Cette très forte reprise est-elle de nature à abaisser le niveau de sécurité aérienne ? La question est posée après quelques alertes... Crédit : Depositphotos.com
Ça re vole à tout va aux États-Unis.
Exsangue il y a encore quelques mois, le transport aérien veut se refaire une santé au plus vite et, après le reflux, surfer sur cette grosse vague qui revient.
Les aéroports U.S tournent à plein. Tout l’écosystème qui craint une pénurie de main-d’œuvre cherche des personnels qui rejoindront ceux qui déjà volent ou travaillent au maximum de ce que la règlementation permet.
Cette très forte reprise est-elle de nature à abaisser le niveau de sécurité ? La question est posée après quelques alertes, dont deux très sérieuses impliquant des compagnies américaines et les contrôleurs de deux aéroports à New York et au Texas.
Exsangue il y a encore quelques mois, le transport aérien veut se refaire une santé au plus vite et, après le reflux, surfer sur cette grosse vague qui revient.
Les aéroports U.S tournent à plein. Tout l’écosystème qui craint une pénurie de main-d’œuvre cherche des personnels qui rejoindront ceux qui déjà volent ou travaillent au maximum de ce que la règlementation permet.
Cette très forte reprise est-elle de nature à abaisser le niveau de sécurité ? La question est posée après quelques alertes, dont deux très sérieuses impliquant des compagnies américaines et les contrôleurs de deux aéroports à New York et au Texas.
Collisions évitées de justesse
Une première catastrophe a failli se produire le 13 janvier dernier sur l’aéroport JFK de New York.
Ce soir-là, alors que le Boeing 737 de Delta à destination de Saint-Domingue s’élance plein gaz sur la piste pour décoller, un Boeing 777 d’American Airlines en partance pour Londres s’engage et traverse la piste. Les pilotes de ce dernier ont mal compris les instructions de la tour de contrôle quant à son « roulage » pour aller décoller.
b[L’enregistrement des conversations en provenance de la tour de contrôle est glaçant : « SHIT » hurle le contrôleur tout en donnant l’ordre au 737 de freiner. La collision est évitée de justesse. ]b
Le 7 février c’est sur l’aéroport d’Austin au Texas qu’une autre catastrophe entre deux avions de compagnies américaines a elle aussi été évitée de justesse.
Un Boeing 737 de Southwest en partance pour Cancún a été autorisé au décollage alors qu’un Boeing 767 de Fedex en provenance de Memphis atterrissait sur la même piste. Là aussi lorsqu’on voit les trajectoires des avions, l’un atterrissant presque sur l’autre on réalise que le drame s’est joué à quelques secondes près.
Ce soir-là, alors que le Boeing 737 de Delta à destination de Saint-Domingue s’élance plein gaz sur la piste pour décoller, un Boeing 777 d’American Airlines en partance pour Londres s’engage et traverse la piste. Les pilotes de ce dernier ont mal compris les instructions de la tour de contrôle quant à son « roulage » pour aller décoller.
b[L’enregistrement des conversations en provenance de la tour de contrôle est glaçant : « SHIT » hurle le contrôleur tout en donnant l’ordre au 737 de freiner. La collision est évitée de justesse. ]b
Le 7 février c’est sur l’aéroport d’Austin au Texas qu’une autre catastrophe entre deux avions de compagnies américaines a elle aussi été évitée de justesse.
Un Boeing 737 de Southwest en partance pour Cancún a été autorisé au décollage alors qu’un Boeing 767 de Fedex en provenance de Memphis atterrissait sur la même piste. Là aussi lorsqu’on voit les trajectoires des avions, l’un atterrissant presque sur l’autre on réalise que le drame s’est joué à quelques secondes près.
La FAA sous le feu des critiques
Ces deux sérieux incidents viennent s’ajouter à une panne informatique du système d'alerte de risques au sol ou dans le ciel, le système Notice To Air Missions (NOTAM) survenue quelques jours avant et obligeant l’administration fédérale de l’aviation, la FAA (Federal Aviation Administration) à annuler des milliers de vols sur le territoire américain pendant plusieurs heures.
La FAA qui est l’équivalent de la DGAC en France est d’ailleurs sous le feu des critiques depuis cette mauvaise série.
Des membres du Congrès américain ont souhaité entendre Billy Nolen, le Directeur de la F.A.A pour faire part de leurs préoccupations après ces incidents.
Lors de son audition parlementaire, Billy Nolen, a dû essuyer de très vives critiques de la part de sénateur Ted Cruz reprochant entre autres à la F.A.A son incapacité à se moderniser et la lenteur avec laquelle elle et l’industrie aéronautique s’adaptent aux évolutions.
