Quand je regarde les vacanciers du VVF de mon village, je vois des gens qui ne se connaissaient pas mais qui se parlent, jouent à la pétanque et au ping-pong ensemble, partagent une bière locale avec les habitants du village/ crédit Depositphotos.com
La semaine dernière, deux spécialistes de la société françaises, Jérôme Fourquet et Jean Viard débattaient sur les antennes de France Inter sur le sujet de l’archipelisation de la France, et de l’inexorable progression de l’individualisme.
« Nous sommes dans une société d'individus », concluaient-ils, non sans avoir rappelé que (...) l'autonomisation de l'individu a participé à la déconstruction des grands collectifs d'appartenance ».
En écoutant cette interview croisée en podcast depuis mon bureau dans mon petit village d’Auvergne, je regardais en même temps juste en dessous de chez moi, les vacanciers du VVF, qui disputaient une partie de pétanque dans une bonne humeur non feinte.
Je me suis dit, « mais pourquoi les acteurs du tourisme, ne font pas valoir leur capacité à (re) construire du lien social, à prouver le temps des vacances peut et doit être un temps reconstruction sociale, un temps de régénération, un temps reconquête de bien-être collectif.
Plutôt que de passer notre temps à rappeler à chaque prise de parole que le tourisme c’est beaucoup d’emplois et beaucoup de consommation, pourquoi s’il s’agit d’attirer plus de crédits publics en faveur du tourisme, ne pas jouer la carte d’une « économie de mission », dont un des objectifs serait de lutter contre l’individualisme, le communautarisme et le repli sur soi.
« Nous sommes dans une société d'individus », concluaient-ils, non sans avoir rappelé que (...) l'autonomisation de l'individu a participé à la déconstruction des grands collectifs d'appartenance ».
En écoutant cette interview croisée en podcast depuis mon bureau dans mon petit village d’Auvergne, je regardais en même temps juste en dessous de chez moi, les vacanciers du VVF, qui disputaient une partie de pétanque dans une bonne humeur non feinte.
Je me suis dit, « mais pourquoi les acteurs du tourisme, ne font pas valoir leur capacité à (re) construire du lien social, à prouver le temps des vacances peut et doit être un temps reconstruction sociale, un temps de régénération, un temps reconquête de bien-être collectif.
Plutôt que de passer notre temps à rappeler à chaque prise de parole que le tourisme c’est beaucoup d’emplois et beaucoup de consommation, pourquoi s’il s’agit d’attirer plus de crédits publics en faveur du tourisme, ne pas jouer la carte d’une « économie de mission », dont un des objectifs serait de lutter contre l’individualisme, le communautarisme et le repli sur soi.
Récréer du lien social ? Je crains que l'IA ne soit pas le bon outil...
Quand je regarde les vacanciers du VVF de mon village, je vois des gens qui ne se connaissaient pas mais qui se parlent, jouent à la pétanque et au ping-pong ensemble, partagent une bière locale avec les habitants du village.
Et c’est partout la même chose dans tous les villages, toutes les stations touristiques de France.
Si nous voulons plus de reconnaissance pour notre secteur, démontrons son utilité sociale plutôt que je justifier son poids économique.
Démontrons que le temps des vacances fait du bien, qu’il ressource, qu’il socialise, et que c’est ce dont notre société a besoin si on veut éviter sa balkanisation.
Je suis l’actualité de la filière tourisme avec intérêt et curiosité, et j’observe que cet automne, TOUS les évènements professionnels, et il y en a eu un paquet, ont préféré traiter du potentiel de l’intelligence artificielle dans le tourisme, que du potentiel de ce secteur à reconstruire du lien social et du collectif…. Et je trouve ça assez triste.
Si j’ai bien compris tout ce que j’ai lu sur l’IA, je retiens que son potentiel est surtout d’ordre marketing, puisque l’IA devrait favoriser l’hyper personnalisation, et donc proposer des idées de voyages, de vacances et de loisirs qui tiendront compte de ce qu’on aime.
Je comprends bien que ce qui est artificiel dans cette intelligence c’est sa capacité supersonique à synthétiser toutes les infos produites en amont, pour te les proposer en une demie seconde, en prenant soin de ne garder que ce qui correspond à tes préférences de consommation ou de type de vacances.
Et c’est partout la même chose dans tous les villages, toutes les stations touristiques de France.
Si nous voulons plus de reconnaissance pour notre secteur, démontrons son utilité sociale plutôt que je justifier son poids économique.
Démontrons que le temps des vacances fait du bien, qu’il ressource, qu’il socialise, et que c’est ce dont notre société a besoin si on veut éviter sa balkanisation.
