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Faut-il s'inquiéter de la situation de Norse Atlantic Airways ? 🔑

Norse fait face à une crise de liquidité à court terme


Le low cost long-courrier vit-il ses dernières heures ? Après l'échec cuisant de Norwegian, Norse Atlantic Airways avait remis une pièce dans le jukebox, relançant l'aventure et la promesse de vols transatlantiques à bas prix. Après maintenant 3 ans d'activité, les bilans ne sont pas bons, la compagnie se retrouve même face à une crise de liquidités à court terme, alors qu'un investisseur a décidé de ne pas s'engager à ses côtés.


Rédigé par le Vendredi 5 Juillet 2024

Norse fait face à une crise de liquidité à court terme - Crédit photo : Norse
Norse fait face à une crise de liquidité à court terme - Crédit photo : Norse
Le low cost a révolutionné le voyage sur les courtes et moyennes distances.

Après avoir totalement rebattu les cartes et permis à des millions d'Européens de pouvoir partir en vacances à faible coût, diverses initiatives ont été lancées sur des trajets nettement plus longs.

Ces projets qui ont bien souvent été des flops, excepté les contre-exemples JetBlue et French bee.

L'échec le plus cuisant a été celui de Norwegian, contraint de fermer ses lignes transatlantiques et de mettre en liquidation sa filiale française. Norwegian a malgré tout fait des émules, avec Norse Atlantic Airways.

Cette compagnie a été lancée en février 2021, par le cofondateur et ex-PDG de Norwegian Air Shuttle, Bjorn Kjos. Elle a repris les codes, les tarifs et les créneaux laissés vacants par sa devancière.

"Tout juste bénéficiaire au dernier trimestre pour la première fois de sa courte existence, Norse aura cependant perdu de l’argent en 2023," annonçait notre spécialiste de l'aérien, Christophe Hardin dans un précédent article.

Des pertes qui devaient laisser place à un exercice 2024 bénéficiaire. Sauf qu'après plus de 6 mois d'activité cette année, la compagnie se retrouve en difficulté à court terme.


Norse : "un impact négatif sur la liquidité et la trésorerie à court terme"

Dans un communiqué paru le 2 juillet 2024, Norse a annoncé la fin des tractations avec un potentiel investisseur.

"Faisant référence à l'annonce du 22 juin 2024, indiquant qu'une option d'investissement stratégique qui était à un stade avancé de discussions a été abandonnée sans qu'aucun accord formel ne soit conclu, la Société (Norse ndlr) informe que l'investisseur potentiel concerné envisageait la possibilité d'entrer sur le marché du transport long-courrier par le biais d'un investissement et d'une collaboration avec Norse," dévoile le document.

Si les négociations étaient bien engagées, le conseil d'administration de l'investisseur a préféré faire machine arrière.

Cet investisseur stratégique était une compagnie aérienne nous confirme la compagnie sans toutefois nous dévoiler son nom, "pour des raisons de confidentialité".

"Nous avons été approchés par deux compagnies intéressées pour investir dans notre entreprise. Je ne peux pas vous en dire plus sur ces compagnies, leur taille, leur nationalité.

Nous ne cherchons pas des partenaires parce que nous avons besoin d’argent.

Ce que nous recherchons en s’alliant à d’autres compagnies c’est de pouvoir augmenter nos revenus, réduire nos couts et nous permettre l’accès à d’autres marchés,
" dévoilait Bjørn Tore Larsen le PDG de Norse dans TourMaG.

Des affirmations largement contrebalancées par les révélations des derniers jours.

Puisque l'entreprise a fait appel au banquier d'affaires Seabury Securities pour lui trouver un partenaire stratégique ou commercial, d'après CH Aviation.

Sauf que l'absence de new money pourrait avoir des conséquences sur l'avenir du transporteur et assez rapidement.

Norse : "poursuivre notre modèle commercial opportuniste"

"La combinaison d'une option d'investissement stratégique en phase avancée de discussions qui s'est terminée sans accord formel, d'une courbe de réservations estivales lourde en queue de peloton en attendant le recouvrement des créances sur cartes de crédit et de l'assouplissement des conditions de marché affectant les revenus de la Société, a eu un impact négatif sur la situation de liquidité et de trésorerie à court terme de la Société," dévoile le communiqué.

Bien que les 3e trimestre 2024 et le 2e semestre sont annoncés comme rentables, Norse doit faire avec un lourd passif.

