Nos bureaux sont fermés du 21/12 au 05/01. Retour de la newsletter quotidienne le 06/01/2025. Passez de bonnes fêtes !
TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone
TourMaG.com, 1e TourMaG.com, 1e

Nos bureaux sont fermés du 21/12 au 05/01. Retour de la newsletter quotidienne le 06/01/2025.
Passez de bonnes fĂŞtes !

logo TourMaG  




Fréquentation : France-Espagne, le match "nul"... 🔑

L'humeur de Jean PINARD (alias John Wine)


Chaque semaine retrouvez l'humeur de Jean Pinard. Il est connu pour ses coups de gueule, et ses prises de position sans langue de bois. TourMaG lui donne la parole et pour ce premier volet, le Président de la société de conseils Futourism revient sur le match France - Espagne !


Rédigé par le Vendredi 13 Septembre 2024

Match France - Espagne : est il vraiment pertinent de comparer les performances touristiques des deux pays ? Deposiphotos.com Auteur Alexis84
Match France - Espagne : est il vraiment pertinent de comparer les performances touristiques des deux pays ? Deposiphotos.com Auteur Alexis84
Olivia Grégoire n’avait pas encore terminé sa conférence de presse de rentrée, que déjà les fines gâchettes de l’analyse low cost, dégainaient leur stylo pour nous rappeler qu’on pouvait dire ce qu’on voulait sur les performances touristiques de la France, l’Espagne faisait bien mieux.

Cette comparaison avec l’Espagne c’est une obsession qui date, et qui revient chaque fois qu’un ministre s’aventure à commenter (trop) positivement les chiffres de la saison estivale.

Bon en même temps c’est un peu leur job les ministres et les élus d’enjoliver les données de fréquentation de leur territoire, mais plutôt que de se réjouir d’un été plutôt réussi grâce à la bonne tenue des clientèles étrangères, non il fallait dire que l’objectif des 100 millions de visiteurs enfin tenu, ne présentait finalement que très peu d’intérêt, puisque ces visiteurs consomment beaucoup moins qu’en Espagne, devenue LE modèle de référence du tourisme contemporain.


La France, un nain touristique ?

Pour se lancer dans cette démonstration qui consiste à nous prouver que la France est un nain touristique, nous avons un réservoir sans fond d’analystes autoproclamés dont l’objectif premier consistera à dénoncer les contres performances de l’économie touristique française en utilisant toujours la même technique : produire de la statistique en valeur relative (%).

Pour y arriver, il s’agit donc de comparer le PIB du tourisme français, revu d’ailleurs par l’INSEE à 3% alors que tout le monde continue de faire la confusion avec la consommation intérieure touristique, avec le PIB du … Montenegro qui est évidemment bien supérieur à celui de la France. Est-ce que la comparaison vaut raison, évidemment que non.

Dans les critères récurrents qui vont étayer la démonstration, on a aussi le fameux rapport qualité/prix, jugé, je cite, « dégueulasse » par Emmanuel Le Chypre en ce début d’été.

Ce dernier qui, dans la même tribune est donc capable de dire que ce rapport est dégueulasse, mais que la France ne sait pas vendre à sa juste valeur la qualité de son offre, et que nous serions bien inspirés d’augmenter nos prix (sic).

Si en l’état le rapport qualité / prix est mauvais et qu’en plus on augmente encore les prix, il va falloir trouver un qualificatif plus fort que « dégueulasse ».

Qu'est ce que l'Espagne a de plus que la France ?

Et puis quand on manque d’arguments, il reste les classiques comme les classements réalisés sur des « intentions et des désirs de destination », en clair sur des requêtes google. On touche le fond !

Bref on connait l’histoire, si tu veux tuer ton chien…

Mais alors l’Espagne qu’est-ce qu’elle a de plus que nous finalement ? La liste est longue, mais au jeu des 7 différences retenons celles-ci :

- Un positionnement géographique plus méridional que la France qui lui permet d’attirer beaucoup de touristes en hiver

- Un ensoleillement largement supérieur qui nous rappelle que l’Espagne nous pulvérise aussi dans la production d’oranges, de tomates et de Gaspacho.

