sans alliance.
Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.