Depuis de nombreuses années, IATA et la Distribution s'affrontent dans une guerre fratricide.
Alors que l'association ne cesse de resserrer l'Ă©tau sur les agences de voyages, en leur imposant des conditions de plus en plus strictes pour vendre les billets d'avion, elle vient d'ouvrir un nouvel Ă©pisode dans cette lutte Ă mort.
Nous avons appris de plusieurs sources la suspension au BSP de Bourse des Vols, l'entreprise créée et dirigée par Fabrice Dariot. L'information nous a été confirmée par des dirigeants du site Internet.
Une décision lourde de conséquences, puisque le business model de la plateforme est basé exclusivement sur la vente de billets d'avion.
"Nous sommes dans une situation très difficile face à une Association qui ne répond à aucune de nos demandes. Nous cherchons des solutions," nous explique une source interne, ayant préféré conserver l'anonymat.
En perdant son agrément, Bourse des Vols (BDV) ne peut plus émettre, ni proposer à ses clients les trajets des compagnies IATA.
85% de son business a été balayé d'un revers de la main.
Et c'est peu dire que les équipes de Fabrice Dariot se trouvent dans une situation épineuse, lestée d'une "rançon" de plusieurs millions d'euros exigée par IATA.
Alors que l'association ne cesse de resserrer l'Ă©tau sur les agences de voyages, en leur imposant des conditions de plus en plus strictes pour vendre les billets d'avion, elle vient d'ouvrir un nouvel Ă©pisode dans cette lutte Ă mort.
Nous avons appris de plusieurs sources la suspension au BSP de Bourse des Vols, l'entreprise créée et dirigée par Fabrice Dariot. L'information nous a été confirmée par des dirigeants du site Internet.
Une décision lourde de conséquences, puisque le business model de la plateforme est basé exclusivement sur la vente de billets d'avion.
"Nous sommes dans une situation très difficile face à une Association qui ne répond à aucune de nos demandes. Nous cherchons des solutions," nous explique une source interne, ayant préféré conserver l'anonymat.
En perdant son agrément, Bourse des Vols (BDV) ne peut plus émettre, ni proposer à ses clients les trajets des compagnies IATA.
85% de son business a été balayé d'un revers de la main.
Et c'est peu dire que les équipes de Fabrice Dariot se trouvent dans une situation épineuse, lestée d'une "rançon" de plusieurs millions d'euros exigée par IATA.
Bourse des Vols et IATA : quel est le problème ?
Le BSP (Billing and Settlement Plan) est une plateforme qui permet d'assurer et de réguler les transactions entre les compagnies aériennes et les agences de voyages.
Elle a surtout un rĂ´le de contrĂ´le financier sur les distributeurs.
Pour accéder au BSP, les agences de voyages doivent montrer patte blanche : outre un règlement tous les 15 jours, avec un plafond sur le montant des émissions, elles doivent répondre à des critères financiers utilisés pour l’analyse financière des agences accréditées IATA.
Courant juillet, Bourse des Vols a reçu une injonction de la part de l'instance aérienne, lui exigeant une contre-garantie, afin de pouvoir poursuivre son activité. Elle répond aussi à une hausse significative des émissions de billets.
"L'Association a demandé une garantie bancaire à première demande, chose qui ne nous a jamais été réclamée en 26 ans de contrat.
Nous avions un mois pour fournir la somme, avec une date limite s'arrêtant au 15 août 2023," poursuit cette même personne.
D'après nos informations, le représentant des compagnies aériennes a exigé 80% du chiffre d'affaires comptable de 2022, soit plusieurs millions d'euros.
Le taux est si élevé que les dirigeants ont d'abord cru à une faute de frappe. En effet, nous parlons d'une entreprise ayant réalisé, lors de son meilleur exercice, un volume d'affaires de 60 millions d'euros en 2017.
Si l'activité est revenue au niveau pré-pandémique, la société s'est alourdie en déplaçant le tas de sable accumulé durant le Covid, et la trésorerie n'est pas aussi flamboyante que par le passé.
Fournir quelques dizaines ou centaines de milliers d'euros n'aurait posé aucun problème, nous explique-t-on. Mais un tel montant exigé d'une PME qui se remet tout juste de la crise sanitaire, c'est un peu mission impossible.
La manœuvre ressemble plutôt à une mise à mort de la part de IATA.
Surtout que Fabrice Dariot n'a jamais mâché ses mots à l'encontre de l'association. L'organe de lobbying de l'aérien a-t-il souhaité "se faire" un distributeur ayant la parole trop libre ? On peut se poser la question...
L'explication officielle aurait un rapport avec les bilans de BDV. Mais ces derniers se seraient nettement redressés, nous dit-on, et les équipes se questionnent toujours sur le bien-fondé de cette requête.
"Ce n'est pas un acte isolé : des dossiers similaires existent, dans lesquels IATA s'est montrée particulièrement stricte avec des agences, sans raison, conduisant les distributeurs dans des situations très précaires," rapporte cette personne.