- Une offre beaucoup plus conséquente sur le littoral méditerranéen, entièrement urbanisé de la Frontière française à l’Andalousie

- Une offre dans laquelle les hôtels et les hôtels clubs prennent une place très importante par rapport au littoral français

- Une tradition d’accueil des touristes d’Europe du Nord, en particulier en hiver

- Une fréquentation et un nombre de nuitées beaucoup moins porté par la clientèle domestique contrairement à la France

- And the last but not least, l’Espagne c’est aussi deux îles, les Baléares et les Canaries qui sont 1ere et 3eme au classement des régions les plus touristiques d’Europe, et pour les Canaries, rappeler cette dernière pèse à elle seule 20% du total des nuitées espagnoles, et 15% du total des clientèles étrangères accueillies en France.

Ça calme un peu !

Monter en gamme : est ce vraiment la bonne stratégie ?

Un fois qu’on a dit ça, quel est l’intérêt de se comparer ?

Dans une récente tribune dans les Échos, un professeur de la Sorbonne, pensait que pour rattraper son retard face à l’Espagne « il suffisait pour la France de faire monter en gamme la qualité de notre offre ».

Rien de bien nouveau sous le soleil espagnol, mais cette remarque prouve à quel point comparer sans prendre en considération tous les facteurs de performances n’a que très peu d’intérêt.

Oui on peut tout améliorer, à commencer par la qualité de notre offre de service, mais alors que pour la seconde année consécutive on constate un tassement de la consommation de la clientèle domestique pour des raisons de pouvoir d’achat, il semble évident que monter en gamme et monter en prix, aura surtout comme conséquence de faire baisser la fréquentation des Français.

Analyser la performance touristique d’un pays sur le seul critère de la consommation des clientèles étrangères n’a que très peu d’intérêt surtout dans un pays comme la France où les deux tiers de l’économie touristique nationale reposent sur la consommation de la clientèle domestique.

C’est un peu comme si on reprochait à Peugeot de ne pas vendre assez chère ses voitures en comparaison avec les Allemands qui en exportent beaucoup plus.

Sauf que Peugeot vend surtout des voitures à des Français ! C’est ce qui s’appelle adapter son offre à son marché.

Match France - Espagne : quid du poids du tourisme domestique ?

Donc dans le cas du match France -Espagne, si tous les conseillers oublient de prendre en considération le poids du tourisme domestique dans les deux pays, alors oui toutes ces comparaisons sont fantaisistes.

En France la consommation domestique pèse pour 62% dans les 188 Milliards dans le chiffre d’affaires du tourisme français.

En Espagne cette consommation dépasse à peine les 50%. Mais en additionnant les deux, et bien les deux pays sont très proches l’un de l’autre, en attendant les résultats 2024.

Après chacun appréciera le modèle espagnol à l’heure où la population dénonce justement ce modèle auquel personne n’a pensé à fixer de limites.

L’aéroport de Palma accueille jusqu’à 1000 vols par jour en été, c’est autant que Londres, mais bien moins que tous les aéroports de Corse réunis. Chacun son modèle.

Toutes ces analyses à deux balles, n’apportent donc pas grand-chose au débat. La seule analyse qui s’impose en cette fin d’été 2024, s’il s’agit d’évaluer la performance du tourisme français à l’aune de la clientèle étrangère, c’est de réjouir de cette progression constante qui devrait donc nous permettre d’atteindre (enfin) les fameux 100 millions de visiteurs étrangers, et de se féliciter de la performance des entreprises françaises qui ont adapté leur offre et leurs services pour garantir la meilleure expérience à nos visiteurs.

Et tant qu’à se réjouir, et bien félicitons aussi les équipes d’Atout France et son ex-directrice Caroline Leboucher, dont la stratégie semble avoir été payante.

Jean Pinard - Mini Bio

Jean Pinard - DR
Jean Pinard - DR
Président de la société de conseils Futourism :

Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.

Lu 1950 fois

Tags : jean pinard
Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus









































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias