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Norvège : plaisirs d'hiver à bord de l'Express côtier d'Hurtigruten 🔑

Une véritable immersion dans le rude mais féérique hiver norvégien


Cette année, cela fait très exactement 130 ans que la compagnie norvégienne Hurtigruten transporte marchandises et passagers le long des côtes norvégiennes, de Bergen jusqu'à Kirkenes, près de la frontière russe. L'hiver, elle offre à ses passagers bien plus qu'une simple croisière, une véritable immersion dans le rude mais féérique hiver norvégien.


Rédigé par le Jeudi 26 Janvier 2023

La chasse aux aurores boréales entraine souvent les passagers sur le pont supérieur (@PB)
La chasse aux aurores boréales entraine souvent les passagers sur le pont supérieur (@PB)
Voir des aurores boréales, c'était la "promesse" d'Hurtigruten, l'Express côtier qui, depuis exactement 130 ans, part de Bergen, au sud de la Norvège, et remonte jusqu'à Kirkenes, dernière ville norvégienne avant la frontière russe, transportant, de port en port, marchandises et passagers.

A peine commencée notre aventure arctique à bord du MS Nordlys, cette "promesse" a été tenue !

En effet, en Norvège, l'hiver, les jours sont courts, parfois lumineux, d'autres fois blafards ou remplis de grisaille, mais les nuits polaires sont toujours longues. Très longues même.

L'obscurité qui étreint les paysages avant quatre heures de l'après-midi persiste jusqu'au milieu de la matinée du lendemain.

Cela laisse du temps pour profiter des aurores boréales : en effet, il y en a presque toutes les nuits et souvent, plusieurs fois par nuit.

Des applications spéciales à télécharger sur son portable les signalent aux amateurs et sur les bateaux Hurtigruten, les passagers sont alertés de leur survenue.


La magie des aurores boréales

Pour faire simple, une aurore boréale est un phénomène lumineux atmosphérique qui, provoqué par des vents solaires, se caractérise par des voiles extrêmement colorés dans le ciel nocturne. Le vert y est prédominant, mais il arrive que ces voiles se teintent aussi de bleu, de mauve-violet ou de jaune.

Nul besoin de maîtriser des notions d'astrophysique pour s'émerveiller devant ces Aurora Borealis, plus couramment appelées "lumières du nord" (northern lights).

Ce lundi de janvier, il n'était pas encore 18 heures lorsque la première annonce a été faite à bord du MS Nordlys. Il y a alors eu une sorte de ruée : les passagers ont remis prestement anoraks et bonnets pour se précipiter sur le pont supérieur, appareils photos ou portables en main.

Car les aurores boréales, les passagers ne veulent pas seulement les voir, ils veulent aussi les ramener chez eux... en images ! Au vrai, réussir une bonne photo d'une aurore n'est pas si simple. Dans l'idéal, il faut avoir un objectif grand angle, un appareil capable de faire de longues expositions et un trépied robuste.

A défaut de posséder ce matériel, on fera, comme beaucoup, usage de son téléphone portable, pour un résultat plus ou moins réussi. Mais l'essentiel, c'est de participer, n'est-ce pas ?

Quoiqu'il en soit, de prime abord, on peut être déçu. En effet, les voiles lumineux visibles dans le ciel sont loin d'avoir toujours la splendeur de ceux que l'on admire sur papier glacé. Bien souvent, ce sont d'abord de longues traînées blanches auxquelles succèdent, si on a de la chance, de larges voiles colorés. Toutefois, lorsqu'on les photographie, leur délicat chromatisme devient davantage apparent.

Il arrive souvent que ces "lumières du nord" splendides disparaissent aussi vite qu'apparues dans le ciel. Le terme de "chasse" aux aurores boréales n'est donc pas abusif.

Cependant, au cours des deux nuits de janvier passées à bord du MS Nordlys, des aurores ont été visibles à plusieurs reprises, longtemps, et sous diverses formes : longue traînée dans le ciel, rideau plus ou moins large, éventail tarabiscoté...