En attendant le temps semble compté pour Fabrice Dariot et ses équipes.
Elle a surtout un rĂ´le de contrĂ´le financier sur les distributeurs.
Pour accéder au BSP, les agences de voyages doivent montrer patte blanche : outre un règlement tous les 15 jours, avec un plafond sur le montant des émissions, elles doivent répondre à des critères financiers utilisés pour l’analyse financière des agences accréditées IATA.
Courant juillet, Bourse des Vols a reçu une injonction de la part de l'instance aérienne, lui exigeant une contre-garantie, afin de pouvoir poursuivre son activité. Elle répond aussi à une hausse significative des émissions de billets.
"L'Association a demandé une garantie bancaire à première demande, chose qui ne nous a jamais été réclamée en 26 ans de contrat.
Nous avions un mois pour fournir la somme, avec une date limite s'arrêtant au 15 août 2023," poursuit cette même personne.
D'après nos informations, le représentant des compagnies aériennes a exigé 80% du chiffre d'affaires comptable de 2022, soit plusieurs millions d'euros.
Le taux est si élevé que les dirigeants ont d'abord cru à une faute de frappe. En effet, nous parlons d'une entreprise ayant réalisé, lors de son meilleur exercice, un volume d'affaires de 60 millions d'euros en 2017.
Si l'activité est revenue au niveau pré-pandémique, la société s'est alourdie en déplaçant le tas de sable accumulé durant le Covid, et la trésorerie n'est pas aussi flamboyante que par le passé.
Fournir quelques dizaines ou centaines de milliers d'euros n'aurait posé aucun problème, nous explique-t-on. Mais un tel montant exigé d'une PME qui se remet tout juste de la crise sanitaire, c'est un peu mission impossible.
La manœuvre ressemble plutôt à une mise à mort de la part de IATA.
Surtout que Fabrice Dariot n'a jamais mâché ses mots à l'encontre de l'association. L'organe de lobbying de l'aérien a-t-il souhaité "se faire" un distributeur ayant la parole trop libre ? On peut se poser la question...
L'explication officielle aurait un rapport avec les bilans de BDV. Mais ces derniers se seraient nettement redressés, nous dit-on, et les équipes se questionnent toujours sur le bien-fondé de cette requête.
"Ce n'est pas un acte isolé : des dossiers similaires existent, dans lesquels IATA s'est montrée particulièrement stricte avec des agences, sans raison, conduisant les distributeurs dans des situations très précaires," rapporte cette personne.
En attendant le temps semble compté pour Fabrice Dariot et ses équipes.
Bourse des Vols a assigné IATA en référé !
"Nous avons frappé à toutes les portes afin d'apporter cette garantie et résoudre ce problème administratif. Une telle somme ne se délivre pas d'un claquement de doigts.
Nous avons aussi réclamé un délai supplémentaire pour la fournir. On nous a fait patienter, puis le 16 août 2023, nous ne pouvions plus émettre de billets," déplore notre interlocuteur.
De quoi assécher considérablement l'activité de l'OTA. Les revenus se limitent donc à la vente des seuls billets des compagnies low cost, soit 15% de ses volumes habituels.
Pour autant, Bourse des Vols ne se laisse pas intimider. "Cette décision a créé un contentieux. Nous avons assigné IATA en référé. La rupture brutale du contrat serait manifestement illicite dans le droit français, selon notre avocat.
L'instance nous a fourni des résolutions pour justifier cette suspension, des résolutions que nous n'avons jamais signées," poursuit cette source interne.
Pour BDV, le laps de temps aurait été trop court, l'agence invoque l’article L442-1 du Code de commerce.. Ce dernier sanctionne la rupture brutale d'une relation commerciale établie.
Alors que le Tribunal de Nanterre doit examiner la demande de l'agence de voyages, IATA reste mutique, y compris aux sollicitations de rendez-vous.
Pour l'équipe de Bourse des Vols, la surprise a laissé place à l'incompréhension et la peur.
Pour eux le malentendu ne devait durer que quelques jours et les grandes compagnies régulières feraient leur retour sur le site. Ils pensaient alors que le problème était essentiellement d'ordre administratif.
Nous avons aussi réclamé un délai supplémentaire pour la fournir. On nous a fait patienter, puis le 16 août 2023, nous ne pouvions plus émettre de billets," déplore notre interlocuteur.
De quoi assécher considérablement l'activité de l'OTA. Les revenus se limitent donc à la vente des seuls billets des compagnies low cost, soit 15% de ses volumes habituels.
Pour autant, Bourse des Vols ne se laisse pas intimider. "Cette décision a créé un contentieux. Nous avons assigné IATA en référé. La rupture brutale du contrat serait manifestement illicite dans le droit français, selon notre avocat.
L'instance nous a fourni des résolutions pour justifier cette suspension, des résolutions que nous n'avons jamais signées," poursuit cette source interne.
