En 2023, le monde de l'aérien tournait définitivement la page de la crise sanitaire.
Non seulement les avions faisaient le plein, mais les prix des billets s'envolaient aussi. Le secteur voyait enfin les courbes s'inverser dans les bilans comptables et les marqueurs rouges, repasser au vert.
Ce redressement spectaculaire a généré des résultats records, pour Air France-KLM, Air Caraïbes et même chez la Compagnie.
Le spécialiste de la classe affaires "était pour la première fois bénéficiaire en 2024," comme le rapportait mon confrère. Christophe Hardin.
L'année 2023 n'a pas été historique partout, d'autant que le continent asiatique était toujours à la peine. Hélas, tout le monde n'en a pas ressenti, tant s'en faut, les bienfaits.
C'est le cas de Corsair qui fait état dans un communiqué d'un exercice 2022/2023 avec un résultat négatif de 37 millions d’euros.]i"
Non seulement les avions faisaient le plein, mais les prix des billets s'envolaient aussi. Le secteur voyait enfin les courbes s'inverser dans les bilans comptables et les marqueurs rouges, repasser au vert.
Ce redressement spectaculaire a généré des résultats records, pour Air France-KLM, Air Caraïbes et même chez la Compagnie.
Le spécialiste de la classe affaires "était pour la première fois bénéficiaire en 2024," comme le rapportait mon confrère. Christophe Hardin.
L'année 2023 n'a pas été historique partout, d'autant que le continent asiatique était toujours à la peine. Hélas, tout le monde n'en a pas ressenti, tant s'en faut, les bienfaits.
C'est le cas de Corsair qui fait état dans un communiqué d'un exercice 2022/2023 avec un résultat négatif de 37 millions d’euros.]i"
Corsair : pourquoi encore un mauvais exercice ?
Un bilan encore déficitaire qui peut interpeller dans un contexte d'insouciance pour le tourisme.
D'autant que les voyageurs ont dépensé sans compter les prix des billets entre la métropole et les Outre-mer ayant bondi de 47,7% par rapport à ceux pratiqués en 2017. malgré un cours du baril]urlblank:https://www.insee.fr/fr/statistiques/serie/010002077 relativement stable.
Ce dernier a oscillé entre 74,8 dollars et 93,5 dollars, très éloigné de son pic atteint en 2022 (plus de 120 dollars).
Un pétrole cher largement compensé par une politique tarifaire à la hausse.
A ce tableau économique, notons qu'Air France, un temps positionné en force dans les Antilles, pour faire tourner ses avions et ses pilotes en manque de destinations long-courriers, avait réduit la voilure.
A lire : Outre-mer : Corsair et Air Caraïbes vent debout contre... Air France
Cette baisse de la pression capacitaire avait permis à Air Caraïbes de réaliser un résultat d'exploitation autour de 50 millions d'euros, le meilleur de son histoire, selon nos informations.
Pour Corsair ce sera, une nouvelle fois, un bilan dans le rouge. L'explication est à chercher du côté du contexte géopolitique, mais pas seulement.
L'exercice a été "grandement impacté par la guerre en Ukraine et l’inflation subséquente."
Un résultat, malgré tout en forte progression par rapport à l’exercice 2021/2022 (-114 millions d'euros) qui "s’explique par une amélioration conséquente de la performance commerciale de la compagnie (hausse du nombre de passagers transportés (+19% versus 21/22) et du chiffre d’affaires (+ 40% versus 21/22)."
D'autant que les voyageurs ont dépensé sans compter les prix des billets entre la métropole et les Outre-mer ayant bondi de 47,7% par rapport à ceux pratiqués en 2017. malgré un cours du baril]urlblank:https://www.insee.fr/fr/statistiques/serie/010002077 relativement stable.
Ce dernier a oscillé entre 74,8 dollars et 93,5 dollars, très éloigné de son pic atteint en 2022 (plus de 120 dollars).
Un pétrole cher largement compensé par une politique tarifaire à la hausse.
A ce tableau économique, notons qu'Air France, un temps positionné en force dans les Antilles, pour faire tourner ses avions et ses pilotes en manque de destinations long-courriers, avait réduit la voilure.
A lire : Outre-mer : Corsair et Air Caraïbes vent debout contre... Air France
Cette baisse de la pression capacitaire avait permis à Air Caraïbes de réaliser un résultat d'exploitation autour de 50 millions d'euros, le meilleur de son histoire, selon nos informations.
Pour Corsair ce sera, une nouvelle fois, un bilan dans le rouge. L'explication est à chercher du côté du contexte géopolitique, mais pas seulement.
L'exercice a été "grandement impacté par la guerre en Ukraine et l’inflation subséquente."
Un résultat, malgré tout en forte progression par rapport à l’exercice 2021/2022 (-114 millions d'euros) qui "s’explique par une amélioration conséquente de la performance commerciale de la compagnie (hausse du nombre de passagers transportés (+19% versus 21/22) et du chiffre d’affaires (+ 40% versus 21/22)."
Corsair : une stratégie de conquête au détriment des comptes ?
Comment expliquer ce décalage ? Cette perte plus importante que celle prévue par la direction et le commissaire aux comptes ?
Dans son rapport publié en juillet 2023, le cabinet Deloitte avait tablé sur un atterrissage négatif de l'ordre de -22,8 millions d'euros.
Un trou qui réside aussi dans une politique tarifaire résolument agressive, avec des tarifs réduits de l'ordre de 15 à 20%, selon les segments, visant à reprendre des parts de marché.
Celle-ci s'était d'ailleurs atténuée à la fin de l'année dernière pour reprendre ensuite au cours de l'année 2024.
"Nous avons eu une bonne politique de pénétration du marché, avec un bon prix moyen coupon. Nous avons certainement pris des parts de marché à nos concurrents.
De plus, nous avons développé nos lignes en Afrique, un développement très pertinent pour nous, puisque nous sommes seuls sur Bamako. Nous avons aussi des lignes de niche," nous expliquait, le PDG de Corsair.
Cette stratégie de conquête a permis à la compagnie de faire un bond en avant, en atomisant son précédent record de chiffre d'affaires, passant de 470 millions à 643 millions d'euros.
Sauf que vendre à des prix qui ne reflètent pas ses charges peut s'avérer problématique. D'autant que pour une entreprise mal en point et dans l'optique du plan de restructuration et du passage du dossier à Bruxelles, le transporteur avait décidé de rehausser ses prix.
"Nous sommes sur une trajectoire très dynamique au niveau des réservations, avec un premier trimestre 2023/2024 (d'octobre à décembre 2023, ndlr) toujours en forte hausse, de l'ordre de + 21% par rapport à 2022 et surtout de +71% par rapport au dernier trimestre pré-covid.
C'est plutôt encourageant d'autant plus que le prix moyen est en bonne progression," nous expliquait Pascal de Izaguirre.
En tout, le report à nouveau, le cumul des pertes enregistrées au cours des exercices précédents, devrait donc s'élever à plus de 280 millions.
Un montant colossal, malgré les aides durant la crise sanitaire, les reports de charges et l'appareil apporté par l'ancien actionnaire, lors du rachat de la compagnie, en décembre 2020.
Cette situation a entraîné des mesures.
Dans son rapport publié en juillet 2023, le cabinet Deloitte avait tablé sur un atterrissage négatif de l'ordre de -22,8 millions d'euros.
Un trou qui réside aussi dans une politique tarifaire résolument agressive, avec des tarifs réduits de l'ordre de 15 à 20%, selon les segments, visant à reprendre des parts de marché.
Celle-ci s'était d'ailleurs atténuée à la fin de l'année dernière pour reprendre ensuite au cours de l'année 2024.
"Nous avons eu une bonne politique de pénétration du marché, avec un bon prix moyen coupon. Nous avons certainement pris des parts de marché à nos concurrents.
De plus, nous avons développé nos lignes en Afrique, un développement très pertinent pour nous, puisque nous sommes seuls sur Bamako. Nous avons aussi des lignes de niche," nous expliquait, le PDG de Corsair.
Cette stratégie de conquête a permis à la compagnie de faire un bond en avant, en atomisant son précédent record de chiffre d'affaires, passant de 470 millions à 643 millions d'euros.