Evidemment, les admirer et les photographier demande de la patience et d'être bien couvert. Ma courte expérience prouve néanmoins que, pour les "chasseurs" d'aurores, le froid devient vite secondaire. Ces "lumières du nord" agissent comme de véritables aimants !

Gare cependant aux doigts glacés si on s'attarde pour les photos. S'équiper de mitaines peut ne pas être superflu...

Tromsø, capitale arctique

L'hiver, L'Express cotier avance dans un paysage enneigé, assez féérique (Photo Hurtigruten)
L'hiver, L'Express cotier avance dans un paysage enneigé, assez féérique (Photo Hurtigruten)
C'est de Bergen que part L'Express côtier Hurtigruten.

Bergen était jusqu'au XVIIe siècle un centre commercial important de la Ligue hanséatique, l'association des villes marchandes de l'Europe du Nord. De cette époque, il reste de jolies maisons en bois colorées sur le vieux quai.

A partir de Bergen, L'Express côtier remonte en sept jours jusqu'à Kirkenes, près de la frontière entre la Norvège et la Russie.

Bien sûr, le voyage à bord de l'Express côtier peut débuter dans une autre ville, à condition qu'elle soit desservie par un aéroport !

C'est d'ailleurs à Tromsø, la capitale arctique de la Norvège, que j'ai embarqué sur le MS Nordlys. Arriver à Tromsø, c'était presque une aventure. De l'aéroport Paris-Charles de Gaulle, un premier avion conduit en deux heures à Oslo. Après trois heures d'escale dans la capitale norvégienne, et un second vol d'un plus de deux heures, Tromsø est enfin à vous.

Il y a quelques années, j'avais découvert cette ville de 65 000 habitants sous le soleil claquant de l'été. Sous la neige, l'ambiance était tout autre.

Dans la nuit polaire de janvier, les éclairages abondants et colorés donnaient à cette cité toute enneigée un côté féérique ! Mais, il faisait franchement frisquet, surtout lorsque le vent se levait.

Pour se promener dans les rues, mieux valait bien se chausser. En effet, si certains trottoirs étaient dégagés, d'autres étaient couverts de glace pas toujours très bien gravillonnée...

Tromsø, l’une des villes les plus touristiques de Norvège

Jadis, Tromsø étais la capitale de l’industrie baleinière norvégienne. Aujourd'hui, le port reste actif mais Tromsø est devenue une ville étudiante vivante. Et aussi l’une des villes les plus touristiques de Norvège.

La rue principale, en grande partie piétonne, a pour nom rue Storgata. Elle est bordée par de nombreuses maisons typiques en bois colorées et par les vitrines de commerces et de bureaux d’excursions.

Avec la rue Storgata, le port est le secteur le plus charmant de la ville. C'est un passage quasiment obligé pour qui visite Tromsø. Voiliers et bateaux d’excursions y sont amarrés.

Tout autour, de vieux bâtiments en bois aux façades colorées se mélangent à des constructions plus modernes, à des hôtels comme le Clarion Collection Hotel With ou le Radisson. Et à de nombreux restaurants qui servent une cuisine traditionnelle à base de renne, de baleine, d'ombre-chevalier et autres poissons...

Non loin des quais s'élance le grand pont qui relie Tromsø (qui est une île) au continent. Comme il est assez haut, les bateaux de l'Express Côtier Hurtigruten peuvent passer en dessous. C'est ce pont qu'il faut emprunter pour visiter la "cathédrale arctique" qui est l'emblème de Tromsø... De couleur blanche, elle se voit de très loin.

En dépit de son surnom, c'est une simple église paroissiale protestante construite en 1965 de verre et de béton. Mais, elle est située au-dessus du cercle Arctique. La vraie cathédrale de Tromsø est, quant à elle, la seule cathédrale en bois de Norvège.

Tromsø se trouve au cœur du Finnmark. C'est la plus grande région de Norvège, la moins peuplée aussi : à peine 75 000 habitants (la Norvège en compte 5 millions d'habitants).

Sur le MS Nordlys rénové, de belles suites

Des cabines toutes simples et aussi des suites plus sophistiquées comme sur cette photo (@PB)
Des cabines toutes simples et aussi des suites plus sophistiquées comme sur cette photo (@PB)
Construit en 1994 en Allemagne, le Nordlys (son nom signifie justement "lumières du nord") est un bateau à taille humaine.