Pour BDV, le laps de temps aurait été trop court, l'agence invoque l’article L442-1 du Code de commerce.. Ce dernier sanctionne la rupture brutale d'une relation commerciale établie.
Alors que le Tribunal de Nanterre doit examiner la demande de l'agence de voyages, IATA reste mutique, y compris aux sollicitations de rendez-vous.
Pour l'équipe de Bourse des Vols, la surprise a laissé place à l'incompréhension et la peur.
Pour eux le malentendu ne devait durer que quelques jours et les grandes compagnies régulières feraient leur retour sur le site. Ils pensaient alors que le problème était essentiellement d'ordre administratif.
IATA exige en caution 80% du chiffre d'affaires de Bourse des Vols
"Tous les patrons de compagnies que nous connaissons nous ont dit qu'il ne fallait pas s'inquiéter. IATA est un peu psychorigide, mais une solution allait vite être trouvée. Sauf que, même en les assignant, nous n'avons aucune nouvelle," se désole le salarié.
Et si l'Association des transporteurs joue la montre, le temps judiciaire risque de jouer en la défaveur de Bourse des Vols.
Le référé peut prendre au moins un mois et demi, sans oublier les appels et autres contestations. La procédure pourrait s'éterniser. Les mois se transformeront en années et l'entreprise ne sera jamais en mesure de faire face.
Dans une bataille démesurée, Fabrice Dariot ne veut pas être jusqu'au-boutiste, sous peine d'emporter avec lui son bébé.
"Nous n'avons d'autre choix que de trouver une solution, car nous ne pouvons vivre éternellement qu'en vendant que des billets de low cost. Sur ce type de montant, nous sommes obligés de bénéficier d'un partenariat bancaire ou de la caution d'une entreprise et ce n'est pas si facile,".
Des discussions avec des banques, mais aussi avec des investisseurs ont été entamées. Déjà en 2019, une banque d'affaires avait été mandatée pour trouver des partenaires financiers, en vain.
Les dirigeants de l'entreprise ne peuvent plus se permettre de perdre du temps, sous peine d'hypothéquer l'avenir de la société.
Il n'est pas (encore) question d'endosser la posture d'un chevalier blanc pour faire reculer IATA, en créant une jurisprudence, mais le combat peut, à terme, devenir celui de toute une corporation.
"Nous faisons face à une entité étrangère qui réduit le chiffre d'affaires d'une société à peau de chagrin, sans aucune contradiction possible, sans aucun dialogue, c'est excessivement brutal, conclut notre source.
Il est rare de voir des relations commerciales aussi déséquilibrées avec une organisation ayant droit de vie ou de mort sur une profession.
A lire : Michel de Blust (Ectaa) : "Indirectement, IATA va se passer des agences de voyages"
Une chose est sûre, le rapport de force ne joue pas vraiment en faveur de Bourse des Vols : une entreprise de 30 salariés contre IATA qui représente 240 compagnies aériennes et 84% du trafic mondial.
Dans l'histoire, le petit terrasse le géant... mais ça c'était avant !
Et si l'Association des transporteurs joue la montre, le temps judiciaire risque de jouer en la défaveur de Bourse des Vols.
Le référé peut prendre au moins un mois et demi, sans oublier les appels et autres contestations. La procédure pourrait s'éterniser. Les mois se transformeront en années et l'entreprise ne sera jamais en mesure de faire face.
Dans une bataille démesurée, Fabrice Dariot ne veut pas être jusqu'au-boutiste, sous peine d'emporter avec lui son bébé.
"Nous n'avons d'autre choix que de trouver une solution, car nous ne pouvons vivre éternellement qu'en vendant que des billets de low cost. Sur ce type de montant, nous sommes obligés de bénéficier d'un partenariat bancaire ou de la caution d'une entreprise et ce n'est pas si facile,".
Des discussions avec des banques, mais aussi avec des investisseurs ont été entamées. Déjà en 2019, une banque d'affaires avait été mandatée pour trouver des partenaires financiers, en vain.
Les dirigeants de l'entreprise ne peuvent plus se permettre de perdre du temps, sous peine d'hypothéquer l'avenir de la société.
Il n'est pas (encore) question d'endosser la posture d'un chevalier blanc pour faire reculer IATA, en créant une jurisprudence, mais le combat peut, à terme, devenir celui de toute une corporation.
"Nous faisons face à une entité étrangère qui réduit le chiffre d'affaires d'une société à peau de chagrin, sans aucune contradiction possible, sans aucun dialogue, c'est excessivement brutal, conclut notre source.
Il est rare de voir des relations commerciales aussi déséquilibrées avec une organisation ayant droit de vie ou de mort sur une profession.
A lire : Michel de Blust (Ectaa) : "Indirectement, IATA va se passer des agences de voyages"
Une chose est sûre, le rapport de force ne joue pas vraiment en faveur de Bourse des Vols : une entreprise de 30 salariés contre IATA qui représente 240 compagnies aériennes et 84% du trafic mondial.
Dans l'histoire, le petit terrasse le géant... mais ça c'était avant !