Sauf que vendre à des prix qui ne reflètent pas ses charges peut s'avérer problématique. D'autant que pour une entreprise mal en point et dans l'optique du plan de restructuration et du passage du dossier à Bruxelles, le transporteur avait décidé de rehausser ses prix.
"Nous sommes sur une trajectoire très dynamique au niveau des réservations, avec un premier trimestre 2023/2024 (d'octobre à décembre 2023, ndlr) toujours en forte hausse, de l'ordre de + 21% par rapport à 2022 et surtout de +71% par rapport au dernier trimestre pré-covid.
C'est plutôt encourageant d'autant plus que le prix moyen est en bonne progression," nous expliquait Pascal de Izaguirre.
En tout, le report à nouveau, le cumul des pertes enregistrées au cours des exercices précédents, devrait donc s'élever à plus de 280 millions.
Un montant colossal, malgré les aides durant la crise sanitaire, les reports de charges et l'appareil apporté par l'ancien actionnaire, lors du rachat de la compagnie, en décembre 2020.
Cette situation a entraîné des mesures.
Corsair : un bénéfice de 5 à 10 millions en 2024
Dernièrement, le staff a fait évoluer sa position sur la politique tarifaire des billets affinitaires et ethniques pour restreindre ses stocks et pouvoir faire jouer le yield management sur ces clientèles.
En outre, un remaniement est en cours dans différents bureaux du siège.
A la suite du départ Julien Houdebine, le responsable commercial, Martine Haas a perdu quelques prérogatives. Le directeur technique et celui au programme seraient aussi sur le départ.
Un changement de cap qui s'explique par les mauvais résultats et la volonté de la direction de montrer patte blanche à Bruxelles.
Les deux derniers bilans publiés sur injonction du tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre, suite à une action d'Air Caraïbes, interrogent les observateurs du ciel français.
"Je note que la compagnie maintient, à marchés égaux, un écart de résultat financier quasiment constant.
Ainsi, quand les compagnies concurrentes se redressent, Corsair affiche - 114 millions. En 2024 alors que tout le monde affiche des records, elle affiche -37 millions d'euros.Normalement il serait envisageable d'atteindre un équilibre dès cette année.
Globalement ces ratios signifient que Corsair a un problème de coût, un problème de modèle, ou les deux," analyse un observateur de l'aérien.
Pour remédier à ces problématiques, le PDG nous a expliqué dans une récente interview avoir fait le nécessaire. La flotte sera intégralement renouvelée d'ici quelques mois, permettant des économies d'échelle.
Au niveau social, les équipes ont fait l'objet d'un PSE, d'une rupture conventionnelle collective, d'externalisations et les 134 accords collectifs ont été revus.
En outre, un remaniement est en cours dans différents bureaux du siège.
A la suite du départ Julien Houdebine, le responsable commercial, Martine Haas a perdu quelques prérogatives. Le directeur technique et celui au programme seraient aussi sur le départ.
Un changement de cap qui s'explique par les mauvais résultats et la volonté de la direction de montrer patte blanche à Bruxelles.
Les deux derniers bilans publiés sur injonction du tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre, suite à une action d'Air Caraïbes, interrogent les observateurs du ciel français.
"Je note que la compagnie maintient, à marchés égaux, un écart de résultat financier quasiment constant.
Ainsi, quand les compagnies concurrentes se redressent, Corsair affiche - 114 millions. En 2024 alors que tout le monde affiche des records, elle affiche -37 millions d'euros.Normalement il serait envisageable d'atteindre un équilibre dès cette année.
Globalement ces ratios signifient que Corsair a un problème de coût, un problème de modèle, ou les deux," analyse un observateur de l'aérien.
Pour remédier à ces problématiques, le PDG nous a expliqué dans une récente interview avoir fait le nécessaire. La flotte sera intégralement renouvelée d'ici quelques mois, permettant des économies d'échelle.
Au niveau social, les équipes ont fait l'objet d'un PSE, d'une rupture conventionnelle collective, d'externalisations et les 134 accords collectifs ont été revus.
Corsair : Un modèle à revoir ?
