Florence * : "Il n’y a aucune pénurie de personnel, le réel problème concerne les salaires..."
Les seniors rencontrent des difficultés importantes sur le marché du travail. L’industrie du tourisme n’est pas épargnée - DR
« Je recherche un poste de cadre ou de responsable d’agence de voyages en Île-de-France.
J’ai 52 ans et 25 ans d’expérience dans le tourisme. Être considérée comme une senior ne me déplaît pas.
Au contraire, cela signifie être autonome, présent à l’heure, attentif, savoir ce qu’est un client… Le problème n’est pas une question d’âge mais de rémunération.
J’ai été patronne pendant 12 ans, je connais les grilles. On peut toujours s’entendre, mais pas jusqu’à 1000 euros en dessous.
Aujourd’hui, on me propose entre 2000 et 2600 euros bruts mensuels pour 39heures. Pour moi, cela ne vaut pas la peine. Cela ne correspond pas à ce que je sais faire : J’ai 25 ans d’expérience, je connais la plupart des destinations phares des Français, je parle anglais, je suis à l’écoute du client, je sais le qualifier tout de suite… Je connais le chiffre d’affaires et la marge que je dégage.
Il n’y a aucune pénurie de personnel, le réel problème concerne les salaires qui doivent répondre au niveau d’expertise de chaque candidat. C’était déjà le cas avant la crise, la pandémie a accéléré le phénomène. Aujourd’hui, il y a des candidats, juniors, intermédiaires et seniors sur le marché qui veulent être rémunérés à leur juste valeur.
Les employeurs se disent : « les gens sont partis, s’ils veulent revenir c’est à nos tarifs et tirent les salaires vers le bas ». Alors que l’inflation est là.
Aujourd’hui, les TO sont sous l’eau. Le tourisme a bénéficié de beaucoup d’aides pendant la crise sanitaire. A leur place, j’aurais mis mon personnel au chômage au lieu de le licencier. Et au moment de la reprise, le réintégrer au fur et mesure avec un vrai projet de redémarrage.
Ils ont viré du personnel compétent, ont embauché des personnes qui ne sont pas opérationnelles. Aujourd’hui, de super éléments ne sont pas recrutés car ils coûtent trop chers. Ils coûtent le prix de leurs compétences ! »
* prénom d'emprunt
J’ai 52 ans et 25 ans d’expérience dans le tourisme. Être considérée comme une senior ne me déplaît pas.
Au contraire, cela signifie être autonome, présent à l’heure, attentif, savoir ce qu’est un client… Le problème n’est pas une question d’âge mais de rémunération.
J’ai été patronne pendant 12 ans, je connais les grilles. On peut toujours s’entendre, mais pas jusqu’à 1000 euros en dessous.
Aujourd’hui, on me propose entre 2000 et 2600 euros bruts mensuels pour 39heures. Pour moi, cela ne vaut pas la peine. Cela ne correspond pas à ce que je sais faire : J’ai 25 ans d’expérience, je connais la plupart des destinations phares des Français, je parle anglais, je suis à l’écoute du client, je sais le qualifier tout de suite… Je connais le chiffre d’affaires et la marge que je dégage.
Il n’y a aucune pénurie de personnel, le réel problème concerne les salaires qui doivent répondre au niveau d’expertise de chaque candidat. C’était déjà le cas avant la crise, la pandémie a accéléré le phénomène. Aujourd’hui, il y a des candidats, juniors, intermédiaires et seniors sur le marché qui veulent être rémunérés à leur juste valeur.
Les employeurs se disent : « les gens sont partis, s’ils veulent revenir c’est à nos tarifs et tirent les salaires vers le bas ». Alors que l’inflation est là.
Aujourd’hui, les TO sont sous l’eau. Le tourisme a bénéficié de beaucoup d’aides pendant la crise sanitaire. A leur place, j’aurais mis mon personnel au chômage au lieu de le licencier. Et au moment de la reprise, le réintégrer au fur et mesure avec un vrai projet de redémarrage.
Ils ont viré du personnel compétent, ont embauché des personnes qui ne sont pas opérationnelles. Aujourd’hui, de super éléments ne sont pas recrutés car ils coûtent trop chers. Ils coûtent le prix de leurs compétences ! »
* prénom d'emprunt
Franck Gomes, ex Directeur Service Groupes & Collectivités
« A 48 ans, je fais partie de la catégorie des seniors. J’ai quitté Paris pour un poste de cadre commercial chez FTI Voyages en Alsace. La période après-covid a été compliquée pour moi.
Quand j’ai perdu mon emploi chez FTI, je me suis retrouvé isolé, car tous les postes sont centralisés à Paris. Cadre commercial dans le tour-operating, j’ai un profil hyper spécialisé dans les CE et les collectivités. Avec ma famille, nous avons déménagé à Toulouse où nous avons de la famille et des amis.