En 2023, les comptes ont terminé dans le rouge à hauteur de -168,6 millions de dollars (155 millions d'euros), contre 175 millions (162 millions d'euros) en 2022.

Au premier trimestre 2024, la perte nette a atteint 62,78 millions de dollars (58,15 millions d'euros), en amélioration par rapport au 70,9 millions de dollars (65,65 millions d'euros) constatés à la même période l'année dernière.

Du côté de Norse, le responsable de la communication à qui nous avons écrit, nous a certifié qu'il n'y avait aucun risque à court et moyen terme. La compagnie se base sur des créances bloquées sur des cartes de crédit pour 143,52 millions d'euros, dont 37,96 millions concernaient des vols déjà effectués.

Pour passer ce trou d'air, une facilité de trésorerie a été accordée par les investisseurs, à hauteur de 20 millions de dollars (18,52 millions d'euros) pour fournir des liquidités jusque fin octobre 2024.

De plus, la société a pris diverses initiatives de fonds de roulement pour remédier au problème.

Malgré tout, son cours de bourse est passé de 8 dollars à son introduction en septembre 2021 à 0,37 dollar, le 3 juillet, son plus bas niveau.

"Notre objectif reste de poursuivre notre modèle commercial opportuniste et flexible en obtenant des contrats de charters hivernaux supplémentaires à plus long terme et en exploitant nos propres lignes estivales principales lorsque la demande est à son maximum.

Nous tiendrons le marché et nos actionnaires informés des autres pistes stratégiques actives au fur et à mesure de leur progression
," a déclaré Bjorn Tore Larsen, PDG et fondateur de Norse Atlantic auprès de nos confrères de CH Aviation.

Norse : une modèle en question ?

Ce dernier avait décrit l'ADN de la compagnie comme proche de French bee.

Son business modèle repose sur des vols réguliers long-courriers l'été, puis quand vient l'hiver, la réduction du réseau serait compensée par des vols charters et de la location d'avion.

Après son lancement en Norvège, Norse s'est fixée comme objectif de conquérir le Royaume-Uni.

Elle y a obtenu un certificat d'opérateur aérien, sous le nom de Norse Atlantic et prévu le lancement de la route entre Londres Gatwick et Cape Town International.

De plus, afin de permettre de faire rentrer de l'argent durant la basse saison, elle a signé un partenariat avec P&O Cruises, pour acheminer les clients du croisiériste dans les Caraïbes.

"L’envie d’aller à Paris est très forte dans le monde entier et nous voulons être la compagnie qui aide à venir à Paris en toute sécurité et à des prix abordables.

Mais c’est plus que ça. La France est un gros marché qui nous a poussés à établir nos propres bureaux et notre propre base ici à Paris avec des pilotes, des hôtesses et des stewards pour servir au mieux ce marché,
" nous confiait Bjørn Tore Larsen.

Une filiale a même été créée dans l'Hexagone, en mai 2022.

Autant d'informations qui questionnent sur la pertinence du modèle, même si JetBlue ou French bee ont réussi.

D'après OAG, les compagnies à bas prix ne représentent que 5,3 % des fréquences cet été, pour 7 300 vols entre l'Amérique du Nord et l'Europe de l'Ouest.

"La réussite à long terme des services low cost long-courriers est toujours une question et leur part de marché fragile les rend vulnérables aux pressions concurrentielles lorsque la demande du marché faiblit et que le prix du pétrole se durcit.

En dehors de marchés comme New York et peut-être la Floride, les opérations tout au long de l'année peuvent être difficiles, ce qui entraîne des coûts d'exploitation accrus en raison du lancement, de la fermeture et du redémarrage des services chaque année,
" analyse le spécialiste de la data aérienne.

Pour OAG ce segment, bien que très attractif et avec la capacité la plus importante de son histoire, est extrêmement difficile à pénétrer. Norse va-t-elle s'y casser les ailes ?


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Commentaires

1.Posté par le vengeur masqué le 06/07/2024 14:14 | Alerter
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bonjour


je ne suis pas d'accord sur un point important, ce ne sont pas les low-cost qui ont permis aux européens de partir à faible cout : c'est la legislation "open-sky" qui l' a permis. Je me souviens des années 90 ou on trouvais des vols extremement peu cher, surcapacité oblige , avec des vols réguliers des majors mais aussi Tower Air (FF) ou meme American Transair (TZ). Ces compagnies low-cost sont aux meme prix que les autres si vous les habillez de services (bagages) et de déjeuners a bord...

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