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Didier Arino : "2023, encore une année record pour les départs en vacances" 🔑

l'interview de Didier Arino, directeur général associé de Protourisme


Quelles sont les tendances pour la haute saison à venir ? Didier Arino, directeur général associé de Protourisme nous livre en avant-première les premières tendances issues de l'étude "Les vacances des Français pour le printemps et l'été 2023".


Rédigé par le Vendredi 24 Février 2023

Didier Arino (Protourisme) : "un des points les plus significatifs, c'est un plus grand taux de départs vers le long-courrier" - Photo DR
Didier Arino (Protourisme) : "un des points les plus significatifs, c'est un plus grand taux de départs vers le long-courrier" - Photo DR
TourMaG - Comment se présentent les premiers résultats de votre étude sur les "Vacances des Français pour le printemps et l'été 2023" ? L'inflation impacte-t-elle les intentions de départs ?

Didier Arino : Il existe un gros décalage entre : le discours sur les problèmes de pouvoir d'achat qui pourraient impacter les départs en vacances et la réalité des intentions de départs, en hausse cette année.

Pour cet été (juillet et août, NDLR), les intentions de départs, à date, sont au même niveau que l'an dernier. Environ 50% des Français ont l'intention de partir cet été.

Ce que nous constatons, c'est qu'à l'arrivée, selon les années, nous avons entre 1,5 et 1,7 million de personnes qui partent en plus par rapport aux intentions de départs annoncées. Nous sommes donc encore dans une année record de taux de départs en vacances.


TourMaG - Y a-t-il des éléments nouveaux par rapport aux années précédentes ?

Didier Arino :
Oui. Ce qui est intéressant pour les professionnels du tourisme, c'est qu'il y a une progression des Français qui envisagent de partir en hébergement payant.

Actuellement, nous avons 750 000 partants supplémentaires en hébergement marchand par rapport à l'an dernier.

Dans ce contexte, nous enregistrons une hausse des départs vers l'étranger : 28% de ceux qui envisagent de partir en hébergement marchand souhaitent aller à l'étranger cet été. Nous retrouvons des destinations classiques : Espagne, Italie, Portugal et Grèce... mais l'un des points les plus significatifs, c'est un plus grand taux de départs en long-courrier.

L'Amérique du Nord (États-Unis, et Canada) se conforte et nous notons un retour des destinations lointaines et notamment de l'Asie.

Enfin, nous constatons une très belle tenue des Antilles françaises, de la République dominicaine, de l'Île Maurice... et aussi plus proche de nous, des destinations du Maghreb. En revanche, je vois un peu moins Dubaï... mais cela reste à confirmer et à affiner.


Les voyants sont au vert mais...

TourMaG : Quels sont les délais de réservations pour les vacances d'été ? Pendant la pandémie, le phénomène des dernières minutes s'est accéléré, mais avec l'inflation, les Français ont-ils anticipé ?

Didier Arino :
Nous avons beaucoup plus d'early booking cette année, qu'en 2022, ou les autres années : 30% des personnes interrogées disent avoir déjà réservées.

C'est un chiffre important. Autre aspect positif pour les acteurs du tourisme : le budget pour les vacances estivales est en hausse de manière très significative : environ + 20% par rapport aux budgets annoncés en 2022.

Le panier moyen pour une famille sur la France est à 2300 €, soit une augmentation de 400€ pour le foyer. La hausse est encore plus importante sur l'étranger, soit une croissance du budget de 400 € par personne.

C'est évidemment lié à la hausse des tarifs notamment sur le long-courrier.


TourMaG : Les voyants sont donc au vert ?

Didier Arino :
Oui ! Ceci étant il y a une part de ceux qui ont l'intention de partir en vacances qui n'ont pas encore trouvé le produit adapté à leur budget. C'est une situation qu'ils comprennent d'autant moins, qu'ils ont prévu un budget plus élevé que l'an dernier.

Il y a donc un certain attentisme notamment sur les classes moyennes. Il y a un risque de voir apparaître un décalage entre le prix pratiqué par les opérateurs et le budget prévu par les Français pour leurs vacances.

Un quart environ de ceux qui envisagent de partir, n'a pas encore fait les arbitrages. Ils sont en attente de promos qu'ils ne voient pas... certainement, car les offres spéciales et les réductions se feront plus rares.


TourMaG : Certains voyagistes prédisent le grand retour des destinations du Maghreb en raison d'une hausse des prix, notamment en France ?

Didier Arino :
Pour l'instant nous voyons une hausse qui pourrait s'accélérer. Dans le segment de population qui cherche encore des opportunités, ce sera sans doute le type de destinations qui répondra le mieux aux attentes en terme de rapport qualité / prix.

"Le printemps est excellent"

TourMaG : Quels types d'hébergements marchands sont privilégiés ?

Didier Arino :
Nous enregistrons une hausse des locations. Sur le camping, la tendance est la même que l'an dernier.

Nous avons un retour des Clubs et des villages vacances. Nous notons aussi une explosion des recherches sur Internet et des réservations via les plateformes : Booking, Airbnb & Co, les comparateurs...


TourMaG : Quid du printemps ?

Didier Arino :
Le printemps est excellent. Quand les Français partent en hiver et au printemps, en général il y a un petit décalage en été.

Aujourd'hui nous ne le voyons pas dans les chiffres. Juillet n'est pas moins bien réservé que l'an dernier, à date... Après est-ce que les réservations de dernière minute se feront ? Est-ce que la dégradation du pouvoir d'achat des Français va les conduire à revoir leurs arbitrages ? Pour l'heure nous n'en savons rien.

Une chose est sûre pour les multi-partants, c'est-à-dire les CSP + : l'inflation ne changera rien à leurs plans. Ces voyageurs (commerçants, chefs d'entreprise, profession libérale, cadres...) se disent "nous ne savons pas de quoi sera fait demain, il faut en profiter".

La période de vacances reste une sorte de jardin d'Eden pour se retrouver en famille ou entre amis, ou pour vivre un défi sportif avec des séjours thématiques. Cette clientèle souhaite de l'extraordinaire et des expériences au-delà de l'offre standardisée.

Les clients "se lâchent" et de plus en plus de clients loisirs veulent voyager en business. C'est une tendance de plus en plus forte. Pour les voyagistes à l'évidence, cette clientèle tire les paniers vers le haut.

Moins de clients pour les agences et les TO

TourMaG : Quid alors des préoccupations environnementales ?

Didier Arino :
Nous ne voyons pas du tout, tout ce qu'on nous avait prédit : la fin de l'avion... Il y a une envie d'étranger, de voyages lointains, une envie de qualité et d'expériences...

Mais il y a une demande d'un tourisme plus vertueux. Les acteurs du tourisme n'ont pas pris suffisamment conscience de la nécessité économique, sociale et environnementale d'une transition de notre secteur.


TourMaG : Le baromètre Orchestra - Les Entreprises du Voyage fait état depuis plusieurs mois d'un volume d'affaires en hausse, mais d'un nombre de dossiers en baisse... Le secteur intermédié semble avoir moins de clients.

Didier Arino :
Je ne suis pas certain du tout que la baisse constatée par les agences de voyages et tour-opérateur se retrouve au niveau global. De plus en plus de vacanciers ne passent pas ou ne passent plus par les agences de voyages.

Les États-Unis, la Thaïlande, même le Vietnam... les voyageurs connaissent de mieux en mieux les destinations et se passent des voyagistes.

Par exemple, l'an dernier, il y a eu un décalage entre ce qui était annoncé comme ventes de séjours par les agences de voyages et les TO, et la réalité de la fréquentation française aux États-Unis.

Le client qui va passer par une agence attend un supplément de conseils, de la valeur ajoutée et des expériences exceptionnelles, le ticket moyen va être plus élevé.

Recrutement et coût de l'énergie

TourMaG : Pensez-vous que les difficultés de l'an dernier notamment dues à la pénurie de personnel vont se renouveler ?

Didier Arino :
Oui, nous devrions être confrontés aux mêmes difficultés, même si les recrutements ont été davantage anticipés.

Une partie des saisonniers qui auront épuisé leurs droits vont revenir sur le marché du travail. Mais il y a tous ceux qui ont changé de secteur et ceux-là, ils ne vont pas revenir dans le tourisme.

Je vois deux véritables défis pour les opérateurs : les problématiques de coût de fonctionnement avec la hausse des tarifs de l'énergie, et celles liées aux difficultés de recrutement.

Céline Eymery Publié par Céline Eymery Rédactrice en Chef - TourMaG.com
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