En termes d’emploi, je crois que c’est encore pire qu’en Alsace. Je suis enfermé dans un créneau.
Ça va faire bientôt deux ans que je suis au chômage. J’ai suivi des formations complémentaires à mon cursus d’école de commerce, en marketing digital et community manager, des compétences dans l’air du temps pour me remettre au niveau. Malgré mes certifications, je ne trouve pas de boulot.
En deux ans, je n’ai eu que deux entretiens. J'étais soit trop qualifié, soit trop éloigné de Paris. Le télétravail n'est pas entré dans les mœurs dans les postes d'encadrants.
Mon CV est chargé, en 20 ans, je suis passé par 9 boîtes, ça fait peur. Et puis, à 48 ans, un cadre commercial, ça coûte un peu de sous.
Par la force des choses, on me met dans cette catégorie de senior.
Sur LinkedIN, c'est un constat que je partage avec des personnes écartées ou non de leurs postes par le covid. A 45/50 ans, elles ont elles-aussi toutes les peines du monde à retrouver un poste à responsabilité. Je pense que pour les employeurs, l'âge et les responsabilités vont de pair avec un salaire. Le cocktail n'est pas dans l'air de temps.
Je ne pense pas qu'il y ait une pénurie de cadres, je vois très peu d'annonces passer. Si je dis que j’accepte le même poste pour 1500 euros, je pense que l'on m'appellera demain.
A se demander si le covid n'est pas une opportunité pour se désengager de quelques gros salaires. De ce que je sais aujourd'hui, le secteur a bien repris. Les niveaux de vente sont proches voire identiques à ceux de 2019, l'activité est là. J'ai du mal à comprendre comment les entreprises peuvent tourner avec 30 à 40% d'effectif en moins.
Les recruteurs ne doivent pas négliger l'historique des gens, leurs compétences, leur valeur ajoutée. Qu’ils fassent un retour aux candidats que la réponse soit positive ou négative.
J'ai moi-même recruté des gens, des seniors, des juniors. Je n'ai jamais porté de regard sur leur âge, mais sur leurs compétences à répondre à la mission demandée. »
Quand j’ai perdu mon emploi chez FTI, je me suis retrouvé isolé, car tous les postes sont centralisés à Paris. Cadre commercial dans le tour-operating, j’ai un profil hyper spécialisé dans les CE et les collectivités. Avec ma famille, nous avons déménagé à Toulouse où nous avons de la famille et des amis.
En termes d’emploi, je crois que c’est encore pire qu’en Alsace. Je suis enfermé dans un créneau.
Ça va faire bientôt deux ans que je suis au chômage. J’ai suivi des formations complémentaires à mon cursus d’école de commerce, en marketing digital et community manager, des compétences dans l’air du temps pour me remettre au niveau. Malgré mes certifications, je ne trouve pas de boulot.
En deux ans, je n’ai eu que deux entretiens. J'étais soit trop qualifié, soit trop éloigné de Paris. Le télétravail n'est pas entré dans les mœurs dans les postes d'encadrants.
Mon CV est chargé, en 20 ans, je suis passé par 9 boîtes, ça fait peur. Et puis, à 48 ans, un cadre commercial, ça coûte un peu de sous.
Par la force des choses, on me met dans cette catégorie de senior.
Sur LinkedIN, c'est un constat que je partage avec des personnes écartées ou non de leurs postes par le covid. A 45/50 ans, elles ont elles-aussi toutes les peines du monde à retrouver un poste à responsabilité. Je pense que pour les employeurs, l'âge et les responsabilités vont de pair avec un salaire. Le cocktail n'est pas dans l'air de temps.
Je ne pense pas qu'il y ait une pénurie de cadres, je vois très peu d'annonces passer. Si je dis que j’accepte le même poste pour 1500 euros, je pense que l'on m'appellera demain.
A se demander si le covid n'est pas une opportunité pour se désengager de quelques gros salaires. De ce que je sais aujourd'hui, le secteur a bien repris. Les niveaux de vente sont proches voire identiques à ceux de 2019, l'activité est là. J'ai du mal à comprendre comment les entreprises peuvent tourner avec 30 à 40% d'effectif en moins.
Les recruteurs ne doivent pas négliger l'historique des gens, leurs compétences, leur valeur ajoutée. Qu’ils fassent un retour aux candidats que la réponse soit positive ou négative.
J'ai moi-même recruté des gens, des seniors, des juniors. Je n'ai jamais porté de regard sur leur âge, mais sur leurs compétences à répondre à la mission demandée. »
Nacer Bouguerra, ex-directeur des clubs de FTI Voyages : "Recruteurs, refaites confiance aux seniors !"
« Je suis en pleine zone de turbulences, ma ceinture est attachée, j’attends que la lumière verte s’allume pour me relever.