Long de 121,8 mètres et large de 19,2 mètres, il peut embarquer jusqu'à 623 passagers. Il a été entièrement rénové en 2019, juste avant le Covid.

Les cabines ont alors fait l'objet d'un sérieux "relooking" et de nouvelles catégories ont été ajoutées. Ainsi, sur le pont 6, plusieurs cabines ont été fusionnées pour créer des suites plus vastes, dotées de larges baies vitrées offrant une vue spectaculaire sur les paysages.

De taille variable, ces suites sont toutes décorées dans un style scandinave simple mais très élégant. Avec des couleurs sobres qui répondent au design du bateau où abondent le bois et le laiton.

Bien évidemment, si l'on opte pour une suite, le parcours de sept jours coûte plus cher : à partir de 5 377 € par personne en mars 2023 (4 668 € en janvier 2024) quand il est facturé à partir de 1 577€ par personne en mars 2023 (et 1 226€ en janvier 2024) pour une cabine simple.

Ces tarifs incluent la pension complète et les taxes portuaires, mais ni les trajets en avion, ni les excursions, ni bien sûr les dépenses personnelles.


LIRE AUSSI : Hurtigruten met le cap sur des navires zéro émissions

Complètement rénové lui aussi, le restaurant principal Torget, à l’arrière du navire, a été agrémenté de larges fenêtres pleine hauteur. Quant au restaurant à la carte Kysten, il propose des plats à base de produits locaux, notamment des fruits de mer fraîchement pêchés et ouvre également le midi.

Sur le pont 7, la salle de fitness a été agrandie, le sauna rénové et complété par deux bains bouillonnants extérieurs supplémentaires à l’arrière.

Sur le pont 4, deux nouvelles salles de conférences ont été ajoutées à côté de la réception et de la boutique. Enfin, le pont 7 héberge la pâtisserie Multe où il fait bon s'offrir, au retour des excursions, un gâteau et un café, un thé, une tisane bio ou un jus de fruits.

A l’avant, le bar panoramique et le salon des explorateurs permettent d'être aux premières loges pour observer les aurores boréales l'hiver, et le soleil de minuit l'été.

En raquettes sur les pentes du Ersfjord

Sur les pentes du Ersfjord, il avait neigé mais moins qu'autrefois (@PB)
Sur les pentes du Ersfjord, il avait neigé mais moins qu'autrefois (@PB)
Dans les villes où l'Express côtier fait escale quelques heures, les passagers peuvent descendre à quai pour se promener, seuls. Ils peuvent aussi s'offrir l'une des nombreuses excursions proposées par Hurtigruten.

Ainsi, à Tromsø, ceux qui ont opté pour une croisière de sept jours peuvent faire, par exemple, une sortie en raquettes, réservée au préalable (179 €).

Pour ma part, c'est avant de m'installer sur le MS Nordlys que j'ai testé cette sortie. Avec, bien sûr, des vêtements chauds et des chaussures adaptés à l'hiver.

Un mini-bus est venu chercher notre petit groupe pour le conduire sur les pentes enneigées du Ersfjord, non loin de la bourgade nommée Ersfjordbotn. Les quarante minutes de trajet ont été sans difficulté. Visiblement, les guides sont habitués à affronter les routes norvégiennes hivernales et les véhicules sont bien équipés.

Une fois à destination, il était temps de chausser les raquettes en plastique - les pointures nous avaient été demandées lors de l'inscription - et d'attraper les bâtons de marche, également fournis.

Il ne restait alors plus qu'à s'élancer dans la blancheur de l'hiver norvégien ! Au départ, le froid vif nous a un peu saisis mais après quelques mouvements de bras conseillés par les guides, nous avions plutôt trop chaud sous nos anoraks.

A droite comme à gauche, les blanches étendues buttaient sur des collines tout aussi blanches. S'il y avait de la neige partout, la couche n'était pourtant guère épaisse. A en croire les guides, il neige moins qu'autrefois.