Je suis l’actualité de la filière tourisme avec intérêt et curiosité, et j’observe que cet automne, TOUS les évènements professionnels, et il y en a eu un paquet, ont préféré traiter du potentiel de l’intelligence artificielle dans le tourisme, que du potentiel de ce secteur à reconstruire du lien social et du collectif…. Et je trouve ça assez triste.
Si j’ai bien compris tout ce que j’ai lu sur l’IA, je retiens que son potentiel est surtout d’ordre marketing, puisque l’IA devrait favoriser l’hyper personnalisation, et donc proposer des idées de voyages, de vacances et de loisirs qui tiendront compte de ce qu’on aime.
Je comprends bien que ce qui est artificiel dans cette intelligence c’est sa capacité supersonique à synthétiser toutes les infos produites en amont, pour te les proposer en une demie seconde, en prenant soin de ne garder que ce qui correspond à tes préférences de consommation ou de type de vacances.
IA : je cherche encore à appréhender « sa finalité »...
Pour re créer du lien social, j’ai bien peur que l’IA ne soit pas le bon outil, et j’ai plutôt l’impression que l’IA est un miroir sur soi-même, qui aura pour objet de ne nous faire croiser que les gens qui nous ressemblent, exactement comme les algorithmes des réseaux sociaux ne nous font voir que les posts de notre supposé communauté.
En ce sens je crains que l’IA nous enferme plus qu’elle nous rende curieux ou qu’elle anéantisse le hasard d’une rencontre qui fait le sel du voyage.
Sur le fond c’est évident que l’IA va nous faire gagner du temps dans nos missions d’informations et la mise en œuvre de nos stratégies marketing et après ?
La robotisation dans l’industrie, la mécanisation dans l’agriculture avait un objectif principal, qui était celui d’améliorer de produire plus et plus vite.
On sait qui a fait les frais de cette recherche de productivité, mais dans le cas du tourisme, si j’ai bien compris « les fonctionnalités » de l’IA, je cherche encore à appréhender « sa finalité ».
En ce sens j’avoue avoir du mal à comprendre la fascination des organismes institutionnels à organiser des dizaines de colloques sur ce sujet, sachant que l’IA pour ce qui concerne les OGD, jouera un rôle de compilation, de collationnement, de proposition fine, mais certainement pas de création ni de choix de valeur.
En ce sens je crains que l’IA nous enferme plus qu’elle nous rende curieux ou qu’elle anéantisse le hasard d’une rencontre qui fait le sel du voyage.
Sur le fond c’est évident que l’IA va nous faire gagner du temps dans nos missions d’informations et la mise en œuvre de nos stratégies marketing et après ?
La robotisation dans l’industrie, la mécanisation dans l’agriculture avait un objectif principal, qui était celui d’améliorer de produire plus et plus vite.
On sait qui a fait les frais de cette recherche de productivité, mais dans le cas du tourisme, si j’ai bien compris « les fonctionnalités » de l’IA, je cherche encore à appréhender « sa finalité ».
En ce sens j’avoue avoir du mal à comprendre la fascination des organismes institutionnels à organiser des dizaines de colloques sur ce sujet, sachant que l’IA pour ce qui concerne les OGD, jouera un rôle de compilation, de collationnement, de proposition fine, mais certainement pas de création ni de choix de valeur.
Le bouche à oreille plus fort que l'IA ?
Et c’est là où je reste perplexe, parce qu’il me semble que les OGD auraient tout à gagner à travailler cette création de valeur, à accompagner la création de lien social par plus d’évènements et de d’offres, à travailler aux côtés de leur collectivité de tutelle.
Ils pourraient mettre en place des solutions pour favoriser l’émergence de nouvelles marketplaces destinées à identifier des offres (ou des besoins) de proximités qui passent inaperçues auprès des habitants…
Sur ce dernier point, dans le village juste à côté du mien, des aménagements ont permis de monter en toute sécurité sur les ruines d’un vieux château du 13eme siècles, avec une vue incroyable.
Depuis la fin des travaux, il y a 2 mois, il y a un monde fou, et pourtant cette nouvelle offre touristique n’a toujours pas été recensée par l’Office de tourisme (sic). Quand je demande à Open AI, si la visite de ce château a de l’intérêt, bien naturellement il sèche, (re sic).
Mais quand je demande aux gens que je croise aux abords de ce château, curiosité professionnelle oblige, comment ils ont eu connaissance de cette offre, c’est par bouche à oreille.
C'est aussi le bouche à oreille qui arrive en tête dans toutes les enquêtes que je peux faire pour apprécier la principale source d’info à l’origine d’un séjour, ou de vacances.