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Une source interne souhaite calmer le jeu et invoque le retour d'un éventuel bénéfice. Le communiqué de presse avançait "un retour à l’équilibre voire un résultat positif."
Il nous est indiqué que le Directoire attend toujours un bénéfice compris entre 5 et 10 millions d'euros pour 2024.
"Nous recevons nos 2 derniers avions cette année. Nous sommes prêts pour faire décoller une nouvelle Corsair.
L'objectif 2025 est d'atteindre un résultat d'exploitation compris entre 20 et 25 millions d'euros,". Cette Corsair revue et corrigée espère l'abandon de 103 millions et 44 millions de crédits d’impôt, d'après la proposition faite par le Gouvernement à la Commission européenne.
Nul ne doute, en interne, que la réponse sera positive, bien que les fonctionnaires européens aient eu la main lourde sur les griefs.
Pascal de Izaguirre et les actionnaires espèrent une réponse de l'Europe d'ici septembre. En attendant, la compagnie a fêté l'intégration de son nouvel A330 Neo qui desservira la Côte d'Ivoire.
"Ces avions sont équipés de 352 sièges, quand Air Caraïbes propose une flotte de presque 500 sièges, donc plus d'une centaine de sièges d'écart.
Nous sommes sur des lignes où la tension tarifaire commence à se faire ressentir, les usagers exprimant un certain ras-le-bol. Le problème qui risque de se poser est celui du coût de production du siège qui ne lui sera pas favorable," poursuit notre observateur.
Malgré tout cette analyse ne trouve pas d'écho auprès d'un ancien dirigeant de l'aérien.
Pour lui, disposer d'un plus gros avion permet certes de faire des économies d'échelle sur un vol, mais la compagnie se retrouve aussi face à la difficulté de remplir ce type d'engin en basse saison. Match nul, balle au centre.
L'avenir nous dira si les choix des uns et des autres ont été les bons, puis si l'Europe entrevoit un avenir à une compagnie ayant accumulé des pertes importantes.
Enfin, dans ce climat financier incertain, compte tenu des prochaines législatives, quelles seront les arbitrages des futurs pouvoirs publics ? Réponse dans 15 petits jours.
Il nous est indiqué que le Directoire attend toujours un bénéfice compris entre 5 et 10 millions d'euros pour 2024.
"Nous recevons nos 2 derniers avions cette année. Nous sommes prêts pour faire décoller une nouvelle Corsair.
L'objectif 2025 est d'atteindre un résultat d'exploitation compris entre 20 et 25 millions d'euros,". Cette Corsair revue et corrigée espère l'abandon de 103 millions et 44 millions de crédits d’impôt, d'après la proposition faite par le Gouvernement à la Commission européenne.
Nul ne doute, en interne, que la réponse sera positive, bien que les fonctionnaires européens aient eu la main lourde sur les griefs.
Pascal de Izaguirre et les actionnaires espèrent une réponse de l'Europe d'ici septembre. En attendant, la compagnie a fêté l'intégration de son nouvel A330 Neo qui desservira la Côte d'Ivoire.
"Ces avions sont équipés de 352 sièges, quand Air Caraïbes propose une flotte de presque 500 sièges, donc plus d'une centaine de sièges d'écart.
Nous sommes sur des lignes où la tension tarifaire commence à se faire ressentir, les usagers exprimant un certain ras-le-bol. Le problème qui risque de se poser est celui du coût de production du siège qui ne lui sera pas favorable," poursuit notre observateur.
Malgré tout cette analyse ne trouve pas d'écho auprès d'un ancien dirigeant de l'aérien.
Pour lui, disposer d'un plus gros avion permet certes de faire des économies d'échelle sur un vol, mais la compagnie se retrouve aussi face à la difficulté de remplir ce type d'engin en basse saison. Match nul, balle au centre.
L'avenir nous dira si les choix des uns et des autres ont été les bons, puis si l'Europe entrevoit un avenir à une compagnie ayant accumulé des pertes importantes.
Enfin, dans ce climat financier incertain, compte tenu des prochaines législatives, quelles seront les arbitrages des futurs pouvoirs publics ? Réponse dans 15 petits jours.