Et si, à l'horizon, des bouquets d'arbres semblaient avoir toujours été là, Maury, notre guide, nous a vite détrompés. "Il y a 50 ans, a-t-il assuré, il n'y avait pas d'arbres, ici. Mais, depuis que le climat se réchauffe, ils ont commencé à pousser".

Et de parler d'hivers... "tièdes". Pourtant, ce matin-là, le thermomètre marquait quelques degrés en dessous de zéro...

La cathédrale arctique, toute blanche dans la nuit

Vue générale de Kirkenes, depuis une colline. Dans le port, le MS Nordlys (@PB)
Vue générale de Kirkenes, depuis une colline. Dans le port, le MS Nordlys (@PB)
Après une bonne heure de marche - toujours sans difficulté -, nous avons fini par butter sur une cabane en bois. Une ancienne cabane de chasseur.

C'est là que nous avons fait halte, le temps de boire une tisane chaude de baies arctiques, avant de rebrousser chemin vers Ersfjordbotn, blotti au bord des eaux glacées - mais non gelées - du fjord.

Déjà la lumière palissait. Les maisons colorées et bardées de bois du bourg étaient, pour la plupart, décorées de guirlandes allumées. Quelquefois avec des motifs fantaisie en forme de cœur par exemple.

L'arrêt dans un bistrot chaleureux a alors été bienvenu. C'était aussi l'occasion de discuter un peu plus avec notre guide, Maury, un Espagnol qui travaille depuis plusieurs années en Norvège. Il s'y trouve si bien qu'il n'a aucune envie de retourner chez lui.

Il était notre premier guide "étranger", il ne serait pas le dernier, tant s'en faut. Manifestement, les conditions de travail et de rémunération en Norvège sont un puissant aimant...

A notre arrivée sur le MS Nordlys, la nuit était déjà là. Une fois les valises posées à bord, il restait assez de temps avant l'appareillage pour traverser le grand pont qui mène à la fameuse cathédrale arctique, toute blanche dans la nuit. Une belle promenade.

Lorsqu'à notre retour, le bateau a quitté Tromsø, la "chasse aux aurores" a commencé, très vite. A la plus grande satisfaction des passagers qui, pour beaucoup, avaient choisi de faire ce voyage en hiver justement pour ces fameuses "northern lights"...

Sur la falaise du Cap Nord

Le monument du Cap Nord est juché sur une falaise de 307 mètres qui domine les océans Atlantique et Arctique (@PB)
Le monument du Cap Nord est juché sur une falaise de 307 mètres qui domine les océans Atlantique et Arctique (@PB)
Tôt le matin, le soleil s'est montré, laissant augurer une belle journée. Tandis que le bateau longeait paisiblement la côte norvégienne, une incroyable lumière dorée faisait resplendir la neige sur les collines alentour.

Dans la salle du petit déjeuner, des spécialités norvégiennes - saumon fumé, saumon cuit, rollmops, harengs accommodés avec diverses sauces, cornichons à l'aigre-doux - attendaient les amateurs.

Le petit-déjeuner pris, nous nous sommes très vite retrouvés sur le pont supérieur. Autant profiter du paysage, du beau temps et de la brise légère qui faisait flotter le drapeau norvégien à la poupe ! Dans l'un des deux jacuzzis installés à l'extérieur, sur le pont 6, un couple s'offrait même un bain bouillonnant relaxant.

En fin de matinée, le bateau est arrivé à Honningsvåg, un port situé sur la côte sud-est de l'île de Magerøya, toujours dans le comté de Finnmark. C'est la dernière ville avant le Cap Nord, qui se trouve au nord-ouest à plus de 22 km à vol d'oiseau.

Et justement, lors de cette escale, était proposée une excursion au Cap Nord (189€).

LIRE AUSSI : Hurtigruten Expeditions retourne en Antarctique avec deux navires

Là aussi, des bus ont traversé de superbes paysages enneigés de toundra (ce mot sami signifie « terre stérile » ), vierge de tout arbre - comme d'ailleurs l'ensemble de l'île -, avant d'arriver au Cap Nord, à 71° 10′ 21'' de latitude nord.

Réputé être le point le plus septentrional d'Europe, il voit affluer 200 000 personnes chaque année.