Je ne sais pas si l’IA s’est donnée pour vocation de remplacer le bouche à oreille, je ne doute pas ni de son potentiel ni de ses performances en matière d’information, mais surtout de stratégie marketing, il me reste toujours la même question : la finalité.
Sur 100 français, 40 ne partent pas en vacances, entre 20 et 25 annoncent qu’ils partent chaque année chez les parents et amis ou dans la résidence secondaire familiale, entre 15 et 20 annoncent qu’ils ne changent jamais de destination.
Ils pourraient mettre en place des solutions pour favoriser l’émergence de nouvelles marketplaces destinées à identifier des offres (ou des besoins) de proximités qui passent inaperçues auprès des habitants…
Sur ce dernier point, dans le village juste à côté du mien, des aménagements ont permis de monter en toute sécurité sur les ruines d’un vieux château du 13eme siècles, avec une vue incroyable.
Depuis la fin des travaux, il y a 2 mois, il y a un monde fou, et pourtant cette nouvelle offre touristique n’a toujours pas été recensée par l’Office de tourisme (sic). Quand je demande à Open AI, si la visite de ce château a de l’intérêt, bien naturellement il sèche, (re sic).
Mais quand je demande aux gens que je croise aux abords de ce château, curiosité professionnelle oblige, comment ils ont eu connaissance de cette offre, c’est par bouche à oreille.
C'est aussi le bouche à oreille qui arrive en tête dans toutes les enquêtes que je peux faire pour apprécier la principale source d’info à l’origine d’un séjour, ou de vacances.
Je ne sais pas si l’IA s’est donnée pour vocation de remplacer le bouche à oreille, je ne doute pas ni de son potentiel ni de ses performances en matière d’information, mais surtout de stratégie marketing, il me reste toujours la même question : la finalité.
Sur 100 français, 40 ne partent pas en vacances, entre 20 et 25 annoncent qu’ils partent chaque année chez les parents et amis ou dans la résidence secondaire familiale, entre 15 et 20 annoncent qu’ils ne changent jamais de destination.
Pourquoi les acteurs du tourisme se concurrencent-ils ?
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Il reste grosso modo un peu de 20% de français qui seraient susceptibles de vraiment choisir leur destination de vacances. Tout ça pour ça !
Et pourtant on en dépense des sous pour organiser la concurrence entre destinations, la régie de la RATP peut en témoigner, car souvent la stratégie marketing n’a pas d’autre ambition que l’affichage dans le métro.
A lire aussi : Fiscalité tourisme : cherchons des poux et des sous à ceux qui en profitent... 🔑
Je n’ai jamais compris pourquoi les acteurs du tourisme dépensaient plus pour se concurrencer, que pour faire progresser la part de marché des vacances et du tourisme dans le temps libre.
Quand Jérôme Fourquet dit que la messe dominicale a été remplacée par la virée chez Ikea, -même si la plupart des Ikea sont fermés le dimanche-, ça devrait nous interpeller, nous titiller, nous encourager à organiser des temps de travail pour se questionner sur la stratégie à adopter pour améliorer les parts de marchés du tourisme dans le temps libre.
Mais cela devrait servir surtout à construire un véritable plaidoyer en faveur des vacances qui aideront à (re) faire société, à (re) créer des collectifs d’appartenance, à re construire des temps de sociabilisation.
Ne laissons pas l’IA nous construire des horizons chimériques, les réseaux sociaux s’en sont déjà chargés !
Et pourtant on en dépense des sous pour organiser la concurrence entre destinations, la régie de la RATP peut en témoigner, car souvent la stratégie marketing n’a pas d’autre ambition que l’affichage dans le métro.
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Je n’ai jamais compris pourquoi les acteurs du tourisme dépensaient plus pour se concurrencer, que pour faire progresser la part de marché des vacances et du tourisme dans le temps libre.
Quand Jérôme Fourquet dit que la messe dominicale a été remplacée par la virée chez Ikea, -même si la plupart des Ikea sont fermés le dimanche-, ça devrait nous interpeller, nous titiller, nous encourager à organiser des temps de travail pour se questionner sur la stratégie à adopter pour améliorer les parts de marchés du tourisme dans le temps libre.
Mais cela devrait servir surtout à construire un véritable plaidoyer en faveur des vacances qui aideront à (re) faire société, à (re) créer des collectifs d’appartenance, à re construire des temps de sociabilisation.
Ne laissons pas l’IA nous construire des horizons chimériques, les réseaux sociaux s’en sont déjà chargés !
Jean Pinard - Mini Bio
Président de la société de conseils Futourism :
Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.
Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.