La politique politicienne n’étant jamais loin, cette audition fut aussi l’occasion pour b[Ted Cruz,]b sénateur républicain trumpiste pur jus de critiquer vertement l’administration démocrate et son secrétaire aux transports Pete Buttigieg.
Mais, même s’il s’est voulu rassurant, rappelant qu’il n’y avait pas eu d'accident aérien mortel aux États-Unis depuis 2009, Billy Nolen est conscient de la nécessité d’une réflexion de fond après ces alertes.
Jim Hall, l'ancien chef du Conseil national de la sécurité des transports (NTSB) est sur la même longueur d’onde et à même « enfoncé le clou » en évoquant : "une érosion de la sécurité aérienne déjà manifeste lors de deux crashs mortels en Indonésie et en Éthiopie du Boeing 737 MAX, un modèle qui avait été certifié par la FAA. »
"Il faut maintenant s’assurer que la s’assurer à ce que la FAA soit structurée, financée et dotée en personnel pour préparer l'avenir de l’aviation". A-t-il ajouté.
La FAA qui est l’équivalent de la DGAC en France est d’ailleurs sous le feu des critiques depuis cette mauvaise série.
Des membres du Congrès américain ont souhaité entendre Billy Nolen, le Directeur de la F.A.A pour faire part de leurs préoccupations après ces incidents.
Lors de son audition parlementaire, Billy Nolen, a dû essuyer de très vives critiques de la part de sénateur Ted Cruz reprochant entre autres à la F.A.A son incapacité à se moderniser et la lenteur avec laquelle elle et l’industrie aéronautique s’adaptent aux évolutions.
La politique politicienne n’étant jamais loin, cette audition fut aussi l’occasion pour b[Ted Cruz,]b sénateur républicain trumpiste pur jus de critiquer vertement l’administration démocrate et son secrétaire aux transports Pete Buttigieg.
Mais, même s’il s’est voulu rassurant, rappelant qu’il n’y avait pas eu d'accident aérien mortel aux États-Unis depuis 2009, Billy Nolen est conscient de la nécessité d’une réflexion de fond après ces alertes.
Jim Hall, l'ancien chef du Conseil national de la sécurité des transports (NTSB) est sur la même longueur d’onde et à même « enfoncé le clou » en évoquant : "une érosion de la sécurité aérienne déjà manifeste lors de deux crashs mortels en Indonésie et en Éthiopie du Boeing 737 MAX, un modèle qui avait été certifié par la FAA. »
"Il faut maintenant s’assurer que la s’assurer à ce que la FAA soit structurée, financée et dotée en personnel pour préparer l'avenir de l’aviation". A-t-il ajouté.
Se poser des questions difficiles
Ces « quasi catastrophes » semblent constituer l’élément déclencheur d’une grande remise en question de la gestion de la sécurité aérienne et d’une série d’actions à venir aux États-Unis.
Dans une note de service de la FAA émise il y a quelques jours et que nous avons pu nous procurer, Billy Nolen annonce la tenue, en mars prochain, d’un sommet sur la sécurité aérienne afin "d'examiner quelles actions supplémentaires l'aviation doit prendre pour maintenir nos standards de sécurité".
Il annonce également la formation d'une "équipe d'examen de la sécurité" pour examiner "la structure, la culture, les processus, les systèmes et l'intégration des efforts de sécurité" dans l'ensemble du système d'espace aérien national, y compris parmi les contrôleurs de la circulation aérienne.
Billy Nolen a également ordonné une analyse approfondie des données sur la sécurité aérienne pour vérifier tout événement non signalé, similaire à ceux qui se sont passés à New York puis à Austin.
"Nous vivons la période la plus sûre de l'histoire de l'aviation, mais nous ne pouvons pas tenir cela pour acquis. Les événements récents nous rappellent que nous ne devons pas devenir complaisants. Il est maintenant temps de regarder les données et de poser des questions difficiles" peut-on lire en préambule de la note signée par le patron de la FAA.
Et des questions effectivement il y en a beaucoup.
Côté contrôle aérien la FAA admettait en août dernier une pénurie de contrôleurs dans les aéroports de New York. Elle espérait pourvoir 1 000 des 1 500 postes de contrôleurs aériens ouverts d'ici la fin de l'année. Où en est-on exactement ?
Et ne doit-on pas également s’interroger sur les charges de travail des contrôleurs sur certains aéroports où le trafic est de plus en plus dense ?
Quid également des difficultés de communications entre les contrôleurs US et les équipages étrangers ?