Une photo au North Cape Globe Monument

En réalité, le point le plus septentrional est Knivskjellodden, un cap situé à l'ouest du Cap Nord et 1 611 mètres plus au nord.

Comme il est d'une altitude moins élevée et d'une géographie bien moins majestueuse, le Cap Nord l'a détrôné. Il est vrai que ce dernier est juché sur une falaise de 307 mètres qui domine les océans Atlantique et Arctique. Et qu'il marque la limite entre la mer de Norvège, à l'ouest, et la mer de Barents, à l'est.

A la descente du bus, nous nous sommes tous dirigés vers le b[North Cape Globe Monument], un globe de métal ajouré juché sur un petit promontoire. Eté comme hiver, c'est quasiment un rituel de s'y photographier !

Sous cette latitude, les températures atteignent parfois -35°C en janvier. Mais, ce jour-là, le thermomètre était juste en-dessous de zéro.

Il était agréable de se promener sur le petit plateau, jusqu'à l'ensemble de sept médaillons de pierre incluant sept dessins d’enfants de sept nations différentes. Ils entourent la statue d'une mère qui tient son enfant près d’elle, la main gauche montrant le monument "Enfants du Monde" devant lui. Un symbole puissant de solidarité, paraît-il.

A l'intérieur du Nordkapphallen - le centre touristique et commercial aménagé en sous-sol -, des boutiques de souvenirs et des restaurants. Et aussi une intéressante exposition et un petit film sur l'histoire du Cap Nord, depuis sa découverte en 1553 par l'explorateur anglais Richard Chancelier, commandant du bateau Edward Bonaventura qui cherchait... le passage du Nord-Est vers le Nouveau Monde !

C'était aussi l'occasion d'apprendre que le prêtre italien Francesco Negri a, au XVIIe siècle, appelé ce site « la fin du monde connu ».

Par la suite, des visiteurs prestigieux - Louis-Philippe d'Orléans, futur roi des Français durant l'été 1795 puis, en 1873, le roi Oscar II de Suède et de Norvège et enfin en 1907, le roi de Thaïlande Chulalongkorn - ont contribué à le rendre célèbre.

Dans la galerie souterraine, une présentation des oiseaux - cormorans, fous de Bassan, macareux, etc. - qui peuplent les falaises environnantes complète fort à propos l'histoire de la découverte du Cap Nord. En effet, à quelques 40 kms de là, Gjesværstappan, un archipel escarpé et herbeux, abrite plus de deux millions d’oiseaux, et notamment l’une des plus grandes colonies de macareux au monde.

Au bout du souterrain, se cache le St. Johannes Kapell, la chapelle Saint-Jean : c'est la chapelle œcuménique la plus septentrionale du monde.

Après une petite heure et demie sur le site, le jour déclinait déjà. A notre retour sur le bateau, la nuit polaire l'enveloppait déjà. A suivi, très vite, les désormais rituelles cavalcades jusqu'au pont supérieur pour voir les aurores boréales. Et le dîner fait de spécialités norvégiennes.

A Kirkenes, le terminus

Michael, notre guide, était incollable sur la morphologie et l'histoire du crabe royal (@PB)
Michael, notre guide, était incollable sur la morphologie et l'histoire du crabe royal (@PB)
Le lendemain matin, une lumière blafarde nous attendait à Kirkenes.

Cette ville norvégienne de 3 500 habitants est la dernière avant la frontière avec la Russie, située à 60 km vers l'est en direction de Mourmansk, le principal port (russe) de la mer de Barents.

Elle est aussi le terminus de L'Express côtier qui, après une escale de quelques heures, rebrousse chemin vers Bergen.

Une partie des passagers reste cependant sur le bateau, les uns faisant l'aller-retour jusqu'à Bergen, l'ancienne capitale hanséatique, d'autres jusqu'à Tromsø, d'autres encore jusqu'à Trondheim où ils prendront l'avion du retour. Beaucoup d'options sont possibles...

Plutôt que de filer, comme beaucoup, vers l'aéroport, à notre descente du MS Nordlys, nous sommes restés une journée complète à Kirkenes. Cela laissait le temps de découvrir cette petite ville plutôt maussade, pour ne pas dire assez moche.