Après des mois de chômage partiel, j’ai été licencié de FTI Voyages en novembre 2020. Plus de clients, plus d’avions à décoller, on a compris la situation. On pensait être rappelé à la reprise mais ça n’est pas arrivé. Le financier a été privilégié à l’humain.
Je travaille depuis l’âge de 17 ans, c’est la première fois de ma vie que je connais une période d’inactivité aussi longue. J’ai postulé dans le tourisme, l’événementiel, le spectacle… Je pense être culoté, optimiste, j’ai un réseau de 8 500 personnes, je connais tous les pontes du tourisme…
malheureusement ça ne marche pas !
J’ai reçu des propositions sous-payées, elles ne correspondent même pas au salaire d’un chef d’animation. A 54 ans, c’est la première fois que ça m’arrive. Nous sommes nombreux dans mon cas, c’est compliqué pour nous.
Les recruteurs font tous les mêmes erreurs, ils ne lisent même pas votre CV, ne prennent pas le temps de vous répondre ou alors c’est via quelque chose d’informel. Ils essayent absolument de faire entrer le candidat dans l’annonce.
J’ai 37 ans de métier chez les plus gros tour-opérateurs, je suis un ingénieur de l’animation en village-vacances ! Le métier de manager est celui d’un meneur d’hommes, de quelqu’un de bienveillant. Mener des hôtesses de l’air, du personnel au sol chez ADP ou de l’événementiel, requiert les mêmes compétences, c’est de la gestion de l’humain.
Recruteurs, refaites confiance aux seniors ! Ils vous apporteront de la tranquillité, la sérénité et leur réseau. Un junior est peut-être surdiplômé, mais comment peut-il manager à 25 ans ? Connaît-il le conflit ? Les clients ? Nous les anciens on est allé sur le terrain : animateur, réceptif, guide… avant de progresser, d’intégrer le siège.
Je suis un enfant du club, j’ai commencé l’animation à 15 ans. Je veux rester dans l’univers des villages vacances, dans l’opérationnel, la gestion des hommes, des projets.
Quand j’entends parler de pénurie de personnel, ça me fait rire. Il faut payer les gens à leur juste valeur ! Rémunérez 200 ou 300 euros de plus par mois et vous en trouverez des jeunes qui veulent bien être serveurs ou animateurs.
Il y a des candidats ! Mais des personnes de 40 ans, dans l’attente d’un poste, sont déjà considérées comme des seniors et finis. Il y a des compétences, il suffit juste de les payer et les respecter. »
Après des mois de chômage partiel, j’ai été licencié de FTI Voyages en novembre 2020. Plus de clients, plus d’avions à décoller, on a compris la situation. On pensait être rappelé à la reprise mais ça n’est pas arrivé. Le financier a été privilégié à l’humain.
Je travaille depuis l’âge de 17 ans, c’est la première fois de ma vie que je connais une période d’inactivité aussi longue. J’ai postulé dans le tourisme, l’événementiel, le spectacle… Je pense être culoté, optimiste, j’ai un réseau de 8 500 personnes, je connais tous les pontes du tourisme…
malheureusement ça ne marche pas !
J’ai reçu des propositions sous-payées, elles ne correspondent même pas au salaire d’un chef d’animation. A 54 ans, c’est la première fois que ça m’arrive. Nous sommes nombreux dans mon cas, c’est compliqué pour nous.
Les recruteurs font tous les mêmes erreurs, ils ne lisent même pas votre CV, ne prennent pas le temps de vous répondre ou alors c’est via quelque chose d’informel. Ils essayent absolument de faire entrer le candidat dans l’annonce.
J’ai 37 ans de métier chez les plus gros tour-opérateurs, je suis un ingénieur de l’animation en village-vacances ! Le métier de manager est celui d’un meneur d’hommes, de quelqu’un de bienveillant. Mener des hôtesses de l’air, du personnel au sol chez ADP ou de l’événementiel, requiert les mêmes compétences, c’est de la gestion de l’humain.
Recruteurs, refaites confiance aux seniors ! Ils vous apporteront de la tranquillité, la sérénité et leur réseau. Un junior est peut-être surdiplômé, mais comment peut-il manager à 25 ans ? Connaît-il le conflit ? Les clients ? Nous les anciens on est allé sur le terrain : animateur, réceptif, guide… avant de progresser, d’intégrer le siège.
Je suis un enfant du club, j’ai commencé l’animation à 15 ans. Je veux rester dans l’univers des villages vacances, dans l’opérationnel, la gestion des hommes, des projets.
Quand j’entends parler de pénurie de personnel, ça me fait rire. Il faut payer les gens à leur juste valeur ! Rémunérez 200 ou 300 euros de plus par mois et vous en trouverez des jeunes qui veulent bien être serveurs ou animateurs.
Il y a des candidats ! Mais des personnes de 40 ans, dans l’attente d’un poste, sont déjà considérées comme des seniors et finis. Il y a des compétences, il suffit juste de les payer et les respecter. »
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