A New York Kennedy en juin dernier, un avion d’ITA Airways roulant pour aller décoller a heurté un avion d’Air France qui stationnait a son aire d’arrivée. L’équipage français a bien tenté de prévenir les contrôleurs pour faire s’arrêter le 777 italien, mais sans succès l’avion italien a décollé sans procéder à aucune vérification après le choc.
Nous avons écouté les communications entre l’avion d’Air France et les contrôleurs de JFK ce soir-là. On assiste à un dialogue de sourds. Les conséquences auraient pu être graves.
Dans une note de service de la FAA émise il y a quelques jours et que nous avons pu nous procurer, Billy Nolen annonce la tenue, en mars prochain, d’un sommet sur la sécurité aérienne afin "d'examiner quelles actions supplémentaires l'aviation doit prendre pour maintenir nos standards de sécurité".
Il annonce également la formation d'une "équipe d'examen de la sécurité" pour examiner "la structure, la culture, les processus, les systèmes et l'intégration des efforts de sécurité" dans l'ensemble du système d'espace aérien national, y compris parmi les contrôleurs de la circulation aérienne.
Billy Nolen a également ordonné une analyse approfondie des données sur la sécurité aérienne pour vérifier tout événement non signalé, similaire à ceux qui se sont passés à New York puis à Austin.
"Nous vivons la période la plus sûre de l'histoire de l'aviation, mais nous ne pouvons pas tenir cela pour acquis. Les événements récents nous rappellent que nous ne devons pas devenir complaisants. Il est maintenant temps de regarder les données et de poser des questions difficiles" peut-on lire en préambule de la note signée par le patron de la FAA.
Et des questions effectivement il y en a beaucoup.
Côté contrôle aérien la FAA admettait en août dernier une pénurie de contrôleurs dans les aéroports de New York. Elle espérait pourvoir 1 000 des 1 500 postes de contrôleurs aériens ouverts d'ici la fin de l'année. Où en est-on exactement ?
Et ne doit-on pas également s’interroger sur les charges de travail des contrôleurs sur certains aéroports où le trafic est de plus en plus dense ?
Quid également des difficultés de communications entre les contrôleurs US et les équipages étrangers ?
A New York Kennedy en juin dernier, un avion d’ITA Airways roulant pour aller décoller a heurté un avion d’Air France qui stationnait a son aire d’arrivée. L’équipage français a bien tenté de prévenir les contrôleurs pour faire s’arrêter le 777 italien, mais sans succès l’avion italien a décollé sans procéder à aucune vérification après le choc.
Nous avons écouté les communications entre l’avion d’Air France et les contrôleurs de JFK ce soir-là. On assiste à un dialogue de sourds. Les conséquences auraient pu être graves.
Concilier forte reprise du trafic et sécurité
Autres articles
Côté compagnies aériennes et pas seulement aux États-Unis, la pression pour recruter et former le plus vite possible des personnels peut faire craindre des manquements à la sécurité.
Nous évoquions également dans nos colonnes le vote récemment par le congrès d’une loi permettant aux futurs Boeing 737 MAX de s’affranchir de certains systèmes de sécurité afin d’obtenir au plus vite la certification. Une décision que certains contestent évoquant une négligence de la sécurité.
Lire aussi : B737 MAX : Boeing joue-t-il avec la sécurité ? 🔑
La reprise est une excellente chose. La pression du marché cependant ne doit pas conduire au relâchement.
Les signaux d’alerte sont là et c’est vrai pour tous les pays du monde.
Aux États-Unis les choses sont dites. On vient s’expliquer en public dans des auditions avec des interlocuteurs pugnaces. La transparence et la publication des rapports d’incidents contribuent à la responsabilisation et à la prise en compte des problèmes.
Ce n’est pas forcément le cas ailleurs dans le monde et en période de forte croissance c’est préoccupant.
Nous évoquions également dans nos colonnes le vote récemment par le congrès d’une loi permettant aux futurs Boeing 737 MAX de s’affranchir de certains systèmes de sécurité afin d’obtenir au plus vite la certification. Une décision que certains contestent évoquant une négligence de la sécurité.
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La reprise est une excellente chose. La pression du marché cependant ne doit pas conduire au relâchement.
Les signaux d’alerte sont là et c’est vrai pour tous les pays du monde.
Aux États-Unis les choses sont dites. On vient s’expliquer en public dans des auditions avec des interlocuteurs pugnaces. La transparence et la publication des rapports d’incidents contribuent à la responsabilisation et à la prise en compte des problèmes.
Ce n’est pas forcément le cas ailleurs dans le monde et en période de forte croissance c’est préoccupant.
Publié par Christophe Hardin
Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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