Elle a eu son heure gloire lorsqu'après 1906, des mines de fer ont commencé à y être exploitées. Par la suite, la réparation navale et l'ouverture de la frontière avec la Russie en avaient fait un port relativement prospère.

La guerre menée par la Russie en Ukraine depuis février 2022 - et les sanctions occidentales qui s'en sont suivies - a tout bouleversé. Car si la Norvège n'est pas membre de l'Union européenne, elle appartient à l'espace Schengen.

Plus question donc que les Russes aient des visas pour venir faire des achats dans les centres commerciaux, comme ils le faisaient, nombreux, auparavant !

Cette journée nous a permis d'expérimenter un petit échantillon de ce que peut offrir, l'hiver, Kirkenes : découverte des chiens de traîneaux et pour les amateurs, balade en traîneau ; découverte des rennes en train de manger du lichen - et de perdre leurs bois - dans un enclos.

Enfin, visite du Snow hotel, un vaste hôtel construit à l'aide de blocs de glace sous une épaisse couche de neige. A l'intérieur, de part et d'autre d'un long couloir éclairé de lumières bleues, roses et mauves, des chambres plus ou moins spacieuses où peuvent dormir les courageux prêts à braver le froid et l'humidité !

En réalité, beaucoup de visiteurs se contentent de découvrir le lieu avant de passer la nuit au chaud, par exemple dans les bungalows dotés de gros hublots accrochés à la pente toute proche.

Le "safari crabe royal" rallie plus facilement les suffrages, en dépit de son prix élevé (279€). Il s'agit en effet rien moins que d'aller pêcher son repas au milieu du fjord gelé, en compagnie des guides du Snow hotel.

Quasiment une expédition !

Balade en traineaux à chiens à Kirkenes (@PB)
Balade en traineaux à chiens à Kirkenes (@PB)
Il faisait presque nuit lorsque nous sommes partis à bord d'un traîneau tiré par une motoneige. Cependant, à l'horizon, une vive clarté orangée jetait encore une étrange lueur sur le paysage enneigé.

Dans le fjord, des trous avaient été percés dans la glace. La première étape a consisté à relever les casiers placés dans l'eau. A l'intérieur, grouillaient d'énormes "king crabes".

Michael, notre guide - un Allemand - a alors multiplié les explications sur la morphologie de ces crustacés et expliqué que seuls les mâles sont péchés : les femelles sont remises à l'eau "pour préserver la ressource".

De fait, la ressource ne semble pas menacée, bien au contraire, puisque ces énormes crabes prolifèrent. Désormais, ils descendent même vers les îles Lofoten où leur arrivée n'est pas vu d'un bon œil car ce sont de redoutables prédateurs.

Or, les Lofoten vivent encore largement de la pêche au cabillaud qui, séché, devient la morue dont raffolent notamment les Portugais.

En revanche, selon Michael, l'arrivée des crabes royaux a été accueillie avec enthousiasme à Kirkenes parce que la pêche y était déjà en déclin. Si, aujourd'hui, les opérateurs touristiques locaux se frottent les mains, qu'en sera-t-il demain ? Les crabes royaux qui n'ont pas de prédateurs, sont voraces et ils finiront par mettre en danger la biodiversité...

Après toutes ces explications, Mickael a invité les participants au safari à se photographier avec ces énormes bêtes. Puis, après les avoir tuées, il a coupé leurs pattes qui, seules, sont mangées.

Alors que nos pieds commençaient à être gelés, l'heure a sonné de revenir au restaurant près du Snow hotel où les pattes des crabes ont été cuites dans d'énormes marmites, avant d'être dégustées, accompagnées de mayonnaise. Et d'un verre de vin blanc. Délicieux.

Plus tard dans l'après-midi, nous avons filé vers l'hôtel que nous avions réservé, pour dîner, une fois encore, de spécialités locales -pavé de rennes, filets d'ombles-chevalier, etc.

Le lendemain matin, retour jusqu'à Paris. Quasiment une expédition ! Mais, ce voyage de retour se fait avec la lumière des "northern lights" encore dans les yeux...


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